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froidir lentement, ou même lorsqu'on les retire brusquement après que la température a perdu un peu de son élévation (1).

58. Les expériences précédentes, spécialement la 20o, ont fait voir que des différens verres que j'ai fondus et refondus à plusieurs reprises, le verre à bouteilles ordinaire est le seul dont la transparence reste constamment altérée après une fusion suivie de refroidissement lent, et qu'il conserve cette transparence quand il a été refroidi subitement. Il existe donc entre ce verre, les substances traitées par sir James-Hall et les verres produits par certains minéraux qui ne passent pas pour volcaniques, cette analogie, que tous sont susceptibles de l'opacification de la seconde espèce. Or, comme plusieurs laves et plusieurs autres substances dues aux volcans n'en sont pas susceptibles, on voit que l'observation de sir James-Hall ne porte ni généralement sur tous les produits volcaniques, ni exclusivement sur ces seuls produits.

59. Mais parmi les minéraux vitrescibles non-seulement tous ceux d'un même genre, mais encore tous ceux d'une même espèce, ne sont pas soumis à la seconde espèce d'opacification. Si donc, il en est ainsi des substances volcaniques, et si le verre à bouteilles ordinaire est le seul des six verres que j'ai traités

qui ait paru sujet à cette espèce d'altération (2) n'est-il pas naturel de conjecturer que les différences offertes à cet égard par des substances

(1) Biblioth. Britann. " tom. 10, pag. 65 et 66. (2) Cet effet a lieu en grand comme en petit.

aussianalogues, sont dues à quelques différences entre leurs compositions chimiques?

60. Entre autres minéraux soumis à la seconde espèce d'opacification, j'ai traité assez en grand des galets volcaniques de l'île Bonaparte (1), et des roches amphiboliques du Morbihan. J'ai observé que ces minéraux donnaient des produits très-glacés lorsque je les associais à des pâtes avec lesquelles ils se trouvaient dans un rapport convenable à la vitrification, et que quand par défaut d'harmonie avec les pâtes, ils ne prenaient pas d'euxmêmes un glacé suffisant, je le leur faisais prendre, soit en leur appliquant une plus haute température, soit en y ajoutant une substance terreuse propre à remédier au vice de proportion qui causait le manque de fusibilité. La même chose m'est toujours arrivée dans l'emploi des marnes du Jura, ou des environs de Paris,dont la dernière, comme on l'a vu (25° exp.), n'est pas susceptible de la seconde espèce d'opacification.

61. J'ai eu plusieurs occasions d'observer que les minéraux volcaniques ou non, dont les produits conservent l'aspect vitreux après la fusion, nonobstant la lenteur du refroidissement, sont plus fusibles que ceux des mêmes minéraux qui perdent cet aspect ; et sir JamesHall a remarqué (2) que les basaltes qui affectent l'apparence terreuse, sont plus réfractaires que les laves qui ne l'affectent pas.

(1) Ci-devant île Bourbon, et depuis île de la Réunion. (2) Mémoire précité, page 68: « Les basaltes sont en » général plus réfractaires que les laves ».

62. Enfin, on a vu (44) que, des différens corps vitreux que j'ai traités avec le verre à bouteilles, aucun n'a exigé une température aussi élevée pour revenir à l'état vitreux, après avoir passé par l'opacification de la première espèce. 63. Ces diverses notions, jointes à d'autres, puisées dans des travaux étrangers à l'objet des recherches actuelles, me portaient naturellement à supposer que l'aspect pierreux qui se manifeste dans certains corps vitreux, après lafusion suivie d'un refroidissement lent, pouvait tenir à ce que la vitrification n'en est pas portée au dernier point; soit parce que la composition n'en est pas assez vitrescible, soit parce que la vitrescibilité n'en est pas assez développée par la température; de sorte que, dans les verres à bouteilles ordinaires, par exemple, une portion des principes constituans qui excède la proportion convenable, n'est tenue en dissolution que par la température dont l'élévation a suppléé au défaut de vitrescibilité du mixte.

64. Quand on arrête brusquement l'action du calorique, le verre reste dans l'état où l'avait porté la haute température (1). Mais, si au

(1) Uu phénomène analogue se passe dans la fabrication des porcelaines colorées en brun par le fer. J'ai fait remarquer (Essai sur les Corps vitreux, etc. 46) que les variations qu'on observe dans les nuances de ces verres n'ont pas lieu dans l'intérieur qui est toujours noir. Or, ces variations sont dues à l'abaissement de la température, qui opère sur les molécules métalliques fixées à la surface, une oxydation, conséquemment une coloration différente que dans l'intérieur; et si au lieu de laisser les pièces exposées à cet abaissement, on les tire du four à l'état d'incandeson les trouve noires au dehors comme au dedans. Volume 30.

cence,

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lieu de brusquer, on gradue le refroidissement, les substances dont la dissolution n'était due qu'à l'action du calorique se précipitent, et le verre perd sa transparence (1) effet qui ne doit plus avoir lieu quand la température a été assez élevée, et assez long-tems soutenue pour suppléer complétement au défaut de vitrescibilité; parce qu'alors la vitrification est aussi parfaite que dans le cas où la température étant plus base, la vitrescibilité se trouve au degré convenable. Ainsi, le même verre à bouteilles qui est susceptible de la seconde espèce d'opacification, lorsqu'il n'a été fondu qu'à la température strictement nécessaire à cette opération, ne doit plus en être susceptible lorsqu'il a subi une température capable de suppléer à ce qui lui manque de fusibilité.

Ces diverses suppositions me semblaient susceptibles d'être prouvées, soit par une augmentation, soit par une diminution des causes auxquelles j'attribuais le phénomène ; c'est-à-dire, qu'en augmentant ou en diminuant les causes de la vitrification, l'effet devrait varier proportionnellement c'est ce que j'ai entrepris de

constater.

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65. Mon premier objet était de reconnaître l'influence du changement de température sur

(1) En admettant qu'à une température très-inférieure à celle de la fusion, le verre noir ordinaire pût conserver la ductilité nécessaire à sa manipulation, les bouteilles qui en seraient faites n'auraient point la transparence que leur donne le refroidissement subit et qu'elles perdent avec facilité, lorsqu'en les repassant, ou trop souvent ou trop longtems, au feu, l'ouvrier ralentit la marche du refroidissement.

les produits volcaniques; mais n'ayant point à ma disposition ceux sur lesquels a opéré sir James-Hall, j'ai cherché à les remplacer par d'autres qui leur fussent analogue. En conséquence, je me suis procuré six variétés de produits volcaniques, parmi lesquels j'espérais qu'il pourrait s'en trouver de susceptibles de la seconde espèce d'opacification.

Je pensais bien qu'une température d'environ 55° ne pourrait opérer la fusion de ces substances; mais considérant que c'était celle qu'à employée sir James-Hall, j'ai cru devoir commencer par m'en rapprocher, sauf à n'en obtenir que quelques indices sur les dispositions de chaque substance à entrer en fusion. J'ai donc exposé au four du Val-sousMeudon (place D. 14° exp.), six creusets contenant,1°. obsidienne de Vulcano, dont la texture était un peu rude; 2°. autre obsidienne des îles de Lipari, d'une texture serrée et parfaitement lisse; 3°. Rapillo de Thiesac (Puy-' de-Dôme); 4°. scorie de Graveneire (idem); 5o. basalte de Jussat (idem); 6o. lave moderne de Royat (idem): ces substances ne furent point pilées, mais seulement concassées.

29. Expérience. Environ 60°.

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(Masse très bulleuse et légère;
couleur marron à l'extérieur (1);
noir tirant au gris à l'intérieur ;
fusion commencée.

(1) Cette couleur se montre dans tous les mixtes vitrescibles dans lesquels la quantité d'oxyde de fer, celle du fondant et la température, sont dans un certain rapport; c'est sur la connaissance de ce rapport qu'est fondé l'art de colorer les corps vitreux en brun. (Voyez mon Essai sur les Corps vitreux colorés par les métaux).

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