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petites machines à molettes, on construisit un fourneau pour la carbonisation de la houille; en un mot, les travaux reçurent de suite une grande impulsion; mais cette activité fut de peu de durée. Les fabriques qui pouvaient consommer la houille soit à Livourne, soit en d'autres endroits sur la côte, ne voulaient la recevoir qu'à très-bas prix, et d'une autre part, des expériences que M. Boury avait tentées pour la réduction du minerai de l'île d'Elbe, ne parurent pas assez concluantes à ses associés pour entreprendre l'établissement d'une fonderie.

Voici le précis des expériences de M. Boury, tel qu'il m'a été communiqué par M. le Préfet du département des Apennins.

M. Boury dit avoir opéré dans un bas fourneau de fusion de son invention, et qu'il ne décrit pas. On commença l'opération en passant et en fondant du minerai avec du charbon de bois mêlé d'un peu de charbon de houille; la proportion de ce dernier ayant été successivement augmentée, le charbon de bois se trouva supprimé au troisième jour, etle fondage continua avec succès. On consomma deux kilogrammes de charbon de houille pour obtenir un kilogramme de fonte: M. Boury ajoute que la fonte obtenue fut ensuite convertie avec assez de facilité en fer d'une qualité médiocre.

On ne peut rien préjuger de l'expérience de M. Boury; mais on peut dire seulement, qu'il avait les meilleures intentions. Il employa beaucoup d'ouvriers, fit des travaux préparatoires d'extraction assez considérables, et tira même beaucoup de houille qu'il livra au comVolume 30.

G

merce; définitivement ilabandonna les mines en 1807: on n'y travaille plus depuis cette époque.

Les vestiges d'exploitation que j'ai trouvés sur les lieux, consistent en trois puits ouverts, un autre effondré, et les restes de deux petits engins.

Le puits le plus éloigné du côté du Nord est muraillé, circulaire, ayant 26 décim. de diamètre, et 20 mètres de profondeur.

A environ 28 mètres au S. O. de celui-ci, on trouve un puits effondré qui, au rapport des anciens mineurs, était boisé, et de forme parallélogrammique.

En suivant le coude que fait l'affleurement pour retourner au S. S. E., on voit à 40 mètres de distance environ, un troisième puits de forme ovale et solidement muraillé; ses dimensions sont de 28 décim. sur 17, sa profondeur est de 21 mètres.

Enfin, en traversant le torrent, on trouve au milieu des vestiges des anciens travaux, un puits circulaire muraillé, ayant près de 3 mèt. de diamètre, sur 19 mètres de profondeur.

On ne peut descendre dans aucun de ces puits, ils sont pleins d'eau, ainsi que les galeries; les trois premiers communiquaient ensemble.

On donnait aux galeries d'extraction de deux à trois mètres de largeur sur trois de hauteur, les deux petits engins étaient placés sur les troisième et quatrième puits; il n'en reste plus d'autre vestige qu'un arbre, et les deux chantiers de molettes. Le tout est hors d'état de service.

Tous les travaux étant inondés, il m'a été impossible d'en prendre une connaissance plus détaillée; je me suis procuré des échantillons de

la houille extraite, chez les paysans voisins de la mine, qui presque tous en ont conservé par curiosité.

Cette houille a tous les caractères de la houille sèche de bonne qualité; elle est luisante, dure, casse en gros fragmens cubiques, et ne se résout en fragmens que par une lon、 gue exposition à l'air libre. Au feu, elle décrépite d'abord un peu, brûle avec une flamme claire et vive, et se réduit paisiblement en petits fragmens à mesure qu'elle se consume. Ces échantillons examinés ne contenaient point de pyrites pour s'assurer positivement de leur nature, on les a soumis aux expériences sui

vantes.

On a pris 500 grammes de houille pulvérisée, et on l'a soumise à la distillation dans une cornue; on a obtenu du gaz hydrogène sulfuré et carboné, un flegme ammoniacal et de l'huile bitumineuse, le résidu pesait 391 grammes; il se composait d'une poudre charbonneuse, qui par une incinération très-longue et très-difficile, a donné 28 grammes de cendre brune; on a essayé cette cendre, et on a reconnu la présence de la chaux, de l'alumine et du fer. La houille de Caniparola contient donc sur cent parties:

Hydrogène sulfuré et carboné.
Flegme ammoniacal.

Huile bitumineuse.

Charbon difficile à brûler.

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41,8

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72,6

5,6

100

Si toute la houille de Caniparola ressemble aux échantillons examinés, l'analyse précédente prouve que cette houille ne peut guère être employée sans mélange, si ce n'est pour le chauffage et les grilles très-serrées, ainsi que pour le travail des très-petites pièces à la forge. Il n'est pas douteux qu'en la mêlant avec du charbon gras dans la proportion d'un tiers, de moitié, ou même des trois cinquièmes, elle ne puisse être avantageusement employée pour tous les usages possibles, soit à la grille, soit à la forge; mais je ne présume pas que son charbon soit susceptible d'être utilement substitué au charbon de bois dans la réduction du minerai de fer au haut fourneau pour obtenir de la fonte. Je pense, qu'à cet égard, il n'y a aucune induction à tirer de l'expérience de M. Boury, citée précédemment, et que pour raisonner avec certitude, il faudrait des épreuves plus authentiques, dont les détails et les résultats seraient parfaitement connus.

La disposition de la houille de Caniparola, en une couche verticale, en rendra toujours l'exploitation facile. Si on venait à reprendre les travaux, on pourrait très-bien se servir des puits muraillés qui ont été décrits; leur largeur est suffisante, et je les crois en bon état. Je pense que d'après les renseignemens pris sur les lieux, tant sur la valeur des bois que sur celle de la main d'œuvre, le maximum du prix de la houille extraite pourrait être de 1 franc 20 centimes le quintal métrique pendant les deux premières années, et que par suite il serait nécessairement beaucoup moindre.

Le transport jusqu'à Marinella, pourrait

coûter au plus 40 centimes le quintal métrique:

En supposant donc qu'on vendît la houille rendue dans le port de Marinella au prix de 2 f. le quintal métrique, il en résulterait que le bénéfice de l'extracteur serait au moins de 20 pour 100; mais on pourrait sans inconvénient la tenir à un prix plus élevé.

La houille qui se consomme sur la côte d'Italie vient des mines de Saint-Étienne, et de Rive-de-Giez. Cette houille est descendue jusqu'à Arles sur des bateaux du pays; là, on la charge sur des allèges qui la portent par mer à Marseille; de Marseille on l'expédie sur des tartanes. L'année dernière elle a été payée 4 fr. 50 cent. le quintal métrique, par la marine de Toulon; à Gênes, ateliers impériaux l'ont constamment payée 6 f. le quintal métrique rendu dans la Darse (1).

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L'ouverture des mines de houille de Cadibona dans le département de Montenotte, ne permet pas d'espérer aucun débit de celle de Çaniparola dans le port de Gênes, ni le long de la rivière du couchant; mais les mines de Livourne, et la marine impériale de la Spezzia ne manqueraient pas d'en consommer une quantité considérable, et qu'on peut essayer d'évapar approximation.

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(1) Il est tout simple que la houille revienne plus chère encore à mesure qu'on s'éloigne du point du départ. A la vérité la guerre a augmenté le prix du nolis de près du double; mais en admettant que la houille de Saint-Etienne et de Rive-de-Giez, rendue à Gènes, dût revenir à 5 francs, tems et terme moyens, on ne s'écarterait pas sensiblement de la vérité.

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