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48. La refonte du verre opacifié à l'état solide paraît être d'autant plus difficile, que le degré d'opacification a été porté plus loin, soit par la durée, soit par l'élévation de la température convenable à la production de ce phénomène. De là vient que les verres à bouteilles ordinaires qui avant d'être opacifiés sont presque toujours (1). moins fusibles que les autres espèces, deviennent si difficiles à fondre lorsqu'ils ont subi le plus haut degré d'opacification, que quelques personnes les ont regardés comme infusibles; ce qui n'a pas peu contribué à les faire considérer comme dévitrifiés.

49. Bosc d'Antic, entre autres, est tombé dans cette erreur au sujet du verre et du laitier convertis en porcelaine de Réaumur (2).

50. J'ai exposé à plusieurs reprises, dans des fours à porcelaine et à terre anglaise à diverses températures, depuis 60 jusqu'à 110° et au-delà, soit des verres à bouteilles ordinaires et à

(1) Ce rapport entre les degrés de fusibilité des différentes pièces de verre n'a rien de général. Certains verres à bouteilles sont autant ou même plus fusibles que certains verres à vitres.

(2) « Il est aisé, dit-il ( tom. 1, p. 177), de construire » un fourneau sur cintres avec ces briques (de laitier )..... » de tenir simplement rouge-cerise l'intérieur de ce four»neau pendant dix jours, et ensuite de lui faire subir sans » crainte le feu le plus violent. . . . . . Le laitier s'est con>> verti en porcelaine de verre la plus réfractaire, la plus ca>>pable que je connaisse de résister à l'action du feu le plus » violent et le plus long-tems continué. Et plus loin (p. 242), » le verre ne devient réellement le plus fixe et le moins des»tructible des métaux que par sa conversion en porcelaine; » mais dans cet état, il n'est plus verre, il a perdu sa fusibi»lité, sa transparence, son élasticité, etc. ».

vitres, soit des laitiers, et je les ai portés à ce degré d'opacification qu'on peut appeler l'état pierreux; les ayant ensuite repassés dans les fours à porcelaine à des températures plus élevées, telles que d'environ 100 à 140°, selon que les espèces étaient plus ou moins réfractaires, aucune n'a résisté à la fusion. Seulement les laitiers ont fondu à une température moins élevée que les verres à vitres, et ceux-ci, à leur tour, ont fondu à une température plus faible que les verres à bouteilles ordinaires, qui même après avoir été complétement liquefiés, n'ont jamais repris complétement leur transparence : phénomène qui n'arrive pas dans la refonte du verre à bouteilles de la charbonnière ci-dessus citée (30), et qui sera discuté dans la seconde partie de ce Mémoire.

51. Ramenés à l'état vitreux, les verres à vitres et à bouteilles retiennent souvent en suspension de petits solides opaques de formes plus ou moins régulières, auxquels on a donné le nom de cristallites. Je distingue deux espèces de celles-ci, les unes ne sont que le reste de celles dont la réunion constituait l'état pierreux qui a précédé la fusion, et semblent provenir de certaines substances, qui étant surabondantes dans le composé, rentrent plus difficilement en dissolution que celles qui ne s'y trouvent qu'en proportion convenable; les autres sont formées par des substances absolument étrangères au composé, et qui lui ont été fournies par les briques, les creusets ou diverses causes accidentelles qui se présentent fréquemment dans la fabrication.

Les premières sont d'autant plus abondantes,

que

que la température à laquelle s'est opérée la refonte a été plus basse. Si on refond à des températures différentes plusieurs masses 'du même verre opacifié, on obtiendra beaucoup de cristallites dans celui qui n'aura pas subi un degré de feu suffisant; il n'en restera aucune dans celui dont la refonte sera complète.

Il en sera de même des secondes, à moins que les substances étrangères qui les ont produites ne soient trop abondantes ou trop peu solubles.

On conçoit qu'une grande vitrescibilité opérant le même effet pour la dissolution vitreuse qu'une haute température, les verres dont la composition est très-vitrescible doivent offrir moins de cristallites que ceux dont la composition est réfractaire. Aussi les verres à glaces et à gobletterie qui sont plus fusibles que ceux à vitres et à bouteilles ordinaires étant refondus aux mêmes températures que ces derniers, n'offrent point de cristallites à moins de circonstances particulières.

52. Une masse de verre contenant des cristallites de la première espèce étant donnée, si on la repasse à une température supérieure à celle qu'elle avait précédemment subie, ces cristallites disparaîtront d'autant plus complétement que la nouvelle température sera plus élevée; il en sera de même si on ajoute une suffisante quantité de fondant, ce qui est identique. Une masse de verre limpide étant donnée, si on y ajoute seulement des substances soit absolument étrangères, soit seulement surabondantes, c'est-à-dire qui, quoique de même nature que celles que forme le composé, ex

Volume 30,

cèdent les proportions convenables, la dissolution sera incomplète, il se formera des cristallites de la seconde espèce.

Pour démontrer ces deux proportions, j'ai pris du verre à vitres opacifié et non opacifié; j'y ai ajouté diverses substances, et je l'ai soumis à diverses températures ainsi qu'il suit : 26. Expérience. Températures ascendante et

A 80°. A 100°.

A 120°.

descendante.

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Ces résultats prouvent, savoir: les quatre premiers, que la présence des cristallites de la première espèce tient à ce que la dissolution

vitreuse est plus ou moins établie dans le verre opacifié par l'influence de la température et du fondant. Les six derniers, que les cristallites de la seconde espèce sont plus ou moins nombreuses dans un verre, selon que les substances étrangères y sont plus ou moins abondantes, et plus ou moins solubles. Il est tout simple que la forme des unes et des autres varie selon la nature des substances auxquelles elles sont dues (1).

53. On connaît les belles cristallites annoncées il y a quelques années par M. Pajot-desCharmes, et dont M. d'Artigues fait mention dans son Mémoire ci-dessus cité. Quelques personnes les ont regardées comme un exemple de la disposition du verre à cristalliser. Sans rien préjuger sur la question de savoir si le verre est cristallisable, il suffit d'observer les cristallites avec quelque soin, et de réfléchir sur leur origine, pour demeurer convaincu qu'elles ne forment pas un véritable verre. Elles sont plus ou moins vitrescibles à la vérité, mais toujours plus ou moins éloignées de l'état vitreux, lors même qu'elles ne sont pas étrangères au verre dans lequel elles sont seulement suspendues; elles ne peuvent devenir parties constituantes de ce verre, qu'autant que les circonstances qui concourent à la vitrification les ramènent à l'état vitreux; autrement dit, elles ne peuvent devenir véritablement verre qu'en cessant d'être cristallites.

54. Avant d'avoir éprouvé que le verre de

(1) Le même verre ne cristallise pas toujours de la même manière à différentes températures.

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