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tude, et dont l'élévation commence déjà à diminuer à mi-chemin d'Alten, à Kautokénio. L'aspect de ces montagnes y est bien différent de celui des côtes, car elles ne présentent que des plateaux peu creusés, dépourvus d'escarpemens. Leur direction est ordinairement très-mal représentée sur les cartes, où l'on suppose qu'elles atteignent la Finlande; tandis qu'on n'en voit plus aucune trace au Sud et à l'Orient d'une ligne qui passerait à Kautokénio, à Masi, et le long de la rivière de Tana, et qu'après s'être divisées dans les golfes du Finnmarck, son bras oriental se termine au Nordkin, l'extrémité la plus septentrionale du continent européen. Déjà même la partie à l'Orient de la rivière d'Alten n'est pas très-haute, son élévation moyenne étant à peine de 600 mètres, et les sommets les plus élevés qui dominent les plateaux, n'atteignant probablement pas 1100 mètres. C'est cependant ce qu'on trouve de plus haut jusqu'aux monts Ourals; toutes ces régions en général, et la Finlande en particulier, étant fort basses. Le reste de la Laponie, depuis Kautokénio jusqu'au golfe de Bothnie, présente également un pays très plat, parsemé de petites collines isolées, dont la plus haute ne surpasse pas 530 mètres, et le sol qui, à Kautokénio, au pied du Kielfieldt, s'était enfoncé jusqu'à 256 mètres, remonte à 422 mètres, pour atteindre le point de partage des eaux de la mer glaciale et de la baltique, d'où il redescend insensiblement jusqu'au niveau de cette dernière.

Un fait digne de remarque, c'est que la rivière d'Alten, qui a une partie de ses sources Volume 30.

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à ce point de partage, au lieu de couler à travers les plaines du Sud et de l'Est, se dirige au Nord, et traverse toute la chaîne du Kilfieldt par une vallée profonde, escarpée, qui se resserre tellement, qu'on ne peut pas suivre le cours du fleuve. C'est ainsi que le Rhône traverse une chaîne de montagnes entre Martigny et Saint-Maurice, et le Jura entier au-dessous de Genève.

Tous les plateaux entre Alten et Kautokénio, sont dépourvus d'arbres; il n'y croît que l'espèce de mousse qui sert de nourriture aux rennes. En approchant de Kautokénio, on voit reparaître les bouleaux qui s'y élèvent jusqu'à 430, et peut-être jusqu'à 460 mètres. Les sapins reparaissent un demi-degré au Sud, à 405 mètres de hauteur, et les pins vers le 68e degré, à 260 mètres. On voit aussi revenir successivement la culture des diverses plantes céréales et potagères. Les environs de Tornéo ne laissent pas que d'être assez fertiles, ils ont beaucoup gagné sous ce rapport depuis le voyage des academiciens français. Il est bon de remarquer, qu'à latitude égale, le climat de cette partie de la Laponie est toujours meilleur que celui des côtes de la Norwège.

La nature du terrain ne se montre pas trèssouvent dans cette étendue, à cause du défaut de vallées profondes et des végétaux qui cachent les couches pierreuses, même sur les plateaux couverts de mousse du Kiælfieldt. Celles qui se présentent sur ces plateaux, sont le schiste micacé, et plus souvent le thonschiefer semblable à celui d'Alten, où l'on voit aussi quel

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quefois les couches subordonnées de quartz et de diallage.

Dès qu'on descend à Kautokénio, on trouve le granite et le gneiss, roches qui recouvrent tous les pays peu élevés au Sud et à l'Est de la chaîne du Kilfieldt, et que d'après cela, on peut regarder comme servant de base à ces montagnes. La modification de ces roches la plus commune, entre Kautokénio et Tornéo est un granite rouge appelé rapakivi par les Finlandais; il est à grain médiocre, composé de beaucoup de feldspath rouge-de-chair foncé, de mica noir en lames isolées, et d'un peu de quartz gris-bleuâtre, qui manque souvent toutà-fait; il y a aussi de l'amphybole noir, qui même surpasse assez communément le mica pour la grandeur et le nombre des lames. On ne voit point de traces de texture schiste use ou rayée dans ce granite lorsqu'il est bien caractérisé; ses blocs cependant finissent par se déliter à l'action de l'air, et dans quelques endroits il passe réellement au gneiss. Dans ce dernier, le mica noir est le plus abondant, en lames plus épaisses et quelquefois groupées ensemble; le feldspath est à grain ordinairement blanc ou rouge-de-chair très-pâle, le quartz petitement conchoïde. Il renferme quelques aiguilles d'épidote, des grains de titane ferrifère, des couches de calcaire, etc.

C'est aussi dans ce gneiss que se trouvent les minerais de fer des environs de Kangis ainsi que ceux de toute la Laponie et de la Suède, en couches dont l'épaisseur est fort variable, car on en cite qui ont 75 mètres de puissance, et on parle d'une colline où la masse

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de minerai est de 260 mètres. C'est presque partout du fer magnétique en cristaux si petits, que la masse paraît presqu'à petit grain, et même à grain fin. Le minerai qu'on traite à Kangis est difficilement fusible, et donne du fer cassant à froid.

La superposition du gneiss sur le granite se montre assez souvent, principalement sur les petites collines qui s'élèvent au-dessus de la plaine. L'une de ces collines (le Pullingi, près de Pello), présente une disposition particulière. Après y avoir vu le gneiss blanc succéder au granite rouge, on retrouve pardessus le gneiss quelques couches de granite

très-bien caractérisé.

Aux environs de Tornéo, on voit quelques petits lambeaux de roches intermédiaires, c'està-dire du thonschiefer noir, brillant, ressemblant à la grauwacke, et du calcaire compacte noir; il est assez remarquable qu'on trouve aussi des marques de ce terrain à l'extrémité opposée du golfe de Bothnie.

La partie de la Suéde qui borde le côté occidental de ce golfe, entre Tornéo et Stockholm, est en général un pays plat et peu élevé, excepté dans la province d'Angermanie, qui est montueuse, et présente dans le voisinage de la mer des hauteurs qui ont plus de 300 mètres, et qui se rattachent aux montagnes de la Norwège.

C'est sur cette côte qu'on a observé un phénomène bien singulier, celui de l'abaissement du niveau de la mer. Non-seulement ce fait

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est généralement regardé comme certain par tous les habitans du bord du golfe; mais il a été constaté avec la plus exacte attention par plusieurs observateurs instruits, surtout par Celse, et dans ces derniers temps, par les ingénieurs Robsahn et Hallstrom, dont les observations ne sont pas encore publiées. L'équilibre des eaux ne permet cependant pas d'admettre l'abaissement d'une portion de la surface de la mer; de sorte qu'il ne reste pas d'autre moyen de concevoir ce phénomène que de supposer que le sol de la Suède s'élève lentement.

La température moyenne d'Uleo et celle d'Umeo, deux villes de Westrobothnie, l'une sous le 65° degré, l'autre sous le 63° et demi, ont été déterminées avec soin, et ne présentent presque pas de différence (de + 0°. 53 à +0°. 62 R). Aussi on ne voit point reparaître de nouveaux végétaux dans cette partie de la route; mais en continuant de s'avancer vers le Midi, on revoit successivement tous les arbres des pays tempérés. Les premiers pommiers se montrent à Sundsval, en Médelpadie, sous le 62° degré et demi; les frênes, à la rivière de Njurunda (62° degré); l'orme, à Hamrong; le chêne, au Sud de Geffle (60° 40'). Les limites de ce dernier arbre prouvent combien le climat se détériore en s'éloignant de l'océan; car sur les côtes de la Norwège, il croit encore sous le 63° degré ; en Finlande, il ne dépasse pas le 60°, et sur les frontières de l'Asie, entre Kasan et Catherinenbourg, il s'arrête au 57° degré et demi.

Tout le terrain de la côte entre Tornéo et

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