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rassemblèrent une quantité d'eau considérable, prise dans les parties supérieures du versant méridional de la moutagne Noire (1).

Avant cette époque, ces eaux, pour ainsi dire ignorées, descendues de la montagne Noire, couverte d'épaisses forêts et élevée de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, se rendaient partie dans l'Océan par les rivières du Sor et du Laudot, partie dans la Méditerranée par plusieurs ruisseaux. Aujourd'hui toutes ces eaux sont obligées de se réunir et de se rendre au point de partage du canal, d'où elles sont ensuite portées à volonté vers l'une ou l'autre mer.

On fut obligé, lors de l'exécution, de renoncer au projet de se servir du lit de l'Aude pour le Canal, et de le soutenir sur le penchant des coteaux. Soixante- trois corps d'écluses, avec

pas voir la statue de Riquet et d'Andréossy, auteurs de cette entreprise.

Le réservoir de Naurouse, placé près le point de partage des eaux a été creusé dans le roc calcaire de la chaîne des Corbières : il pouvait contenir 444,000 mètres cubes d'eau ; mais les eaux descendues de la montagne Noire par la rigole l'ont successivement rempli de vase, et il est aujourd'hui planté de peupliers. Il paraît qu'il serait très-utile de rétablir ce réservoir, et qu'il serait possible de l'agrandir jusqu'à contenir le double d'eau, ce qui assurerait d'autant plus le service du Canal.

(1) Le général Andréossy porte dans son ouvrage à 18,000,000 de mètres cubes la quantité d'eau nécessaire à Naurouse, , pour la navigation dans les années sèches. Il estime, page 389, la longueur des rigoles à 80,669 mètres ; et celle de la ligne navigable à 275,236 mètres, écluses comprises. Les barques qui naviguent sur le canal ont près de 21 mètres et demi de longueur, et peuvent porter 900 quintaux métriques, de 204 livres poids de marc.

cent un sas furent construits; cent soixantetrois ponts furent jetés, dont soixante formant aquéducs pour les eaux du Canal ou pour celles des rivières qui le traversent; quatre-vingtdouze épanchoirs ou déversoirs furent ou

verts, etc.

Des moyens ingénieux ont été successivement imaginés pour profiter des eaux des rivières et des torrens, sans recevoir les sables et les pierres qu'ils charrient; d'autres pour garantir le Canal des ravages et de la surabondance des eaux, soit qu'elles fussent supérieures à son niveau, soit qu'elles fussent inférieures.

On remarque, 1°. Le pont de Gragnagues, près de Toulouse, au bas duquel est placé un bas-relief en marbre de 17 mètres et demi de longueur (No. 2 du plan en relief).

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L'aquéduc à syphon renversé, pour faire passer sous le canal le ruisseau de Saint-Agne (No. 11 du plan), lequel, à raison de la pente rapide du terrain, traverse l'aquéduc sans y laisser de dépôt.

3o. La prise d'eau de la rivière d'Ognon, entre Carcassonne et Narbonne (No. 146 du plan), les digues et la demi-écluse pour garantir le canal de l'ensablement produit par cette rivière sujette à des crues subites et considérables.

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4°. On observe, avec intérêt, trois épanchoirs à syphon, dont l'idée est due à M. Garipuy fils, ingénieur en chef des travaux publics du Languedoc : le premier, établi près de Capestang, en 1776 (No. 185 du plan); le second, près de Ventenac, en 1778 ( No. 164); et le troisième près de Marseillettes (N°. 120). Ces épar pirs ont l'avantage précieux que, sans avoir oin

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de surveillans, lorsque l'eau s'est élevée dans le canal à un degré supérieur à celui ordinaire, les syphons l'aspirent pour la porter dans une partie plus basse, et épuiseraient entièrement celle du Canal, si une ventouse ou tuyau horizontal, placé au niveau ordinaire des eaux, n'arrêtait l'aspiration lorsqu'elles y sont redescendues, én introduisant de l'air dans la branche courte du syphon.

5o. La percée de la butte de Malpas (N°. 201 du plan), sous laquelle passe le Canal, au-dessus de Béziers, et dont les deux tiers de la voûte, ouverte sur une longueur de 156 mètres dans un tuf sablonneux, est aujourd'hui en pierre.

6o. La belle écluse octuple de Foncerane (No. 206), qui soutient une étendue d'eau considérable à une hauteur de près de 21 mètres.

7. La retenue et le passage de la rivière d'Orb, au moyen des relèvemens mobiles et des barrages amovibles (No. 211 du plan). Ces relèvemens mobiles sont des mantelets à charnières, fixés sur le couronnement de la digue que l'on relève ordinairement une fois en deux jours, en même tems que les barrages amovibles, pour faire gonfler les eaux; lorsqu'il y en a suffisamment d'entrée dans le canal, on ouvre les barrages amovibles qui sont composés à chaque ouverture de seize poutrelles, posées à plat et séparées, mais liées entre elles par une chaîne; ces poutrelles se désunissent d'un coup de masse et donnent alors passage aux eaux par six larges ouvertures. Cette idée fut donnée en 1722 par M. Niquet, ingénieur militaire.

8°. Le ponton - aquéduc du Libron, près d'Agde (Ño. 223 du plan), espèce de bateau

submersible que l'on présente au moment du gonflement du torrent pour lui ouvrir un passage au niveau même et à angle droit du canal, sans en recevoir les pierres et les sables que les eaux charrient (1).

9°. L'écluse ronde d'Agde (N°. 227), qui par trois niveaux différens, établit la communication du canal avec Béziers, Agde et l'étang de Thau.

10°. Enfin l'embouchure du Canal dans l'étang de Thau sur la Méditerranée (2) (N°. 233 du plan).

Le plan en relief du Canal des Deux-Mers, déposé au Palais-Royal, présente avec une grande précision les détails des objets que nous venons d'annoncer, et une infinité d'autres très-intéressans qu'il ne nous est pas possible d'indiquer dans ce Rapport.

Tous les objets relatifs aux écluses et à la ligne navigable, sont figurés en relief sur une échelle de 28 millimètres pour 2 mètres (1 pouce

(1) Le général Andréossy annonce dans son ouvrage que cette idée heureuse, exécutée en 1766, est due à M. Treilhe père, contrôleur des travaux et du bureau d'Agde.

(2) Ces immenses travaux paraissent n'avoir coûté qu'environ 16 millions, monnaie du tems, faisant environ 32 millions et demi d'aujourd'hui. Le général Andréossy porte dans son ouvrage, p. 453, la dépense du canal à 15,622,7201. 11 s. monnaie du tems (en ayant égard à l'errata, et le marc d'argent étant à 26 l. depuis 1670 jusqu'en 1680, et depuis 1681 jusques et pendant 1683, à 29 1. 6 8 11d), et monnaie d'aujourd'hui, à 30,567,912 f. 31 c. L'Histoire du Canal du Languedoc, rédigée par les descendans de Riquet, porte, page 147, la dépense du Canal à 16,279,299 1. 16 s. indépendamment des travaux de Cette " qui coûtèrent 1,080,000 l. le tout en monnaie du tems.

par toise): ceux relatifs aux rigoles le sont sous de plus petites proportions (1). Le développement total du plan du Canal aurait occupé, d'après la grandeur de l'échelle que les auteurs ont adoptée, une longueur d'environ 3,500 mètres; mais on en a retranché les parties qui ne présentaient pas de constructions intéressantes, et il a encore 228 mètres (702 pieds) de longueur effective; et il est sans doute le plus grand plan en relief qui existe.

La longueur actuelle de ce plan, les changemens de direction qu'il éprouve, n'ont pas permis de trouver un local capable de le recevoir dans sa véritable position (2). On a été obligé de le

(1) Le seul plan des rigoles aurait occupé un espace considérable on a réduit l'échelle des rigoles à un peu plus du quart de celle du plan, et l'échelle de la partie de la montagne Noire à 2 millimètres pour mètre, de l'échelle du Canal. Si l'on eût pu suivre celle du Canal dans toutes les parties, on aurait donné une bien plus grande idée de ce beau travail, puisque la partie de la montagne Noire aurait eu sept fois plus de largeur et de hauteur, et quarante-neuf fois plus de surface.

(2) Le même inconvénient a lieu avec les plans non en relief des rivières, des canaux, des routes, des galeries de mines, etc. qui éprouvent des changemens dans leur direction; il faut souvent employer des surfaces très-grandes pour les représenter dans leur véritable position, et dès-lors ces plans deviennent fort gênans à développer et à consulter.

Il existe un moyen facile de les rendre commodes à examiner, et capables de présenter les positions exactes des rivières, des canaux, quelles que soient les sinuosités et les angles qu'ils présentent. Ce moyen ancien, et peut-être malgré cela pas assez répandu, consiste à porter la direction d'un canal, par exemple, sur une bande de papier longue et étroite, et lorsque la direction change de manière à pouvoir sortir de la bande, à plier ce papier au point du changement

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