Page images
PDF
EPUB

naturalistes Danois, Pierre Askanius (1), et Daniel Tilas (2), savans Suédois d'un mérite distingué, ont publié des descriptions du Taberg. Le Mémoire du dernier contient plusieurs excellentes observations. Mais comment peut-on attendre des éclaircissemens géognostiques exacts à l'époque où vivaient ces savans? C'est, après eux, M. Napioni, minéralogiste de l'école Wernerienne, qui a visité le Taberg. Mais sa description, accompagnée d'une note de son grand Maître (3), ne pouvait non plus soulever entièrement le voile qui couvre la nature du gisement de cette masse problématique de fer. Napioni est porté à la considérer comme plus récente que toutes les montagnes de la contrée environnante. Werner est de la même opinion, et regarde le Taberg comme une masse de trapp imprégnée de mines de fer, contemporaine des montagnes trappéennes de la Westgothlande qui en sont voisines, et qui appartiennent, selon lui, à la formation la plus récente.

Le chemin de Jönköping au Taberg, suit au commencement la route de Barnarp, quitte alors celle-ci, et conduit à gauche, dans une vallée

(1) An account of a mountain of iron ore at Taberg in Schweden. Transl. from the latin by Em. Mend, da Costa. Philosoph. Transact. 1755, pag. 30. (Note de l'Auteur.)

(2) Tabergs Jarnmalms-Berg, etc. Beskrifvit i september Mânad, 1757. Vetensk. Acad. Hardlingar, 1760, pag. 14. Dans la traduction allemande, pag. 15. (Note de l'Auteur.)

(3) La Lettre sur le Taberg de Napioni à Werner, dans le nouveau Journal des Mines de Freiberg II. (1789), 2, pag. 12. (Note de l'Auteur).

étroite souvent courbée, arrosée par un ruisseau, et il se dirige après du pied du Taberg jusqu'à la vallée de Jönköping. Les montagnes qui environnent cette vallée n'offrent pas des pentes fort escarpées; elles sont couvertes de bouleaux et de pins, et en quelques endroits elles sont cultivées. Leur roche est un gneiss grossièrement fibreux, semblable à celui des montagnes qui avoisinent la ville de Jönköping. Après que le chemin a suivi quelque tems cette vallée, il la quitte, monte sur une pente de montagne, et conduit alors à un plateau couvert d'un petit lac et d'une forêt touffue de conifères. Le Taberg se montre ici le premier aux regards, et il se présente comme une montagne étendue et isolée, élevant sa cime avec majesté sur toutes les autres montagnes limitrophes. Escarpé, et nu à la gauche, il forme, à la droite, une pente douce, où il est couvert de forêts. Il présente un angle rentrant au milieu. Après un quart-d'heure de route, on arrive à la vallée formée par le pied oriental du Taberg, et par une autre montagne moins haute située. vis-à-vis de celui-ci. Dans cette vallée, qui est arrosée par le ruisseau appelé le Mansarpa, on trouve le haut fourneau septentrional avec les habitations des ouvriers de la mine et de l'usine. Cet endroit porte le nom du ruisseau; tout-à-coup la masse de la mine de fer du Taberg s'élève avec sa direction générale du N. N. O. au S. S. E. La plus grande hauteur au côté du S. S. O. est de 400 pieds suédois selon les mesures de Pierre Eloins, et de 420 pieds, d'après l'estimation de Tilas. C'est ici où l'intérieur de la montagne est découvert par une

[ocr errors]

paroi du rocher presque tout-à-fait vertical, qui forme e même-tems le commencement de la pente orientale; elle est dépourvue de plantes, et à son pied on trouve des blocs immenses roulés du haut du rocher. Les autres pentes sont moins escarpées et couvertes de forêts de pins; le sommet forme une plaine inclinée vers le N. N. O., qui cependant n'est pas sans interruption. De là se développe une petite vallée étroite à son pied, qui, de loin, fait paraître le sommet comme s'il avait deux cimes. Des pelouses et des bois de pins recouvrent son plateau.

La pente escarpée méridionale de la montagne contient une masse presque solide de fer magnétique, fer oxydulé d'Haiy, magneteisenstein. W.: en la regardant un peu de loin, on n'y observe point de structure déterminable; les fentes et les crevasses semblent se croiser dans toute la masse suivant des directions les plus différentes ; mais quand on monte du côté méridional, on voit bientôt que la roche a une texture dominante qui se dirige vers douze et jusqu'à une heure, et qui s'incline vers l'Ouest sous un angle de 70° à 80°. Les fissures qui produisent cette texture, sont tra-. versées par plusieurs autres secondaires entre lesquelles les principales se dirigent de sept à huit heures, et penchent vers le S. O. sous un angle de 70° à 80°. Les morceaux de roches ou les pièces séparées et formées par ces fissures, ont la puissance d'un pied à plusieurs

toises.

Le fer magnétique du Taberg appartient à la variété compacte à cassure inégale; mais il

montre une nature très-différente à mesure qu'il est plus ou moins mélangé d'autres substances minérales. Il est très-rare qu'il se trouve tout-à-fait pur dans des filons isolés; presque partout il est intimement pénétré d'amphibole et de feldspath. Ce mélange lui donne un aspect propre, qui le fait distinguer au premier coup d'œil du fer magnétique qu'on retire des autres gîtes de la Suède, lui fait perdre une partie de son éclat, et lui donne une nuance brunâtre d'autant plus forte, que la pierre a été plus long-tems exposée à l'action de l'air.

Le feldspath se sépare quelquefois de ce mélange sous forme cristalline, et donne à laroche un caractère porphyritique. Les cristaux defeldspath sont grands, et il n'est pas rare que plusieurs se réunissent par taches ou par nids. Le feldspath est de la variété commune; mais il est bien distingué par sa couleur gris de fumée passant au brun de girofle.

:

Des filons à gangues de chaux carbonatée spathique blanche, kalkspath, et de chaux carbonatée magnésifère, bitterspath, traversent la masse du Taberg dans des directions très-différentes; ils varient d'une puissance presque incommensurable jusqu'à celle de plusieurs pouces ils sont pour l'ordinaire bien distinctement séparés des roches qui forment leurs parois; les plus puissans même le sont par une saalbande de serpentine commune de couleur vert-poireau foncé et vert- noirâtre. Cette substance minérale alterne quelquefois dans les filons avec des couches de chaux carbonatée spathique et de chaux carbonatée magnésifère; outre cela, les derniers filons ren

ferment de tems en tems des couches d'une substance remarquable, laquelle est connue en Suède sous le nom de gronjard, et que j'ai nommée pikrolithe (1). D'après mon analyse, les parties constituantes sont de la magnésie carbonatée en combinaison avec la silice, et un peu d'oxyde de fer (2); elle offre une texture concentrique et fibreuse à fibres minces et peu déterminables, et deux différentes espèces de pièces séparées, l'une testacée et conique, l'autre testacée et ondulée, passant à la texture testacée, dite en fortification, festungsartig schalig; elle est d'une couleur verte de poireau sale, qui tire au vert de montagne ; à l'intérieur elle est brillante et soyeuse, et elle reçoit un éclat de cire par le frottement des doigts : elle est transparente sur les bords; sa raclure est blanche, elle est très-tenace et demi-dure. Ses séparations

(1) Voyez les Ephémérides des Mines, par le Baron de Moll, 4 vol., 3 livraison, pag. 401, et l'Annuaire minéralogique, par C. C. Leonhard, troisième année pag. 140 et 141. (Note de l'Auteur.)

[ocr errors]

M. Hausmann a proposé le nom de pikrolithe, ce qui signifie pierre de talc, pour le distinguer du talc terreux. (Note du Traducteur.)

(2) D'après cette analyse, il me semble que le pikrolithe doit être réuni à l'espèce de la magnésie carbonatée d'Hauy. Voyez le Tableau comparatif des résultats de la Cristallographie et de l'Analyse chimique, pag. 16 et 144.

[ocr errors]

Traité au chalumeau, le pikrolithe change sa couleur verte en blanc et reste infusible. Il se dissout lentement mais presque tout-à-fait dans l'acide sulfurique, avec un dégagement de gaz carbonique. La solution mise à cristalliser, donne du sulfate de magnésie. (Note du Traducteur.)

« PreviousContinue »