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dernières couches sont plus communes dans le schiste micacé que dans le thonschiefer.

Les rochers élevés des environs de Vig sont un quartz d'une apparence rubannée, à cause de la variété des couleurs et des lames de mica qu'il contient; on y trouve de petits cristaux d'épidote vert-de-pré dans des géodes. Ce quartz sépare le thonschiefer du schiste micacé qui se montre seul dans une grande étendue au passage du Kringelen. Un peu plus loin, les rivières amènent de gros blocs de gneiss remarquable par la quantité de cristaux de feldspath qu'il renferme à la manière du porphyre; le mica y est écailleux, en petites lames posées l'une sur l'autre, sans former une surface continue comme dans le schiste micacé.

Près de Formo, on rencontre des rochers d'un quartz qui ressemble à un porphyre, parce qu'on y voit des cristaux de quartz plus foncé disséminé au milieu d'une base plus pâle; un peu plus loin le gneiss paraît enfin en place. Ce gneiss contient beaucoup de mica qui n'est point écailleux, mais réuni en espèce de feuillets; on y trouve de nombreuses couches de quartz, et des morceaux considérables et anguleux d'un autre gneiss, où le feldspath est dominant, le mica seulement en petites lames isolées et le quartz très-rare; il est plutôt rayé que schisteux, tandis que la masse qui enveloppe ces morceaux est bien distinctement schisteuse : il paraît que c'est un gneiss plus ancien qui a été détruit lorsqu'il se formait un gneiss plus nouveau.

En général, tout le reste de la traversée du Dovrefieldt présente alternativement du schiste micacé et du gneiss; la neige qui couvrait en

core le sol, a empêché l'auteur de déterminer bien positivement si ce dernier sert effectivement de base au schiste micacé, ainsi qu'il est fort probable. Le schnéehattan, d'après l'observation de M. Esmark, est formé de schiste micacé.

Les vallées voisines de la mer, aux environs de Drontheim, quoique situées sous le soixantetroisième degré de latitude, présentent un coupd'œil agréable, une population nombreuse, une végétation active, et la culture des graines céréales; il y a même une petite île au Nord de la ville, où les cerises mûrissent, et où croissent les chênes et les tilleuls, ce qui n'a pas lieu dans le reste de la contrée.

Le terrain dominant y est une roche qui participe des qualités du thonschiefer et du schiste micacé, et qui semble intermédiaire à ces deux formations: au premier aperçu elle paraît toutà-fait semblable au thonschiefer, elle est à feuillets fins, non éclatans; mais les surfaces des feuillets sont recouvertes de petites lames de mica noir, d'un éclat de tombac, ce qui est rare dans le thonschiefer primitif. On y trouve des cristaux d'amphibole, mais presque pas de quartz. Toutefois cette roche présente beaucoup de variations: à Küstadt, notamment, elle contient des boules d'une matière extrêmement dure, bleu-grisâtre, à écailles fines ou à grain fin, qui paraît un mélange de feldspath compacte, d'un peu de quartz et de mica. Cette roche ne doit cependant pas être considérée comme un conglomérat; elle alterne avec des couches de schistes micacé, et la nature micacée

de sa masse principale, quoique d'un gris-bleuâtre et peu brillant, est très-reconnaissable. Près de Stardalen, ces schistes sont si fortement ondulés, qu'on pourrait les comparer à la surface de la mer agitée ; on dirait même, avec plus de justesse, qu'ils sont dentelés comme des queues d'hirondelle. Plus loin, il y a une colline de calcaire gris-noirâtre, à grain très-fin, qui est subordonnée au thonschiefer. Ce dernier contient, près de Levanger, des couches qui annoncent qu'on doit les ranger avec les terrains primitifs et non avec ceux de transition: ce sont notamment des masses formées d'un mélange d'actinote, de feldspath et de jaspe, avec de petites masses rondes d'épidote.

Les bornes de cet article ne nous permettent pas de suivre M. de Buch dans les détails qu'il donne sur son voyage de Drontheim au Finnmarck, ou Laponie danoise, à travers les îles qui bordent cette partie des côtes de la Norwège, contrée montueuse, caractérisée par les formes sauvages, les rochers décharnés, les escarpemens rapides, le nombre et la profondeur des vallées. Ce sont ces vallées, ou plutôt ces crevasses, qui, s'enfonçant plus bas que le niveau de la mer, donnent naissance à ces nombreux canaux qui, séparent les îles, et à ces golfes qui s'avancent dans le continent. Ces montagnes, qui dépendent de la grande chaîne du Kielfieldt, rappellent à chaque instant les Hautes-Alpes par leur aspect, mais sont cependant peu élevées. La masse la plus importante est le Kunnen, sous le 67e degré de latitude,

entre les provinces de Helgeland et de Salten, qui atteint tout au plus 1400 mètres au-dessus de la mer; son sommet est non-seulement couvert de neiges éternelles, mais on y voit un glacier, qui a cela de remarquable, qu'il est le plus méridional dans le N. de l'Europe, et peutêtre le seul connu où les glaces sont baignées par les eaux de la mer. Les montagnes du golfe de Lingen s'élèvent aussi à environ 1300 mèt., et doivent être considérées comme les points les plus élevés qui se trouvent au N. du 68e degré de latitude; il s'y forme beaucoup de glaciers, la limite des neiges perpétuelles y est à

environ 1000 mètres.

Une aussi grande étendue dans le sens du M. au N., que celle de Drontheim au Cap-Nord, présente naturellement une grande dégradation dans la végétation. Les arbres fruitiers ne viennent plus au N. de Drontheim, la culture s'y réduit à l'orge et aux pommes-de-terre, les pins ne dépassent pas le 67° degré. Mais il y a sous ce rapport de singulières variations, dépendantes de la position plus ou moins abritée des lieux par exemple, à Tromsôe, sous le 69° degré et demi de latitude, on ne voit plus de culture, tandis qu'à une petite distance à l'E., dans l'intérieur du golfe, on se croit transporté dans un climat beaucoup plus tempéré, et que plus au N. encore, sous le 70° degré, on trouve le canton d'Alten, dont la température est plus douce que celles des provinces plus méridionales de la côte occidentale : c'est aussi la plus agréable, la plus peuplée et la plus fertile portion de la Laponie danoise; on peut même la regarder comme le point le plus septentrio

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nal du monde où l'on cultive les graines céréales, résultat qui toutefois est dû à l'action et à l'infatigable industrie d'un peuple Finnois connu dans le pays sous le nom de Quan. Les sapins s'y élèvent jusqu'à 250 mètres; on y voit encore de belles forêts de bouleaux (betula alba) à 374 mètres, et ces arbres atteignent jusqu'à 482 mètres; le bouleau nain (betula nana), ne cesse qu'à 837 mètres, et la limite des neiges éternelles y est à y est à 1072 mètres.

Toutes les couches qui se montrent sur ces côtes sont inclinées; beaucoup penchent du côté de l'E., contre le centre des montagnes, mais d'autres s'inclinent vers l'O., et il est trèsdifficile, ou plutôt impossible, de rapporter cette stratification à une règle générale. Cette irrégularité a donné à plusieurs géologues, l'idée d'attribuer l'origine des inégalités du globe au dégagement de fluides élastiques enfermés dans des cavités souterraines. Mais ces fluides devant toujours s'échapper par l'endroit où ils trouvaient le moins de résistance, et laisser le reste intact, comment peut-on concilier leur action avec certaines traces de régularité qu'on remarque assez généralement, non-seulement dans une petite contrée, mais dans une immense chaîne de montagnes?

La portion de la côte et les îles comprises entre la rivière de Bardal, où finit le thonschiefer et les anciennes limites du Nordland et du Finnmarck, est formée de gneiss et de schiste micacé, qui, souvent alternent ensemble, et dans lesquels on peut distinguer trois époques de formation.

La première est celle de cet ancien gneiss qui

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