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On a rempli plusieurs flacons de gaz acide muriatique, préparé de manière qu'il devait être privé d'eau; on a mis dans chaque flacon une seule goutte d'eau; mais loin de s'évaporer, elle s'est accrue, parce qu'elle a condensé du gaz acide.

Des expériences analogues ont donné les mêmes résultats avec le gaz fluo-borique.

Les auteurs examinent ensuite s'il est quelque gaz qui contienne de l'eau combinée. Ils ont soumis à leur examen le gaz hydrogène sulfuré, le gaz acide carbonique, le sulfureux, le nitreux, le gaz oxyde d'azote, le fluo-borique, le fluorique silicé, le muriatique et le muriatique oxygéné; et ils prouvent, par les circonstances de leur formation et de leur décomposition, et par les produits de l'action d'autres corps dont la nature est bien déterminée qu'il n'y a, parmi tous ces gaz, que le gaz muriatique dans lequel on puisse admettre de l'eau combinée. Ils ont rendu sensible l'existence de cette eau, en combinant le gaz muriatique avec l'oxyde vitreux de plomb; car il en est résulté du muriate de plomb et de l'acide muriatique contenant beaucoup d'eau.

Plusieurs expériences établissent ensuite que cette eau est essentielle au gaz muriatique, en sorte qu'on ne peut le dégager d'une combinaison, à moins qu'on ne lui rende l'eau dont il était privé dans cette combinaison, ou qu'il ne puisse s'en former dans le procédé. Nous nous arrêterons à ces expériences, aussi curieuses par leurs résultats immédiats, que par leurs conséquences.

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Un mélange de parties égales de muriate

d'argent et d'acide borique vitreux exposé à un grand feu, ne laisse point dégager de gaz muriatique; mais, si l'on fait passer de la vapeur d'eau à travers ce mélange, il s'en dégage une grande quantité à une chaleur beaucoup plus faible.

Un mélange de charbon, qui avait été fortement poussé au feu de forge, et de muriate d'argent, a d'abord donné un peu de gaz muriatique ; celui-ci a bientôt cessé de se dégager, quoique le feu ait été violent; mais, si on ajoute de l'eau au mélange, le muriate d'argent est promptement décomposé. Si l'on fait l'expérience dans un tube de porcelaine, on ne retire point de gaz muriatique; mais, si l'on introduit de la vapeur d'eau, il s'en dégage aussitôt une grande quantité.

La petite quantité de gaz muriatique qu'on obtient dans le commencement de l'expérience, en employant le charbon le plus fortement calciné, fait voir que ce charbon contient encore un peu d'hydrogène, qui forme de l'eau avec l'oxygène de l'oxyde d'argent; et, comme le carbure de fer ou plombagine, substitué a charbon fait dégager du gaz muriatique, les auteurs ont dû en conclure qu'il contient aussi de l'hydrogène ; ce qui le confirme c'est que si l'on se sert d'un charbon hydrogéné, , on obtient facilement le gaz muriatique, et le muriate d'argent est réduit.

Puisque le gaz muriatique doit recevoir de l'eau dans sa constitution, voyons ce qui arrive lorsque le gaz muriatique oxygéné passe à l'é

tat d'acide muriatique.

ce qui arrive lorsque le gaz muriatique oxygene passe à l'é

Les auteurs prouvent que les substances qui tat d'acide

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muriatique.

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paraissent exercer l'action la plus forte su
l'oxygène, ne peuvent décomposer le
gaz mu
riatique oxygéné bien sec, à moins qu'elles n
puissent lui donner de l'eau ou lui fourni
de l'hydrogène, qui formera de l'eau ; ainsi, e
faisant passer le gaz muriatique oxygéné se
à travers la poudre de charbon fortemen
poussée au feu, il n'y a eu qu'une petite parti
de gaz muriatique oxygéné qui ait été changé
en gaz muriatique au commencement de l'o
pération; mais, lorsque l'hydrogène, que retien
le charbon, a été épuisé, le gaz muriatiqu
oxygéné n'a plus souffert d'altération, quoi
que la température fût très-élevée ; au con
traire, le charbon hydrogéné le décompose fa
cilement.

Cette propriété de l'acide muriatique étan reconnue, il est facile de prévoir le cas où l'a cide muriatique peut être dégagé de ses combi naisons, et ceux où il restera fixé.

Cette puissance de l'eau sur l'acide muriati que est même si grande, que les muriates terreu et secs qui ne peuvent point être décomposés à la plus haute température, par l'acide bo rique ou le phosphate acide de chaux vitrifié le sont par l'eau seule au-dessous du roug

cerise.

Cette action de l'eau dans le cas où elle n suffirait pas pour opérer la décomposition d'ur muriate, peut être secondée par l'action d'une autre substance sur la base. Les auteurs on fait à ce sujet une observation qui pourra a voi des applications utiles. Ils ont éprouvé que la vapeur d'eau dégage beaucoup de gaz muria tique d'un mélange de deux parties de sable

gaz muria

très-fin, et d'une partie de muriate de soude. L'alumine, la glucine, et en général toutes les bases qui ont de l'affinité pour la soude, agissent de même. Le muriate d'argent, qu'on expose à une chaleur rouge dans un tube de porcelaine, abandonne beaucoup de tique, lorsque l'on y fait passer de la vapeur d'eau, non parce que l'eau le dégage par sa seule action, mais parce que l'oxyde d'argent se vitrifie en même tems avec le tube de porcelaine.

Les muriates de mercure ont présenté, avec le charbon calciné, avec le charbon hydrogéné et avec l'acide borique, des phénomènes parfaitement analogues à ceux qui avaient été obtenus du muriate d'argent.

Il ne suffisait pas d'avoir établi que l'on doit admettre dans le gaz muriatique une certaine quantité d'eau, ou de ses principes constituans; mais il était intéressant de reconnaître encore la proportion de cette eau.

Pour remplir cet objet, les auteurs ont commencé par déterminer, avec un grand soin, la proportion d'oxygène qui se trouve dans l'oxyde d'argent. Ils la fixent à 7,6 d'oxygène contre 100 d'argent.

Ils ont ensuite reçu dans un flacon, dans lequel ils avaient placé un poids déterminé d'oxyde d'argent et d'eau, une certaine quantité de gaz muriatique. La différence du poids de ce gaz, avec le poids d'acide qui s'est fixé sans eau avec l'oxyde d'argent, est due à l'eau, abandonnée par l'acide muriatique. Le résultat de l'expérience est que le gaz muriatique contient à peu près un quart de son poids d'eau.

Ce résultat a été confirmé par les produits de la décomposition du gaz muriatique oxygéné, par le gaz hydrogène ; mais, pour constater ces produits, il a fallu parvenir, par des moyens très-délicats, à déterminer la pesanteur spécifique du gaz muriatique oxygéné, qui est de 2,470; la proportion d'oxygène qu'il contient, qui est la moitié de son volume; la quantité d'hydrogène nécessaire pour le changer en gaz muriatique, et cette quantité est un volume égal. Par cette décomposition, on obtient un volume de gaz muriatique égal à celui des deux gaz dont il provient, sans qu'il se dépose de l'eau: ce qui s'accorde avec les pesanteurs spécifiques de ces différentes substances. Il s'ensuit que l'acide muriatique oxygéné tient précisément la quantité d'oxygène qui doit être changée en eau pour former le gaz muriatique. Puisque l'acide muriatique ne peut exister à F'état de gaz sans eau, et que, quand il n'en contient pas, il fait toujours partie de quelque combinaison, le gaz muriatique oxygéné ne doit être décomposé que par les corps qui, comme les métaux et le soufre, peuvent absorber ses deux principes, ou par ceux qui peuvent se combiner avec l'acide muriatique sec, ou enfin par ceux qui contiennent de l'eau ou de l'hydrogène, qui peut former de l'eau avec l'oxygène de l'acide muriatique oxygéné.

On sait, en effet, que les métaux absorbent le gaz muriatique oxygéné, et qu'ils sont changés, par-là, en muriates métalliques; d'où l'on doit conclure qu'ils contiennent exactement la quantité d'oxygène propre à convertir les métaux

en muriates.

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