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sium, tel qu'on le suppose dans la combinaison qui forme le carbonate de potasse, devrait approcher de celle même de ce sel, c'est-à-dire de 2,3 à 1. Or, dans l'état où nous le connoissons, il a à peine le tiers de cette pesantenr spécifique. On n'a point d'exemple d'une telle augmentation de pesanteur spécifique dans un corps solide, qui entre en combinaison.

Si on suppose que le potassium ait reçu une certaine proportion d'hydrogène, on a une explication. naturelle de sa légèreté, et l'expérience fait voir que l'amalgame de mercure et d'ammoniaque doit sa grande légèreté à l'hydrogène que les auteurs ont prouvé exister dans sa combinaison. L'hydrogène expliquerait encore la grande volatilité dont jonit le potassium, pendant que la potasse paraît absolument fixe, ou n'avoir que cette volatilité qui dépend des gaz avec lesquels les corps solides se trouvent

en contact.

2o. La propriété qu'ont le potassium et le sodium de donner avec le gaz ammoniacal et avec le gaz hydrogène sulfuré, précisément la même quantité de gaz hydrogène qu'avec l'eau.

Pour expliquer ce second fait, M. Davy avait prétendu que tous les corps ayant entre eux des rapports constans de saturation, c'est une conséquence nécessaire que le potassium dégage la même quantité d'hydrogène avec l'eau, le gaz ammoniac et l'hydrogène sulfuré. Les auteurs font voir que cette explication ne s'accorde pas avec d'autres faits; ils n'en substituent point d'autres; toutefois ils concluent: qu'une objection qui n'a pour elle que la singularité d'un

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D

fait nouveau qui s'écarte d'un fait connu, ne repose pas sur une base assez solide.

Cette réflexion ne fait pas disparaître la difficulté qui naît pour l'hypothèse des métaux, de la quantité précisément égale de gaz hydrogène qui se dégage dans l'action du potassium sur l'eau, sur le gaz hydrogène sulfuré et sur le gaz ammoniac. Cette coïncidence de produits dans trois cas si différens nous paraît avoir un grand poids dans l'évaluation des probabilités de chacune des deux hypothèses.

3. La propriété qu'ont le potassium et le sodium d'absorber le gaz hydrogène à une température un peu élevée, et de n'absorber le gaz azote à aucune température.

On a vu que dans l'action du potassium sur le gaz ammoniac, il se forme une substance de couleur olive. Lorsqu'on soumet cette substance à la chaleur, il se dégage trois cinquièmes de l'ammoniaque, ou de ses élémens. Dans l'hypothèse des hydrures, on suppose que deux cinquièmes de l'ammoniaque restent combinés alors avec le potassium, privé de son hydrogène; et dans celle des métaux, on suppose que tout l'hydrogène de l'ammoniaque a été chassé, et qu'il n'est resté que de l'azote en combinaison avec le potassium. Il s'agit d'examiner s'il est probable que l'azote puisse former une combinaison assez puissante avec le potassium, pour chasser tout l'hydrogène et rester seul.

Nous avons d'une part, à considérer la puissance de combinaison de l'hydrogène, et d'autre part, celle de l'azote. De toutes les substances connues, c'est l'hydrogène qui montre la plus puissante affinité. Il suffit, pour s'en

convaincre, de considérer sa force réfringente, le pouvoir qu'il exerce sur l'oxygène, dont il fait disparaître les propriétés caractéristiques, par une petite proportion, et les combinaisons nombreuses qu'il forme, dès que les circonstances sont favorables; et, pour ne pas s'écarter des métaux, on connaît des combinaisons qu'il forme avec eux. Bien plus, les auteurs ont fait voir que dans l'état élastique même, il pouvait,

dans une certaine étendue de l'échelle thermométrique, former une combinaison avec le potassium et le sodium.

L'azote, au contraire, n'entre que dans un petit nombre de combinaisons peu stables, et jusqu'ici on n'a pu en former aucune combinaison avec les métaux, soit dans l'état de gaz, soit dans l'état naissant. Les auteurs, eux-mêmes, ont en vain tenté de le combiner avec le potassium et le sodium.

Il nous paraît donc plus naturel de faire intervenir dans la combinaison qui se forme dans cette circonstance, l'action de l'hydrogène ou de l'ammoniaque, que celle de l'azote seul.

Après avoir discuté les motifs que l'on peut alléguer en faveur de l'hypothèse des hydrures, les auteurs exposent ceux qui ont décidé leur préférence.

Nous ne pouvons même indiquer toutes les raisons dont ils se servent pour appuyer l'hypothèse de la nature métallique du potassium et du sodium. Il est juste que ceux qui voudront porter un jugement sur cette question, ayent recours à l'ouvrage. Nous nous bornerons aux considérations qui paraissent avoir le plus de poids.

1o. L'éclat métallique, l'opacité et la propriété conductrice du potassium et du sodium; mais ces caractères avaient paru peu importans aux auteurs eux-mêmes, puisque, d'abord, ils n'empêchèrent pas la préférence qu'ils donnèrent à l'hypothèse des hydrures. En effet, il y a tant d'autres substances qui présentent un éclat qu'on peut appeler métallique. Le charbon par exemple, qui se dépose, lorsqu'on fait passer les produits des substances végétales à travers un tube incandescent, a cet éclat à un haut degré. Il possède aussi l'opacité; de plus, le charbon est un conducteur de l'électricité.

2o. Leur préparation au moyen des carbonates alkalins parfaitement secs ; et à ce chef se rapportent plusieurs observations sur l'état sec des combinaisons alkalines.

Il est certain que, pour adopter l'hypothèse des hydrures, il faut nécessairement admettre que les alkalis purs contiennent une certaine quantité d'eau, comme le gaz muriatique; etque, lorsqu'ils entrent en combinaison, ils retiennent une portion de cette eau que l'action des acides, aidée de celle de la chaleur, ne peut en chasser; mais, dans l'hypothèse des métaux, ne faut-il pas admettre que le potassium et le so

dium retiennent dans les mêmes circonstances la quantité d'oxygène qui les réduit au second état d'oxydation? Et ces deux quantités ne diffèrent entre elles que de la petite proportion d'hydrogène que l'on suppose combinée avec le potassium et le sodium.

. Si l'on considère, d'un autre côté, que les alkalis purs exercent une grande action sur l'eau, en sorte qu'on ne peut leur faire aban

donner celle qui s'y trouve incontestablement, que par le moyen d'une combinaison; qu'ils l'enlèvent à l'air et deviennent déliquescens, pendant que ce n'est que dans quelques circonstances qu'ils peuvent attirer l'oxygène, et qu'alors ils le retiennent si faiblement, que le seul contact de l'eau chasse tout ce qui constitue le dernier degré d'oxydation, il ne paraîtra pas invraisemblable que les alkalis puissent retenir une portion d'eau, lorsqu'ils se combinent avec les acides qui eux-mêmes exercent une action puissante sur l'eau.

3o. La grande analogie qu'il y a entre les alkalis et les oxydes métalliques.

L'ammoniaque, que les auteurs ne regardent eux-mêmes que comme une combinaison d'hydrogène et d'azote, affoiblit bien cette analogie, si elle ne la fait pas disparaître. Les propriétés chimiques de l'oxyde d'arsenic et de l'oxyde d'antimoine paraissent assez éloignées de celles de la potasse. Plusieurs oxydes métalliques forment avec les alkalis des combinaisons qui ont assez de stabilité, et qui même cristallisent régulièrement, et on ne connaît point de pareilles combinaisons entre les alkalis, à moins qu'on ne confonde la silice et l'alumine avec les alkalis.

Quoi qu'il en soit, nous passons aux décou- 4o. partie. vertes des auteurs qui composent la quatrième Son objet. partie de leur ouvrage.

Cette dernière partie est consacrée à un objet qui n'a pas un rapport immédiat avec les recherches précédentes, mais qui n'offre pas moins d'intérêt. C'est une nouvelle analyse des substances végétales et animales, ou une dé

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