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obtenir l'acide fluorique dans un degré inconnu de pureté et de concentration.

Il faut conserver cet acide à l'abri du contact 'de l'air, dans lequel il s'évapore abondamment en se combinant à l'eau hygrométrique : il exerce sur l'eau une action beaucoup plus vive que l'acide sulfurique le plus concentré: il charbonne les substances végétales et animales; il désorganise la peau, par le simple contact, d'une manière beaucoup plus énergique et plus dangereuse que les autres acides: il détruit le verre très-promptement, se combine avec la silice qu'il en extrait, et prend, par-là, une plus grande disposition gazeuse. De là vient que si le fluate de chaux contient de la silice, on ne peut l'obtenir dans l'état liquide qu'en saturant l'eau du gaz fluorique silicé, et par conséquent dans un état de concentration beaucoup plus faible que celui dont il est question.

Le potassium produit une vive détonation avec l'acide fluorique, et ce n'est qu'en faisant parvenir peu à peu cet acide sur le potassium que les auteurs ont pu recueillir les produits de son action. Ils en ont retiré beaucoup de gaz hydrogène et du fluate acide de potasse dans l'état liquide: ce qui prouve que l'acide fluorique, préparé avec un acide sulfurique trèsconcentré, contient une proportion considérable d'eau; mais cet acide ne peut être décomposé par ce procédé.

C'est presque uniquement à Scheele que l'on doit, avec la découverte de l'acide fluorique la connoissance des fluates à base alkaline et à base métallique, ainsi que celle des sels triples

Acide fluoborique.

dans lesquels la silice entre comme partie cons tituante les auteurs donnent une description nouvelle,plus étendue et plus exacte,de ces combinaisons; ils y ont joint celles qui se forment avec les terres inconnues au tems de Scheele. Nous nous bornerons à quelques-unes de leurs observations.

Pour préparer le fluate de glucine, ils ont mêlé du fluate un peu acide de potasse et du muriate très-sensiblement acide de glucine; le fluate de glucine s'est précipité en se formant, mais la liqueur est devenue alkaline: le sel qui s'était précipité ayant été dissous dans l'eau au moyen de l'ébullition, n'a donné aucune indice d'acidité : l'yttria et la zircone ont présenté des phénomènes semblables. Voilà donc des combinaisons qui diffèrent de tous les autres sels, dans lesquels l'état de neutralisation reste constant après l'échange des bases.

L'action de l'acide borique sur le fluate de chaux, a surtout donné lieu à des observations intéressantes.

Désirant d'obtenir l'acide fluorique sans eau, MM. Gay-Lussac et Thénard ont fait, dans un canon de fusil, un mélange d'une partie d'acide borique pur et vitrifié et de deux parties de fluate de chaux très-pur. On se sert d'un fourneau à réverbère; on chauffe peu à pen. Aussitôt que l'appareil commence à rougir, il s'en dégage des vapeurs épaisses qu'on reçoit sur le mercure; c'est un gaz composé d'acide fluorique et d'acide borique, que les auteurs désignent sous le nom d'acide fluo-borique.

Ce

gaz a une odeur qui ressemble à celle du

gaz fluorique ; il se saisit, comme lui, de l'eau hygrométrique ; il rougit, comme lui, les couleurs bleues végétales; mais il n'attaque pas le verre il charbonne les substances végétales et animales; mais on peut le toucher sans être brûlé. Il transforme l'alkohol en un véritable éther: il s'absorbe abondamment dans l'eau ; en sorte qu'il en faut une grande quantité pour la saturer, et alors c'est un acide très-fumant et très-énergique.

L'acide fluo-borique se combine avec les diverses bases soit alkalines, soit métalliques. Il forme probablement avec elles des sels triples dont les auteurs n'ont pas encore eu le loisir d'examiner les propriétés; mais en poussant au feu le fluo-borate d'ammoniaque, ils en ont chassé l'acide fluorique, et ils ont eu pour résidu l'acide borique; ce qui leur a fait connaître la composition de cet acide.

Le potassium et le sodium brûlent avec vivacité dans le gaz fluo-borique; il résulte de cette combustion un corps solide composé de fluate de potasse ou de soude qui se dissout dans l'eau et qui laisse du bore : quelques apparences ont fait conjecturer que ce bore était mêlé avec une petite quantité du radical de l'acide fluorique.

Poursuivant leurs recherches sur les moyens de décomposer l'acide fluorique, les auteurs se sont convaincus que l'on ne pouvait le séparer de sa base sans lui présenter un córps avec lequel il puisse entrer en combinaisons, et tel que l'eau, l'acide borique, ou la silice; mais celui qui contient de l'eau ne peut servir aux expériences dans lesquelles on se propose de

Sur l'eau qui peut

exister dans les gaz à l'état hygrométri

que ou à ceJui de com

binaison.

le décomposer, et celui qui est combiné avec la silice,sous forme de gaz,a mieux rempli leurs vues que le gaz fluo-borique.

Le potassium n'est pas attaqué à froid par le gaz fluorique silicé; mais si on le met en fusion au milieu de ce gaz, il brûle avec vivacité il ne se dégage presque point de gaz hydrogène, mais on obtient une matière solide de couleur brune.

Cette matière étant mise dans l'eau, il s'en dégage très-lentement une quantité de gaz hydrogène qui est à peu près égale à celle qu'aurait donnée rapidement le potassium. Si on la met très-chaude en contact avec l'air elle У brûle avec vivacité. Les auteurs l'ont soumise à diverses expériences, desquelles ils concluent qu'elle est composée de fluate acide de potasse et de silice et d'une combinaison du radical de l'acide fluorique avec la potasse et la silice; mais ils n'ont pu lever tous les doutes sur l'existence de ce radical, et constater ses propriétés, parce qu'ils n'ont pu l'obtenir dans un état d'isolement.

Le sodium a présenté des phénomènes analogues; mais la substance solide qui résulte de son action dégage avec l'eau beaucoup plus d'hydrogène que la précédente.

Les auteurs nous conduisent à d'autres considérations non moins intéressantes; et d'abord ils s'occupent de la question de savoir quels sont les gaz qui peuvent contenir de l'eau en combinaison, et s'il y en a qui soient nécessairement privés de l'eau hygrométrique.

Ils se sont servis, pour reconnaître l'eau hygrométrique, de la propriété qu'ils avaient

trouvée

trouvée dans le gaz fluo-borique de s'emparer de l'eau hygrométrique des gaz, en formant une vapeur épaisse qui se précipite.

En effet, le gaz fluo-borique a conservé toute sa transparence dans les gaz desséchés par des moyens efficaces; mais il suffit d'y introduire un cinquantième d'un gaz humide, pour qu'il se forme immédiatement un nuage sensible.

Ils ont mis successivement en contact sur le mercure chaque gaz avec les différentes substances qui absorbent l'humidité, et quelque tems après ils ont fait passer du gaz fluo-borique: ils ont reconnu, par-là, les substances qui possèdent la propriété d'enlever toute l'eau hygrométrique; mais il y a des gaz dans lesquels, sans dessication préliminaire, l'acide fluo-borique ne laisse apercevoir aucune eau hygrométrique ce sont ceux qui sont extrêmement solubles dans l'eau. Ils remarquent que ces gaz ne peuvent en contenir la plus petite quantité, parce qu'aussitôt qu'ils sont en contact avec l'eau, celle-ci les absorbe ; 'tels sont surtout l'acide muriatique et le gaz fluoborique.

Le gaz acide muriatique même, extrait de l'eau qui le tenait en dissolution, et recueilli dans une cloche sur le mercure, n'a pas produit le plus léger nuage avec le gaz fluo-bo

rique.

Extrait du muriate de soude par l'acide sulfurique, et conduit dans un petit flacon auquel était adapté un tube recourbé plongé dans un mélange réfrigérant, ce gaz n'a point déposé d'eau dans le tube, quoiqu'il y en ait passé une grande quantité.

Volume 30.

C

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