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unes des autres; après quoi l'on continue l'approfondissement du puits, et l'on recommence de nouvelles galeries; on s'enfonce ainsi jusqu'à ce que l'on trouve l'eau, ou que l'on ne puisse plus parvenir à l'épuiser sans beaucoup de dépenses.

On va se placer ailleurs pour percer de nouvelles fosses, lorsque les premières sont stériles en mine, ou qu'on en a extrait toute celle qu'elles pouvaient produire.

En certains lieux, les fosses n'ont pas plus de 20 mèt. de hauteur, et dans d'autres, elles ont jusqu'à 80 mèt. ; cela dépend de la profondeur à laquelle on trouve l'eau, car jamais l'on n'a rencontré la fin des gîtes.

Quand l'on doit tirer la mine profondément, les fosses sont accouplées pour la circulation de l'air; dans les autres cas, il n'y a qu'une seule de ces fosses on les fait circulaires sur un mètre environ de diamètre, et on les boise avec des cerceaux.

Dans les gîtes de minerai jaune, les galeries ont un mètre de largeur sur deux mètres de hauteur; quelquefois elles forment voûte à la partie supérieure, et elles sont boisées avec des cerceaux; d'autres fois on préfère, avec raison, de les soutenir par deux montans recouverts par un chapeau. Dans les gîtes de minerai rouge qui sont ordinairement peu inclinés, la galerie n'a que l'épaisseur du banc de mine, et on ne boise qu'avec des montans placés perpendiculairement du toit au mur.

La pioche est l'intrument employé pour creuser les fosses ou pour percer les galeries; quelquefois cependant, avant d'arriver à lá

mine rouge, on doit employer la poudre pour traverser des bancs de grès supérieurs. La mine que les galeries d'exploitation fournissent, se met dans des paniers d'osier que l'on élève au jour à l'aide de treuils mus par un seul homme et que l'on place au-dessus des fosses.

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Si l'on descend plus bas que le niveau de l'eau, on se sert de tonnes que les treuils d'extraction élèvent au jour; cet épuisement se fait à des invalles réglés, lorsque le puisard qu'on a ménagé au-dessous des galeries d'exploitation est plein. Les mines jaunes donnent quelquefois de l'eau qui vient du terrain de transport qui leur est supérieur; alors on la reçoit immédiatement au-dessous, dans une rigole placée dans la fosse en forme d'anneau circulaire, construite avec des cerceaux, et au fond de laquelle on a battu de la glaise; quand cette rigole est pleine d'eau, on tire une cheville, qui bouche un trou correspondant avec le fond de la rigole, et l'eau tombe dans le puisard.

Lorsque la mine est de bonne qualité, on fait quelquefois plus de dépense pour épuiser l'eau ; j'ai vu, dans la campagne de Morialmé, une machine hydraulique al mentée par une mare d'eau, qui faisait mouvoir huit pompes en bois.

Les exploitations sont faites par des ouvriers mineurs qui travaillent séparément, par bandes de trois hommes, soit pour leur propre compte, soit pour celui des maîtres de forges qui, dans tous les cas, ne les payent qu'à raison de tant par mesure. Le plus souvent les anciens réglemens qu'ils suivent encore, ne leur donnant pas le droit de s'étendre horizontalement au

delà de 10 mèt. de leurs fosses, il en résulte nécessairement, ou que les fosses sont les unes sur les autres, si le minerai est abondant, ou qu'elles sont seulement répandues çà et là, sans communication les unes avec les autres, si le tinerai a moins de suite. En premier lieu, ce que l'on ne prend pas sur la hauteur où s'exécutent les travaux, est à jamais perdu, de même que la surface du terrain à la place de laquelle il se forme un entonnoir; tandis que dans la seconde circonstance, on laisse entre les fosses, des intervalles entiers, sans y faire aucune recherche. On voit partout, dans l'arrondissement de Dinant, des exemples de la première méthode d'extraire la mine; aujourd'hui le plus grand champ d'exploitation est dans la campagne d'Yves, où il se trouve un si grand nombre de fosses voisines, sur la direction et sur l'épaisseur du gîte, que l'ensemble des paillassons, placés au-dessus de ces fosses pour mettre à couvert les ouvriers qui élèvent le minerai au jour, présente l'aspect d'un camp couvert de tentes; aussi cette exploitation at-elle reçu le nom de camp de Boulogne. Comme on n'exécute aucun remblai, et qu'on ne bouche aucune fosse, cette campagne est toute écrasée et elle se changera, avec le tems, en une mare d'eau, comme cela a eu lieu dans toutes les exploitations qui ont été faites depuis des époques très-reculées, sur les parties riches des filons de cet arrondissement.

Les gîtes de minerai jaune étant plus étroits dans l'arrondissement de Namur, et le plus souvent la veine de bon minerai qu'ils renferment n'ayant que la largeur d'une galerie, on

n'a ordinairement qu'une galerie de direction à percer à chaque niveau ; on en augmente la largeur, en formant une autre galerie parallèle contigue, dans les endroits où la veine devient plus puissante. Ici les ouvriers se réunissent quelquefois pour faire des galeries de direction assez longues; dans ce cas, chaque bande ne perce qu'une seule fosse qui est mise en communication avec celles des autres bandes, afin qu'elles se servent réciproquement de fosses d'airage; par-là, on diminue la quantité de massifs qu'on laisserait entre les travaux des fosses, s'ils étaient séparés les uns des autres.

Nous devons dire aussi que quelques ouvriers intelligens descendent avec leurs fosses jusqu'au niveau de l'eau, et qu'ils remontent par des galeries successives jusqu'aux anciens travaux, en remblayant, à mesure, avec les sables ou gan.gues stériles qu'ils rencontrent, soit en poursuivant la veine dans sa direction, soit parce que cette veine est moins large que leur galerie d'exploitation; mais presque toujours, on les voit commencer immédiatement sous les anciens travaux, et descendre ensuite avec des galeries plus basses, en laissant entre celles-ci et les supérieures des intervalles non exploités; quelquefois, à la vérité, ils ne laissent point d'intervalle, et le ciel de la galerie d'en dessous est au sol de celle qui était placée plus haut, et que l'on a eu soin de remblayer. Quand il reste un massif intermédiaire .entre deux galeries comme alors on n'a pas rempli les vides du tout ou du moins suffisamment, il arrive ordinairement que ce massif s'éboule à la longue, et que le bon minerai qui s'y trouve se mêle

avec les sables des parties avoisinantes ou des galeries déjà exploitées, et les minerais éboulés n'étant plus assez riches, on n'y revient plus, et on les laisse. On préfère, dans la saison d'été, lorsque les eaux sont basses, prendre de la mine sous les anciens travaux, en s'établissant immédiatement sous les déblais qui, au bout d'un certain tems, acquièrent une consistance égale à celle des veines de minerai.

En hiver, où les eaux se tiennent à un niveau plus élevé, on se décide à fouiller sur les massifs laissés entre les travaux des diverses fosses; il n'est pas toujours facile de les retrouver, parce que les ouvrages n'ayant pas été conduits régulièrement, ces massifs ne règnent pas sur toute la hauteur, d'abord ils sont sur un même aplomb, tandis que plus bas ils s'en écartent. On travaille encore, ce qui est beaucoup plus sûr, sur les nouvelles veines ou parties de veines que l'on découvre et où l'on n'a pas encore tiré de mine.

Il est certain que, malgré la mauvaise disposition des exploitations, il reste encore beaucoup de minerai à prendre au-dessus du niveau naturel des eaux intérieures; cependant il ne faut pas croire que ces mines soient intarissables; déjà, en quelques endroits, on s'aperçoit qu'elles fournissent de moindres produits, et par conséquent il est tems de songer à assurer les approvisionnemens des fourneaux pour l'avenir. Il convient donc de creuser des canaux d'écoulement qui en asséchant les gîtes sur une grande hauteur, permettent de les exploiter beaucoup au-dessous du niveau auquel on les a travaillées jusqu'à présent. C'est

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