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comme dépourvu de substances minérales susceptibles d'exploitation, il importait cependant de vérifier les indices que présente son territoire, et de savoir précisément à quoi s'en tenir sur l'état des choses dans cette nouvelle partie de l'Empire français. Indépendament des renseignemens qu'on avait été à portée de recueillir, la structure montueuse du pays donnait un préjugé favorable; d'ailleurs l'annonce d'une mine de houille auprès de la ville de Sarzane, eût suffi pour motiver l'envoi d'un homme de l'art sur les lieux. Effectivement Sarzane est située à un myriamètre des grands établissemens maritimes que S. M. l'Empereur et Roi fait fonder à la Spezzia, et il faut convenir que l'existence d'une mine de houille, susceptible d'exploitation, et située à une si grande proximité du nouveau port, serait d'un avantage inappréciable: tels ont été les motifs de la mission dont j'ai été chargée.

J'ai fait connaître par ma correspondance les obstacles que j'ai éprouvés sur les lieux, pour compléter les renseignemens qui m'avaient été fournis, ou pour en acquérir de nouveaux ainsi que la fausseté de la plupart des indices, et la peine qu'il a fallu prendre dans un pays si difficile, à tous égards, pour les vérifier les uns après les autres. Je me suis attaché à rendre compte, dans des notices préliminaires, des objets qui m'ont paru dignes de quelque intérêt. Quoique le résultat de mes recherches ait été à peu de chose près négatif, le Gouvernement en retirera au moins cet avantage; c'est qu'il pourra fixer son opinion sur les richesses minérales du département des Apennins.

Ces richesses se bornent aux mines suivantes. Savoir:

1o. La mine de houille de Caniparola.

2o. La mine de bois fossile de San-Lazaro. 3o. Les deux mines de manganèse de la Rochetta et de Fagiona.

4°. La minière de terre brune de la Rochetta. Aucune de ces mines n'a été l'objet d'une concession, soit de la part des anciens Gouvernemens, soit de celle du Gouvernement français. Les propriétaires de la surface du sol ont joui jusqu'à présent de la faculté d'en disposer à leur gré.

On n'exploite aucune de ces mines. La première est la seule qui mérite quelque intérêt; on en a extrait de la houille pendant quinze ans, elle est abandonnée depuis plusieurs années. La mine de San-Lazaro est simplement reconnue; on n'y travaille point. La mine de manganèse de la Rochetta a été très-foiblement exploitée pendant une vingtaine d'années; on l'a abandonnée dans ces derniers tems. La mine de manganèse de Fagiona a été l'objet de quelques travaux, il y a plus de vingt ans; elle est actuellement abandonnée. Enfin, la minière de terre brune de la Rochetta a été seulement l'objet de quelques tentatives d'exploitation dans ces dernières années. Chacune de ces mines au reste, sera décrite en détail ciaprès.

J'ajouterai maintenant que dans le cours de mes recherches, j'ai u occasion de recueillir des données assez précises sur les autres branches de l'industrie minérale, qui ne ressortent

pas aussi médiatement de la Direction des Mines. Il existe dans le département des Apennins,

Une verrerie.

40 fours à brique.

8. fours à chaux.

4 fours à plâtre. (Deux de ces fours n'ont point travaillé).

4 carrières de marbre.

43 carrières d'ardoise.

Enfin, un très-grand nombre de carrières de pierre à bâtir.

Le tablean qui termine le travail dont je publie ici le résultat, fait voir que les produits bruts de ces différentes exploitations se sont élevés, pour l'an 1809, à la somme de 502,000 f. environ; les deux tiers de ces produits ont été exportés du département par mer; leur confection a occupé plus de 700 ouvriers, et a occasionné une consommation, en bois, de 21,800 stères. Il sera fourni une notice sur ces différentes exploitations; mais avant d'entrer dans aucun détail, il convient de donner une idée de la constitution minéralogique du. département. La nature du sol expliquera l'absence presque totale des minerais métalliques et principalement celle du minerai de fer.

Je diviserai cette statistique en trois parties. La première aura pour objet la description minéralogique du département, la seconde traitera des mines et minières, et la troisième sera consacrée aux carrières, usines et fabriques qui en dépendent.

PREMIÈRE PARTIE.

Description minéralogique du département.

Le département des Apennins est composé de différens territoires qui appartenaient soit à la république de Gênes, soit aux Etats de Parme, soit à ceux de Lombardie, soit au royaume d'Étrurie; il contient actuellement des enclaves dépendans du royaume d'Italie. Les mines de manganèse et de terre brune de la Rochetta sont, ainsi qu'une partie de la mine de Caniparola, situées dans ces enclaves.

Au Nord, le département des Apennins est borné par le département du Taro; à l'Est, par celui de Crastolo et la principauté de Lucques; au Sud, par la Méditerranée, et à l'Ouest, par le département de Gênes

Sa figure est à peu près celle d'un triangle équilatéral dont un côté regarde l'Orient, tandis que les deux autres sont tournés vers le N. O. et le S. O.; sa surface est d'un peu plus de 36 myriamètres carrés; la côte a 7 myriam. de longueur, et plus de 12 myriam. de développement; c'est la plus belle partie du département; elle est extrêmement fertile, bien cultivée et très-commerçante; elle est remarquable par la plaine et la ville de Sarzane, par les petits ports de Porto-Fino, Rapallo, Chiavari, Lavagna, Sestri, Levanto, Lerici, PortoVenere, et surtout par celui de la Spezzia qui

se trouve placé dans le fond du golfe de ce nom, un des plus beaux de la Méditerranée. L'entrée de ce golfe est défendue à l'Ouest par les petites îles de Tino, Tinetto et Palmaria, qui ne sont pas seulement intéressantes par une végétation romantique, mais encore parce qu'elles sont composées en entier de trèsbeau marbre à fond noir, et qu'elles fournissent ce célèbre portor.

La côte, au reste, est presque partout bordée de montagnes, et. l'intérieur du département en est entièrement couvert. Il est impossible de voir un pays plus entrecoupé, et d'un accès plus difficile; excepté quelques portions de grande route tracées le long de la mer, on ne trouve partout ailleurs que des sentiers praticables seulement à cheval ou à mulets. L'été, c'est dans le lit des torrens qu'on voyage; l'hiver, c'est sur les hauteurs qu'il faut passer. La stérilité des montagnes se joint à la difficulté des communications. D'après ces détails on ne sera pas surpris que le département des Apennins soit encore peu avancé sous le rapport de l'industrie.

Les montagnes qui couvrent toute la surface du département, sont une section de la longue chaîne des Apennins elles offrent les cimes les plus élevées de toute la chaîne. La ligne de séparation des eaux versantes traverse le département par le milieu, et court à peu près de l'E. à l'O.; il faut dire à peu près, car la crête centrale est assez sinueuse. On ne voit, pour ainsi dire, aucune vallée proprement dite, au milieu de cette confusion de montagnes ;

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