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nite, de la siénite ordinaire et des autres roches à grains. Les autres élémens y sont répandus avec économie, l'amphibole n'y manque jamais;

elle y est en longs cristaux noirs que leur cassure doublement lamelleuse, distingue clairement du mica. Celui-ci s'y montre aussi en petites lames; le quartz y est en petits grains, mais il manque souvent tout-à-fait. La rencontre des grains de feldspath détermine de petites cavités où se trouvent de petits cristaux de zircon qui ont donné leur nom à cette roche. Ils sont assez communs, présentent toutes les nuances intermédiaires entre le brun et le vert de montagne. On y rencontre plus rarement des aiguilles d'épidote vert-de-pré, et de tems en tems un grain de titane oxydé ferrifère noir. On y a déjà vu aussi du spath calcaire blanc. Cette roche est solide et ne s'altère presque pas; aussi on en voit beaucoup de blocs isolés sur les collines qui environnent Christiania, où elle est connue sous le nom de kampesten (pierre de champs), et on la préfère naturellement, pour la bâtisse, au décomposable skiallebjerg. Mais on ne pourra jamais se faire une idée de la magnificence et de la fraîcheur des rochers de siénite zirconienne, si on ne les a vus en place dans le canton de Laurvig. On se croit transporté dans un autre monde, lorsqu'on se voit entouré de ces rochers, dont les grandes lames de fedspath brillent de l'éclat le plus vif, et réfléchissent par différens jeux de lumière, leur belle couleur bleuâtre. On s'arrête involontairement devant chaque bloc; on en prend à chaque instant des échantillons qu'on abandonne ensuite pour d'autres qu'on est tenté decroire plus beaux.

Au bord du Sannesõe, on voit des couches de porphyre au milieu de la siénite zirconienne, disposées de telle manière qu'on peut y prendre des échantillons qui sont porphyre d'un côté, siénite de l'autre; la base de ce porphyre est gris-noirâtre, à grain fin, avec de petits cristaux de feldspath rouge et un peu d'amphibole. Près de Maridal, on aperçoit dans le fedspath rouge, de la siénite, de petits cristaux de feldspath blanc, comme dans un porphyre; fait qui paraît montrer le rapport qu'il y a entre ces deux espèces de roche, et indiquer que la siénite zirconienne n'est qu'uu porphyre où la base feldspathique a pris la texture à gros grains, ou bien que le porphyre n'est qu'une siénite dans laquelle le feldspath, mêlé intimement avec d'autres élémens, n'a pu former qu'une masse compacte à grain fin.

Enfin, un autre phénomène bien remarquable que présente cette formation, c'est que sur le bord oriental du Sannesõe, la siénite devient un véritable granite, composé de feldspath rouge, de quartz gris, conchoïde, en grains visibles, et de petites lames de mica isolées, sans amphibole. Ce granite forme une masse étendue et puissante au milieu de la siénite zirconienne; il repose bien clairement sur cette roche et sur le porphyre, qui sont eux-mêmes superposés comme on l'a vu sur le thonschiefer et le calcaire coquillier, de sorte qu'il pourrait luimême contenir des coquilles, si l'état de cristallisation ne paraissait pas devoir s'opposer à cette existence contemporaine dans le même liquide. C'est un fait aussi nouveau qu'imporde voir cette propriété qu'a eue la nature

tant,

de reproduire ces puissantes couches cristallisées, après avoir déjà déposé des terrains de sédimens, pour ainsi dire d'alluvion, et lorsqu'elle nourrissait déjà des corps organisés.

On peut dire aussi que jusqu'à présent aucun pays n'avait encore autant enrichi la formation intermédiaire que celui-ci, où nous voyons qu'elle renferme du granite semblable à celui qu'on regarde comme la plus ancienne des roches connues, et du basalte semblable à celui d'Auvergne, qui est si éloigné du terrain. de transition.

De Christiania, M. de Buch se dirigea sur Drontheim. Il traversa d'abord la fertile et riante province de Hédemarck, qui doit à la disposition physique du sol, à la nature du terrain et à l'industrie des habitans, de présenter encore une nombreuse population, et une culture aussi productive que dans les environs de Christiania. Le chêne cependant n'y croît plus, mais les arbres à fruits y réusissent fort bien. La partie méridionale du Guldbrandsdalen est encore cultivée avantageusement, mais déjà les vallées s'y ressèrent, sont bordées de montagnes élevées, terminées par des escarpemens rapides, ou des pentes couvertes de rochers décharnés, séparées par des défilés étroits; tout annonce enfin qu'on approche d'une chaîne élevée.

La partie de ces montagnes que la route traverse, porte le nom de Dovrefieldt; elle est comme un point central qui unit la grande chaîne de Kielfieldt qui se dirige vers le Nord,

et celle du Langfieldt qui s'étend vers le Midi. C'est aussi la masse la plus élevée de tout le Nord, elle est couronnée par le Schneehattan, montagne haute de 2485 mètres, sur laquelle M. Esmark a gravi le premier. Le point le plus élevé de la route près de Yerkin, a 1392 mètres de hauteur. Ce passage présente des situations sauvages, des escarpemens et des défilés qui ont en général beaucoup de rapports avec le chemin du Saint-Gothard. Un autre rapprochement, c'est qu'au Dovrefield, comme au SaintGothard, le côté du Nord s'élève avec lenteur, tandis que l'affaissement vers le Sud est trèsrapide. Le sapin (pinus silvestris) est très-abondant sur ce passage, mais le pin (pinus abies) ne s'élève pas à cette latitude à plus de 720 mèt.

Le terrain intermédiaire des environs de Christiania occupe, sans interruption, une trèsgrande étendue, tant dans la partie centrale du gouvernement d'Aggerhuus, que dans les provinces suédoises de Dalecarlie, Herjeadalen et Jemptie ; il est borné à l'E. par une région de gneiss, et à l'O. par une autre bande de terrain primitif qui est également dirigée du N. au S. en penchant un peu vers l'E.

On voit du porphyre et de la siénite zirconienne jusqu'au lac de Miöesen, et les roches dominantes jusqu'à la partie méridionale du Guldbrandsdalen, sont toujours le thonschiefer et le calcaire de transition qui sont quelquefois recouverts par de la grauwacke trèsbien prononcée: celle-ci paraît pour la première fois près de Fangsbierg. Elle y a une puissance de plus de 30 mètres; ses couches sont composées d'une base à grain fin, dont

on

on ne peut presque pas reconnaître les élémens, et qui renferme des fragmens souvent de la grosseur d'un oeuf de pigeon, parmi lesquels on reconnaît distinctement du quartz de diverses variétés (il y en a notamment de bleu d'indigo à cassure conchoïde), du feldspath blanc-verdâtre, et des petites lames de mica; on y voit aussi beaucoup de filons de quartz blanc. En continuant à monter, les couches de grauwacke à grain fin deviennent toujours plus abondantes, et sont enfin semblables à du grès à grain fin, qui est exploité près de Narud, pour servir de pierre à aiguiser et de chemise aux hauts fourneaux.

Le calcaire disparaît entièrement au Sud de Lille-Hammer, et avec lui les débris des corps organisés; on y voit encore une grauwacke formée de grains de quartz blanc, et de petits cristaux de feldspath blanc-jaunâtre, enveloppés dans du thonschiefer gris-noirâtre. Le véritable thonschiefer noir reparaît ensuite, alternant dans le commencement avec un peu de grauwacke, et vers le lac de Lôsness, on passe insensiblement, sans qu'il y ait de limites tranchées du thonschiefer intermédiaire au thonschiefer primitif, caractérisé par les couches de talc schisteux qu'il renferme, et par la surface peu éclatante des feuillets. Cette roche domine dans tout le Gulbrandsdalen inférieur jusqu'au plus haut sommet des plateaux ; elle est emplovée dans plusieurs endroits comme ardoise; quelquefois aussi les couches talqueuses y ressemblent à la pierre ollaire, et peuvent servir à faire des fours, des marmittes, etc.; mais ces Volume 30. Dd

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