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Ce gaz est un composé des gaz oxymuriatique et oxygène, mêlé avec un peu de gaz oxymuriatique. Ceci est prouvé par les résidus de sa détonation spontanée; dans cette opération, il abandonne depuis jusqu'à de son volume de gaz oxygène ; il perd sa couleur brillante devient gaz oxymuriatique ordinaire.

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et

J'essayai de me procurer ce gaz détonant dans son état de pureté, en appliquant la chaleur à la solution de ce gaz dans l'eau ; mais dans ce cas-là, il y eut une décomposition partielle ; du gaz oxygène fut dégagé conjointement avec du gaz oxymuriatique. Trouvant que dans les cas où je l'obtenais très-pur, il n'avait presque pas d'action sur le mercure, j'essayai de séparer le gaz oxymuriatique avec lequel il est mêlé, en l'agitant dans un tube avec ce métal; il y eut formation de calomel, et j'obtins un fluide élastique, qui était presque entièrement absorbé par le quart de son volume d'eau.

Ce gaz, lorsqu'il est pur, est si aisément décomposé, qu'il est dangereux d'opérer sur des quantités trop considérables. Dans une suite d'expériences sur ce gaz, une jarre de verre

ques, avait souvent observé des explosions en transvasant sur le mercure du gaz oxymuriatique, provenant de l'hyperoxymuriate de potasse; il était porté à attribuer ce phénomène à la combustion de la pellicule de mercure qui se trouvait en contact avec une partie du gaz. J'essayai à plusieurs reprises de produire le même effet, mais sans succès; je réussis enfin en employant pour la préparation du gaz un acide si faible, que l'aide de la chaleur était indispensable. Témoin du fait, je fus convaincu que cette explosion était le résultat de la décomposition du gaz.

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épais, contenant 40 pouces cubes, détona dans mes mains avec production de lumière et une forte explosion ; le verre fut brisé, et les fragmens furent lancés à une grande distance.

- J'analysai une portion de ce gaz, en le faisant détoner dans un tube recourbé, au moyen de la chaleur d'une lampe à l'esprit-de-vin; le gaz oxymuriatique formé fut absorbé par l'eau, et le gaz nitreux indiqua que l'oxygène était pur: 50 parties du gaz détonant prirent en se: décomposant un volume égal à 60 parties. L'oxygène qui resta après l'absorption du gaz oxymuriatique, montait à 20 parties: plusieurs autres expériences donnèrent des résultats semblables; en sorte que l'on peut conclure que ce gaz consiste en deux parties, en volume, de gaz oxymuriatique, et une d'oxygène, et que l'oxygène dans ce gaz est condensé de la moitié de son volume; circonstances conformes à la théorie des proportions finies, ainsi qu'aux lois de la combinaison des fluides gazeux ; lois développées, d'une manière si savante par M. Gay-Lussac.

J'ai fait voir dans une autre occasion, que les nombres qui représentent les proportions. dans lesquelles les gaz oxygène et oxymuriatique se combinent, peuvent être, par approximation, 7,5 et 32,9: ce nouveau gaz composé dont il est question, contient des proportions à peu près semblables (1)..

(1) Dans les Transactions Philosophiques de 1810, pag. 245, j'ai dit que la pesanteur du gaz oxymuriatique était de 74 à 75 grains pour 100 pouces cubes de gaz, Le. gaz que je pesai alors, était recueilli sur l'eau et obtenu par

L'odeur du gaz détonant, lorsqu'il est pur, ressemble à celle du sucre brûlé, mêlée de celle du gaz oxymuriatique. L'eau paraît en prendre huit à dix fois son volume; mais cette expérience fut faite sur le mercure, ce qui peut occasionner une erreur, quoique ce métal ne paraisse pas agir sur ce gaz: l'eau prit une teinte approchant celle de l'orange.

Quand on faisait détoner ce gaz avec deux fois son volume d'hydrogène, il y avait une absorption de plus d'un tiers, et il se formait une solution d'acide muriatique. Si le gaz détonant était en excès, l'oxygène était toujours chassé; fait qui démontre que l'hydrogène a une plus grande affinité pour le gaz oxymuriatique que pour le gaz oxygène.

J'ai déjà dit que le mercure n'avait point d'action sur ce gaz dans son état le plus pur à la température ordinaire. Le cuivre et l'antimoine, qui brûlent si aisément dans le gaz oxymuriatique, n'eurent aucune action sur le gaz détonant à froid; lorsqu'on introduisait ces métaux dans ce gaz, après les avoir chauffés, le gaz était instantanément décomposé, son

l'hyperoxymuriate de potasse ; à cette époque, jec royais que ce fluide élastique ne différerait de celui obtenu par le manganèse, que par un plus grand degré de pureté. Probablement il contenait un peu du nouveau gaz; car j'ai trouvé que la pesanteur spécifique du gaz oxymuriatique pur obtenu par le manganèse et l'acide muriatique, est à celle de l'air commun 244: 100. En admettant cette estimation, la pesanteur spécifique du nouveau gaz sera environ 238, et le nombre représentant la proportion dans laquelle le gaz oxymuriatique se combine, se trouvera un peu plus élevé que celui que j'ai donné ci-dessus.

oxygène était mis en liberté, et les métaux brûlaient dans le gaz oxymuriatique.

Quand on introduisit du soufre dans ce gaz, il n'y eut d'abord aucune action; mais bientôt après une explosion eut lieu, et l'odeur particulière de l'oxymuriate de soufre se fit sentir.

Le phosphore produisit une brillante explosion, lorsqu'on le mit en contact avec le gaz à froid, et il y eut production d'acide phosphorique et d'oxymuriate solide de phosphore.

L'arsenic introduit dans le gaz ne s'enflamma pas; on fit détoner le gaz, alors le métal brûla, avec un grand éclat, dans le gaz oxymuriatique.

Un fil de fer ne brûla pas dans le gaz jusqu'à ce qu'on produisît une détonation par la chaleur; alors il brûla dans le gaz décomposé avec une lumière brillante.

Le charbon ardent introduit dans ce gaz produisit un brillant éclair de lumière, puis brûla avec une chaleur rouge obscure; ce phénomène était sans doute dû à l'action de l'oxygène mêlé au gaz oxymuriatique.

Mêlé avec du gaz nitreux, il y eut production d'épaisses vapeurs rouges et diminution de volume.

Si l'on mêlait ce gaz au gaz acide muriatique, il y avait une diminution graduelle de volume. Par l'application de la chaleur, l'absorption était rapide, le gaz oxymuriatique était formé, et il y avait une rosée déposée sur les parois du vase.

..

Ces expériences nous mettent en état d'ex-: pliquer pourquoi différens auteurs ont attribué différentes propriétés au gaz oxymuriatique.

Si l'on n'a pas recueilli jusqu'à présent le gaz détonant, c'est qu'on a toujours employé de l'eau pour recueillir les produits de l'hyperoxymuriate de potasse, et à moins que l'eau ne soit entièrement saturée de gaz détonant on n'obtient que du gaz oxymuriatique. Une autre circonstance peut avoir aussi été un obstacle à la découverte de ce gaz, c'est qu'on aura employé un acide trop fort.

Cette substance produit les phénomènes que M. Chenevix, dans son savant Mémoire sur l'acide oxymuriatique, attribue à l'acide muriatique hyperoxygéné ; et ces phénomènes prouvent la vérité de ses conjectures sur l'exis-, tence possible d'un composé de gaz oxymuriatique et d'oxygène dans un état séparé.

Les explosions qui ont lieu lorsqu'on essaie d'obtenir les produits de l'hyperoxymuriate de, potasse, sont évidemment dues à la décomposition de cette substance nouvelle et extraordinaire.

Toutes les conclusions que j'ai essayées de formerrelativement à la non-décomposition du gaz oxymuriatique, sont, à ce que j'imagine, entièrement confirmées par ces nouveaux faits. Si le gaz oxymuriatique contenait de l'oxygène, on ne comprendrait pas aisément pourquoi le nouveau gaz donnerait de l'oxygène au gaz acide muriatique, lequel doit déjà contenir de l'oxygène combiné intimement; tandis que si

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