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d'assigner à ce minéral, à l'aide de la chimie, la place qu'il doit naturellement occuper (1).

Ce Savant décrit ce minéral dans le premier volume des Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Gopenhague pour l'année 1800, page 312, à la fin d'un Mémoire sur les différens titanes nouvellement découverts en Norwège. Il y donne la description, en danois, qu'Andrada lui avait communiquée en français, et il joint les résultats de ses essais chimiques.

y

M. Abildgaard trouva dans la substance dont il s'agit, et à laquelle on donna le nom de cryolithe, la combinaison de l'acide fluorique avec la terre de l'alun; découverte qui fut depuis confirmée par nos deux plus célèbres chimistes analystes, Klaproth et Vauquelin. Aucun des indices que présentaient les échantillons de ce nouveau minéral ne pouvaient faire soupçonner son origine; aussi l'ignorait-on comme on ignore encore sa localité précise.

La nature extraordinaire de la cryolithe attira bientôt l'attention des naturalistes qui, dans les premiers tems, ne purent se procurer, qu'avec une extrême difficulté, que quelques fragmens de cette substance; mais trois ou quatre ans après, une occasion plus favorable se présenta; on trouva quatre à cinq gros morceaux de cryolithe dans le cabinet de feu M.Ursin, à Copenhague. Le plus gros de ces morceaux pesait d'une livre et demie à deux livres ; il y

(1) Presque toutes les parties de l'histoire naturelle ont de grandes obligations à M. Abildgaard, tant par ses propres travaux, que par les liaisons qu'il avait formées dans ses voyages avec beaucoup de savans.

Volume 30.

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en avait qui paraissaient avoir servi de molette pour broyer les couleurs. Tous étaient roulés et n'étaient encore accompagnés d'aucune autre substance qui pût raisonnablement permettre des conjectures sur la formation de la cryolithe (1).

La cryolithe fut d'abord vendue au poids, espèce d'honneur dont, jusqu'à présent, elle a 'seule joui avec les aérolites, et le cuivre muriaté en poudre, parmi toutes les substances minérales qui servent seulement à meubler nos cabinets.

M'étant trouvé dans la capitale du Danemarck dans un moment favorable pour me procurer de la cryolithe, j'eus le bonheur d'en recueillir un échantillon de la grosseur des autres morceaux de mon cabinet, c'est-à-dire d'environ quatre pouces de diamètre. La surface de cet échantillon présente une cassure laminaire, et elle est parfaitement blanche; l'extérieur du même échantillon a l'apparence d'une pierre qui aurait été roulée.

Je vais maintenant parler de la dernière occasion qu'on a eue de se procurer de la cryolithe, et qui n'est pas la moins importante,

(1) Launay le père, marchand naturaliste, qui, par ses nombreux voyages, nous a mis à portée de connaître beaucoup de susbstances étrangères venant de l'Espagne, était à cette époque à Copenhague; il fut sur le point d'y faire l'acquisition de ces gros morceaux de cryolithe; mais il fut devancé par Nepert Schmit, marchand naturaliste danois, qui nous a apporté de la Norwège beaucoup de nouveaux minéraux. Il acheta ces morceaux à un très-haut prix, et les divisa tout de suite en de très-petits échantillons.

parce qu'elle nous permet de faire des conjectures sur sa formation.

Un vaisseau (pour Copenhague) venant de l'Islande, fut pris dans le printems de l'année 1808, et conduit à Leith, port près d'Edimbourgh, pour y vendre sa cargaison (1); on y trouva divers minéraux, entre autre la cryolithe. Le tout fut acheté par le chevalier Allan. Ce savant, après avoir examiné les papiers de ce vaisseau, trouva que les minéraux dont il avait fait l'acquisition étaient envoyés de StreatDavid, en Groënland, par un missionnaire. Quant à moi, j'ai plus de raison de croire que ces minéraux furent envoyés par M. Giseke, très-bon minéralogiste allemand, qui voyage depuis plusieurs années en Groenland, mais qui a le malheur de perdre tout ce qu'il envoie de ce pays si difficile à parcourir.

Le chevalier Allan, membre de la Société royale d'Édimbourgh, parle de la cryolithe qu'il acheta sur le vaisseau dont il vient d'être question, à la fin d'un Mémoire qui se trouve dans le sixième volume, deuxième partie, des Mémoires de la Société royale d'Edimbourgh. Il décrit une substance cristallisée, qu'il soupçonna être la gadolinite. Cette substance n'avait pas encore été analysée; mais d'après une lettre récente de M. de Bournon à M. Gillet-Laumont (2), nous voyons que Thompson l'a analysée, et que ce n'est pas la gadolinite, mais

(1) Journal des Mines, volume 29, no. 170, p. 159. (2) Voyez le même numéro du Journal des Mines.

une nouvelle substance à laquelle il a donné le nom d'allanite (1).

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D'après ce que m'a dit M. Lainé, il y avait sur le même vaisseau venant de l'Islande, plusieurs morceaux de cryolithe blanche, et un ou deux de celle d'un blanc-jaunâtre tirant sur le brun. Ceminéralogiste en a apporté d'Angleterre un échantillon d'un pouce et demi de longueur sur un pouce de large. On trouve dans cet échantillon du plomb sulfuré laminaire de couleur grise, des petits grains de cuivre pyriteux, quelques grains de quartz hyalin bleuatre, et du fer oxydé brun, dont l'oxyde a vraisemblablement donné au minéral la couleur de blanc-jaunâtre tirant sur le brun.

On voit par la description d'Allan, ainsi que la lettre de M. de Bournon, que ces sapar vans ont trouvé la cryolithe accompagnée de fer spathique. Cependant il ne s'en trouve pas dans le petit échantillon que j'ai vu à Paris; mais comme je ne saurais douter de la bonté des observations de deux minéralogistes aussi exercés que MM. Allan et de Bournon, je suis porté à croire qu'il doit y avoir des échantillons dans lesquels la cryolite est accompagnée de fer spathique.

M. Allan ne dit rien du fer oxydé; M. de Bournon en fait mention; mais aucun de ces minéralogistes ne parle du quartz hyalin bleuâtre qu'on trouve dans l'échantillon de M. Lainé.

(1) L'auteur donne ici l'analyse de l'allanite, mais nous l'avons supprimée, parce qu'elle se trouve dans le Journal des Mines, volume 29, n°. 170, p. 160, et no. 178, p. 299. (Note des Rédacteurs.)

Quoiqu'on ne trouve aucun morceau de cryolithe attaché à sa roche, je ne partage pas moins pour cela l'opinion de MM. Allan et de Bournon, et je regarde avec eux la cryolithe d'un blanc-jaunâtre tirant sur le brun, comme pouvant être une substance de filon. Peut-être n'oserais-je pas en dire autant de la cryolithe blanche, qui ne se trouve pas accompagnée des mêmes substances.

EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE.

Extrait d'une Lettre de M. DE LA FRUGLAYE d M. GILLETLAUMONT, sur une Forêt sous-marinè qu'il a découverte près Morlaix (Finistère), en 1811.

Je désirais depuis long-tems trouver le gisement des cornalinės, des sardoines et des agates globuleuses que je rencontrais abondamment répandues sur une seule grève de mon voisinage, et c'était inutilement. Pour parvenir au but que je m'étais proposé, je me rendis sur le terrain au moment même d'une tempête, pendant les horribles ouragans du mois de février dernier (1811); je fus favorisé par une grande marée qui me donna l'avantage de pousser mes recherches plus avant vers le fond de la mer.

La plage sur laquelle je me rendis forme un immense demi-cercle; son fond, dans sa partie la plus reculée, est terminé par des montagnes granitiques, presque sans végétation. La mer ne vient point jusqu'au pied de ces montagnes, elle s'est opposée une digue naturelle, d'environ 30 pieds de hauteur, composée de galets, parmi lesquels se trouvent presque toutes les variétés du quartz. Au pied de cette digue, commence une grève magnifiqne; sa pente est d'environ 2 lignes par toise; je l'avais toujours vue couverte du sable le plus fin, le plus uni et le plus blanc. Ma

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