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savoir: le korund et le diamant spath (1). Cependant, il est bien démontré aujourd'hui, que tous ces minéraux ne constituent qu'une seule espèce, puisque leurs molécules intégrantes sont semblables, qu'ils ont des formes secondaires communes, et que celles qui sont particulières à tel minéral, sont produites par des lois de décroissement dépendantes de la même forme de molécule; qu'ils ne diffèrent pas sensiblement par leur dureté et par leur pesanteur spécifique, et qu'enfin ils ont tous la double réfraction dans le même sens. On voit, par ce seul exemple, combien il est peu sûr de s'en rapporter uniquement, pour la classification des minéraux, aux caractères extérieurs, dont le mérite, qui ne peut d'ailleurs être contesté, se borne à nous familiariser avec toutes les modifications d'un minéral susceptible d'affecter nos sens, et à nous faciliter les moyens de le reconnaître partout où il se présente de nouveau. Ainsi le vert-jaunâtre (vert d'asperge des Allemands), qui est la couleur ordinaire de la cymophane du Brésil, devient, surtout lorsqu'il est joint à des reflets d'un blancbleuâtre, un caractère auquel un œil exercé distingue facilement cette pierre, même lorsqu'elle a été taillée par le lapidaire. Cependant, đéjà la cymophane des Etats-Unis présente un ton différent de couleur où le vert en général domine davantage et passe quelquefois au vert-obscur.

(1) Dans les mêmes méthodes, la variété de corindon, qu'on appelle communément émeril, forme encore une espèce particulière, sous le nom de smirgel. (Voyez le Tableau comparatif, etc., pag. 3o.)

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J'avoue qu'en voyant pour la première fois dans la roche du Connecticut des cristaux de cette substance, qui s'offraient sous la forme de lames d'une certaine étendue, et en considérant la couleur de ces lames, leur éclat et toutes les apparences qui composent ce qu'on appelle le facies, je présumai qu'elles pourraient bien être des lames de corindon analogue à celui du Bengale, et ce n'est qu'après avoir étudié leur structure, que l'idée qui m'avait été suggérée par les premières apparences, s'évanouit pour faire place à la conviction que j'avais entre les mains une nouvelle variété de cymophane.

Ainsi la classification de la cymophane, comme espèce distincte, avait été amenée par une application des caractères extérieurs qui n'était qu'heureuse, et avait besoin d'être vérifiée par d'autres caractères, susceptibles d'une détermination précise; et cela d'autant plus. qu'un examen des formes, qui n'eût pas été assez approfondi, pouvait faire présumer entre la cymophane et le corindon un rapprochement que les indications de la dureté et de la pesanteur spécifique auraient paru confirmer. J'ajoute que, dans l'état actuel des choses, les caractères extérieurs eux-mêmes sollicitaient cette vérification, puisque la cymophane des EtatsUnis, considérée sous le point de vue de ces caractères, semble former entre la variété du Brésil et certaines variétés de corindon, une nuance intermédiaire capable d'effacer, au moins en partie, les différences qui, dans l'origine, séparaient ces deux minéraux l'un de l'autre.

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DESCRIPTION MINERALOGIQUE Du gisement de la Braunkohle (houille brune) (1), dans la colline de Putzberg, près de Friesdorf, département de Rhinet-Moselle, avec diverses observations relatives à toute la formation de cette espèce dans la contrée du Bas-Rhin ;

Par JEAN-JACQUES NOEGGERATH DE BOUN.
Traduit de l'allemand par M BEURARD (2).

INTRODUCTION.

Il a paru depuis environ dix ans, en divers pays, mais surtout en France et en Allemagne, un grand nombre de descriptions de gîtes de la braunkohle, données pour la plupart par des

(1) Le mot braunkohle est employé ici pour désigner en général une espèce de combustible fossile qui, suivant Werner (voyez Leonhards Taschenbuch fur die gesammte Mineralogie, tome 3, page 291), comprend les sous-espèces suivantes: a, bois bitumineux ( bituminôsesholz); b, terre-houille, ou bois bitumineux lerreux (erdkohle); c, terre alumineuse (alaun-erde); d, houille brune commune (gemeine braunkohle); e, houille limoneuse, ou de marécages (moorkohle). (Note de l'Auteur.)

(2) Ayant constaté sur place l'exactitude de la présente description, je me suis décidé à la traduire pour ce Journal, parce que je pense qu'il ne peut qu'être utile d'étendre de plus en plus la connaissance des gisemens des substances minérales utiles. (Note du Traducteur.)

naturalistes distingués des deux nations, et fort utiles aux progrès de la sience. Beaucoup de faits importans ont été recueillis, et tout géognoste doit convenir avec moi qu'il serait bien à désirer que nous eussions sur chacune des productions minérales, autant de bonnes observations oryctognostiques et géognostiques que nous en connoissons déjà sur celle-ci.

D'après cela, je devrais craindre que la description que je vais donner ne semblât à plusieurs minéralogistes, être une répétition d'autant plus inutile que les principaux caractères de la formation de la braunkohle dans le BasRhin, sont généralement les mêmes, et que les gisemens de Brühl et de Liblar ont déjà été décrits par M. Faujas-Saint-Fond(1); mais comme la colline de Putzberg a cet avantage particulier, qu'elle présente à l'observateur l'ensemble des diverses variétés de la braunkohle que les autres mines de cette espèce n'offrent qu'isolé ment, que les grandes excavations qui y ont été faites à ciel ouvert depuis un assez grand nombre d'années, donnent la facilité de l'examiner en beaucoup de sens; que d'ailleurs elle fournit encore pour les collections plusieurs fossiles (2) fort remarquables; qu'enfin on peut,

(1) Voyez Journal des Mines, no. 36, pages 893 et suiv., et les Annales du Muséum d'Histoire naturelle, tome 1, pages 445 et suiv. (Note de l'Auteur.)

(2) La dénomination de fossiles étant généralement donnée en Allemagne à tous les corps inorganiques, métalliques ou non, que l'on retire du sein de la terre, c'est dans cette acception que ce mot doit être entendu ici. L'usage paraît être maintenant en France de ne donner ce nom qu'aux pseudomorphoses. (Note du Traducteur.)

pour

pour ainsi dire, la considérer comme un type fondamental montrant dans un seul ensemble la disposition de la braunkohle dans toute la contrée du Bas-Rhin, j'ai pensé qu'elle méritait bien d'être décrite en particulier.

Localités des gisemens de la braunkohle (1) dans les contrées du Bas-Rhin (2).

Du Godesberg, montagne basaltique qui se trouve à la rive gauche du Rhin, et qui a été décrite par Nose, dans ses Lettres orographiques sur les sept montagnes, tom. 2, pag 307, se tire une chaîne de collines traversant une partie du département de Rhin-et-Moselle, et une autre de celui de la Roër, qui l'avoisine, jusque dans les environs de Bergheim, où elle se confond avec la plaine. Cette chaîne est éloignée du Rhin tout au plus de quatre lieues dans sa plus

(1) J'emploierai seul le mot allemand braunkohle, parce qu'il me parait assez généralement adopté en France comme nom spécifique des substances ligneuses bitumineuses; mais je dirai la braunkohle, et non le braunkohle, comme la plupart des minéralogistes; parce que ce nom en allemand est féminin, et qu'il désigne une variété de houille qui est aussi en français du genre féminin. (Note du Traducteur.)

Nous n'avons rien voulu changer à cette disposition de l'auteur, mais nous pensons qu'il eût mieux valu dire le braunkohle, d'après l'usage reçu de donner l'article, masculin à tous les noms empruntés de langues étrangères sans aucune modification française. (Note des Rédacteurs.)

(2) Les auteurs allemands comprennent en général, sous cette dénomination de contrées du Bas-Rhin (niederrheinischen gegenden ), les deux rives du Rhin en le descendant depuis Coblentz. (Note du Traducteur.)

Volume 30.

Y

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