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mais une foule de gorges profondes et constamment transversales à la direction générale de la chaîne. Les chaînons sont comme pressés les uns à côté des autres; il n'existe communément entre eux qu'un étroit passage pour l'écoulement des eaux. Le pied de chaque chaînon offre ordinairement des escarpemens abruptes ou des pentes très-rapides, tandis que les cimes présentent presque partout des formes arrondies, ou en dos d'âne. Les formes tranchantes appartiennent à un très-petit nombre de crêtes, les sommets les plus élevés se soutiennent à 12 et 1300 mèt. dans le centre de la chaîne, et à 6 ou 800 le long de la Méditerranée; du côté de la Lombardie, l'élévation des montagnes se soutient fort au-delà de la frontière du département. On sait que la pente générale du revers septentrional de l'Apennin arrive jusqu'auprès du Pô. Les cols par lesquels on franchit le faîte de la chaîne, sont généralement élevés de 8 à 900 mèt. Enfin, le département n'est point arrosé par des rivières, mais par un grand nombre de torrens qui roulent d'énormes galets, et qui pour la plupart sont à sec pendant la belle saison; les plus considérables sont la Magra qui verse à la Méditerranée au-dessus du golfe de la Spezzia, et le Taro, qui va se jeter dans le Pô au-dessous de Crémone.

La disposition du terrain donne lieu dans l'intérieur de la chaîne, à de très-belles chutes d'eau, dont on a tiré partie pour construire différentes espèces de moulins. Un grand nombre de ces chutes conviendrait à des usines à fer ou à cuivre; le centre des montagnes est

d'ailleurs couvert de bois dont on ne tire aucun parti; mais ces avantages sont plus que balancés par les inconvéniens qui résulteraient de l'excessive difficulté des communications et de la distance à la mer qui ne pourrait guère être moindre de 5 à 6 myriam. Aussi n'est-il pas étonnant qu'on n'ait jamais tenté de former aucun établissement à l'instar de ceux de la Toscane et du département de Montenotte qui traitent le minerai de l'île d'Elbe. Après avoir examiné plusieurs localités, et notamment les environs de Borsonasca (arrondissement de Chiavari), qui paraissaient réunir les conditions les moins defavorables, je me suis convaincu qu'il fallait renoncer à l'espoir d'augmenter les débouchés du minerai de l'île d'Elbe, par des établissemens nouveaux dans le département des Apennins.

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On a dit, et ceci est devenu l'opinion commune des géologues, que la composition des Apennins était simple, et leur structure compliquée. On trouve presqu'à chaque pas des preuves du contraire dans le département qui est l'objet de ce travail : non-seulement la structure des montagnes y est facile à saisir mais encore on reconnaît promptement combien on a eu tort de supposer qu'elles étaient presque uniquement composées de pierre calcaire. Ön y rencontre trois sortes de terrains très-distincts, et chacun de ces terrains offre des associations, jusqu'à présent inobservées, de roches très-variées.

La portion de la chaîne des Apennins qui compose le département de ce nom est, à proprement parler, formée d'un mélange de sol

primitif et de sol secondaire en couches presque toujours posées sur la tranche, et dont la direction se montre constamment perpendiculaire à l'axe de la chaîne ou à peu près. L'inclinaison de ces couches a lieu à l'E. S. E., tantôt à l'O. N. O. et sous tous les angles possibles.

On trouve en outre le long de la côte, et notamment sur les falaises primitives et secondaires dont la mer est bordée en beaucoup d'endroits, quelques lambeaux de terrain tertiaire disposés en couches horizontales. Plusieurs de ces lambeaux sont comme suspendus à 100, 200, et jusqu'à 600 mèt. d'élévation audessus du niveau de la Méditerranée. Le célèbre cap de Porto-Fino offre un bel exemple de ce singulier gisement.

Le sol primitif constitue en surface un peu moins de la cinquième partie du département. Le sol tertiaire n'en couvre pas la vingtième partie; le terrain secondaire compose le reste, c'est-à-dire près des quatre cinquièmes.

- On voit d'après ce qui précède, que la disposition des couches explique parfaitement pourquoi les gorges et les vallées sont constamment transversales, et la ligne des eaux versantes sinueuse; pourquoi les cîmes sont partout trèsnombreuses, et comment l'élévation des montagnes se soutient dans toute la largeur de la chaîne, surtout à la lisière méridionale où on les voit plonger abruptement dans la Méditerranée; en un mot, elle rend parfaitement raison des conditions que présente le relief de la chaîne.

Le sol primitif ne constitue point une surface de terrain continue; il est à découvert par

place, et perce au milieu du terrain secondaire en une foule d'endroits. On en trouve des portions plus ou moins étendues dans toute la largeur de la chaîne, même aux bords de la mér. En général, il se montre dans les parties centrales, et les cimes les plus élevées appartiennent plutôt à la formation primordiale qu'à la formation secondaire. Les roches primitives sont à commencer par les plus an

ciennes.

1o. De granite à gros et à petits grains de diallage grise métalloïde et de feldspath blanc,

ou verdâtre.

2o. De porphyre à base de feldspath compact, blanc, gris, ou verdâtre, avec des cristaux de diallage métalloïde.

3°. De feldspath compact pur, de couleur verte et quelquefois variolitique.

4°: De serpentine verte, massive, ou schisteuse, pleine, ou porphyrique à cristaux de diallage métalloïde.

50. De schiste argileux primitif gris ou verdâtre, mêlé de talc et quelquefois de quartz.

6o. De calcaire blanc ou bleuâtre, tantôt granitique, tantôt grenue, et tantôt compacte.

Quoique ces roches alternent fréquemment ensemble, ou les trouve rarement réunies dans le même chaînon de montagne. Leur stratification ne devient bien évidente que dans les endroits où elles sont schisteuses, ou entremêlées. La serpentine et le granite de diallage et de feldspath sont les matériaux les plus abondans; le calcaire forme des montagnes presqu'à lui seul du côté de Carrare.

Partout où l'on peut observer la superposi

tion, ou plutôt l'adossement du secondaire au primitif, on reconnaît que les couches de l'un ne sont presqué jamais parallèles à celles de l'autre, quoique toutes soient à peu près dirigées dans le même sens.

Les roches secondaires sont, en commençant par les plus anciennes :

1o. Des brèches très-dures, à ciment calcaire et à fragmens primitifs souvent énormes, qui tous paraissent être les débris du sol primordial des Apennins. La serpentine domine dans ces brêches.

2o. Des grès argileux de couleur verdâtre, rougeâtre ou grise; les grains sont de même nature que les fragmens contenus dans les brèches; on y trouve en outre des lames brillantes qui sont ou de mica ou de diallage.

3. Des schistes argileux à pâte très-fine, verte, grise, brune ou rougeâtre.

4°. Des jaspes rouges, verts, bruns, ou noirâtres, et souvent rubanés de ces différentes couleurs; ils servent de gîte au manganèse et à la terre brune de la Rochetta et de Fagiona. 5o. Des pierres calcaires argileuses trèsdures et très-compactes, des mêmes couleurs que les deux variétés précédentes.

6o. Des grès très-dures à ciment quartzeux de couleur grise ou verdâtre, composés de grains de quartz, feldspath et mica; ces grès renferment souvent des fragmens de quartz et de schiste noirs d'un ou plusieurs centimètres de grosseur. On y trouve une couche de houille à Caniparola.

7°. Des schistes argilo-calcaires noirs ou gris à pâte très-fine: ces schistes fournissent une

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