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alors il avait déjà fait des progrès considérables; il produisait une grande quantité de vapeurs sulfureuses, qui jetèrent l'alarme dans les contrées environnantes, et excitèrent les plus vives réclamations. On semblait craindre que tout le pays ne fût frappé de stérilité, et surtout que la semence des blés ne pût pas avoir lieu cet automne, si à cette époque le feu n'était pas éteint. Il ne résultait cependant de cet accident aucun dommage réel aux productions de la terre; mais les exploitans des mines ne se crurent pas moins obligés de mettre toute l'activité possible dans leurs efforts pour arrêter les progrès de l'incendie et pour prévenir ses effets.

On essaya d'abord de faire des tranchées dans la masse de pyrites, de manière à isoler les parties embrasées; mais n'ayant pas creusé assez profondément, le feu passa par-dessous et s'étendit encore. Sur la demande de M. le Maire de Chessy, on démolit alors, et on enleva, avec des peines extrêmes, tout le tas de grillage, ce qui ne produisit d'autre effet que d'augmenter l'expansion de la fumée ; puis on amena de l'eau sur les masses enflammées, mais on n'éteignit ainsi que momentanément les parties situées à la surface, et il est probable qu'on donna encore une plus grande activité à l'incendie intérieur, l'humidité ne servant qu'à favoriser la combustion des pyrites. Enfin, M. le Maire voulut obliger les exploitans à faire enlever, par parties, toute la masse en ignition, pour l'éteindre dans des réservoirs d'eau et la transporter ensuite au loin. L'essai de cette opération coûta la vie à un ouvrier

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et en blessa griévement dix autres ; il ne servit en outre qu'à augmenter encore l'activité du feu.

Il était facile de voir, en effet, que tous les moyens employés jusqu'alors ne pouvaient que produire ce resultat, parce que tous facilitaient l'entrée de l'air dans la masse en combustion. Aussi l'Ingénieur des mines envoyé sur l'éțablissement par M. le Préfet, donna-t-il, dès son arrivée, le conseil de chercher à étouffer le feu en recouvrant la masse avec de la terre; mais M. le Maire de Chessy persista dans sa première opinion, et malgré le malheureux résultat de l'essai qu'il avait fait faire, il voulut astreindre les exploitans à enlever toute la masse en combustion. M. le Directeur-général des Mines, auquel le Préfet et l'Ingénieur rendirent compte de ce malheureux événement consulta le Conseil-général sur les moyens qui lui semblaient les meilleurs à employer pour arrêter les progrès de l'incendie. Le Conseil approuvant entièrement l'idée de l'Ingénieur émit unanimement l'opinion, que le moyen proposé par le Maire était aussi préjudiciable à l'extinction qué dangereux pour les ouvriers, qu'il fallait cerner la masse enflammée, par une tranchée pratiquée hors de son étendue et creusée jusqu'au sol terreux, pour faire ainsi la part du feu, recouvrir de terre battue toute la partie en ignition ainsi isolée, enfin s'opposer constamment, autant que possible, au contact de l'air et de l'eau avec aucune partie enflammée.

Le Conseil crut devoir ajouter qu'il lui paraissait de la dernière importance qu'une seule personne fût chargée de diriger toutes les opérations.

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M. le Directeur - général des Mines ayant présenté et appuyé l'avis du Conseil, S. Ex. le Ministre de l'Intérieur adopta la même opinion, et donna des ordres pour que les opérations indiquées fussent exécutées sous la direction de l'Ingénieur des mines. Des savans d'un mérite distingué, craignaient que le feu n'eût déjà fait trop de progrès pour qu'on pût l'arrêter; cependant le succès a été complet. La masse en ignition était de 7 à 8000 mètres cubes; elle a été entièrement isolée par des tranchées, puis on a exécuté le massement en terre, et le 27 octobre dernier, le concessionnaire directeur des mines de Chessy et Saint-Bel annonçait que l'incendie était appaisé.

Les concessionnaires ont imaginé de tirer parti de l'incendie lui-même, pour obtenir du soufre sublimé. A cet effet, ils ont placé, sur les tas de pyrites en ignition, des espèces de cheminées, portant à leur extrémité supérieure des caisses en bois divisées dans leur intérieur par des planches qui obligent la fumée à serpenter, avant d'arriver à l'ouverture ménagée pour sa sortie. Une semblable caisse, d'un mètre de longueur sur 5 décimètres de hauteur, a donné jusqu'à 3 kilogrammes de soufre par 24 heures; mais ce produit était naturellement subordonné à la température, comme au plus ou moins grand degré d'activité du feu. Lorsque cette activité a sensiblement diminuée, par suite du massement en terre, on n'a presque plus obtenu de soufre, mais on trouvait souvent, dans les caisses, de l'eau très-chargée d'acides sulfurique et sulfureux.

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Sur l'Alumine fluatée alkaline de Haüy, appelée vulgairement Cryolithe;

Par T. C. BRUUN NEERGAARD (1).

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UNE science ne mérite d'exciter notre intérêt qu'autant qu'elle est cultivée par des hommes capables de la faire marcher vers sa perfection. La minéralogie, pour cette raison, n'est venue se placer à côté de la botanique et de la zoologie, que depuis l'époque où la véritable composition des minéraux a été dévoilée par les plus habiles chimistes, où les découvertes de l'illustre Haüy ont introduit la certitude mathématique dans l'étude de la cristallographie, où enfin le célèbre Werner a saisi avec tant de sagacité, et défini avec tant de justesse les caractères des minéraux dont le savant Cronstedt ne s'était occupé que sous le rapport de l'analyse chimique. Ces motifs me font espérer qu'on ne lira pas sans quelqu'intérêt l'histoire de la cryolithe (à laquelle M. Haüy a donné le nom d'alumine fluatée alkaline), cette substance étant doublement remarquable par la combinaison de ses élémens, et par son extrême rareté, puisqu'elle n'a été trouvée jusqu'à présent que dans le Groënland.

Le minéral dont il s'agit a quelque tems partagé le sort de beaucoup d'autres minéraux;

(1) Cette Notice a été lue à la première Classe de l'Institut le 6 mai 1811.

celui d'avoir été confondu avec diverses subgtances, avant que la chimie, ou l'excellent caractère qui se tire de la forme, n'ait mis à portée de leur assigner la vraie place qu'ils devaient occuper dans la méthode minéralogique.

Le professeur Schumacher est le premier, à ma connaissance, qui ait parlé de ce minéral dans un Mémoire qu'il a lu en 1795 à la Société d'histoire naturelle de Copenhague, et qui est imprimé dans le second cahier du quatrième volume de ses Mémoires. Schumacher y fait la description de divers minéraux du Groënland. Il décrit la substance qui fait l'objet de cette notice sous le nom de baryte sulfatée blanche ; et après il s'exprime ainsi : « Nous apprendrons par la » suite si elle appartient vraiment à cette espèce. Quant à nos connaissances actuelles, elle m'a » paru, d'après ses caractères extérieurs et sa pe»santeur spécifique, devoir être placée avec la » baryte sulfatée, jusqu'à ce qu'un examen plus » mûr lui ait assigné la vraie place qu'elle doit » occuper dans le règne minéral ». Nous voyons, par ces derniers mots, que l'auteur ne lui a assigné qu'une place provisoire faute de mieux.

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Les variétés n'attirent que faiblement notre attention dans toutes les branches de l'histoire naturelle, et plus faiblement encore dans la mineralogie, où l'on en rencontre plus souvent. C'est pour cette raison que le minéral dont nous parlons n'ayant été d'abord regardé que comme une nouvelle variété de baryte, fut bientôt oublié.

Il fut réservé, quelques années après, à un savant Danois, le professeur P. C. Abildgaard,

d'assigner

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