Page images
PDF
EPUB

deux por

Florimont'. On y retrouvait distinctes les tions de l'ancienne marche d'une part, des parcelles très morcelées, champs labourables, prés et vignes; d'autre part, de grandes forêts, le Bois de la Ville, le Banbois, le Bois Banal du Seigneur ou Fahy, et de nombreux étangs naturels ou artificiels, qui étaient une source de richesse pour le pays.

Le second élément consistait dans les territoires et dans les droits fonciers que les ducs avaient ajoutés à la seigneurie primitive. Ils avaient détaché de leur bailliage de Delle des droits et des terres à Courcelles, Courtelevant, Faverois et Joncherey. Ils avaient enlevé Réchésy à la mairie de Seppois-le-Haut'. Ils avaient séparé de l'ancien comté de Ferrette Grosne, Boron, Suarce, le Puix. Par une série d'arrangements de ce genre, ils avaient groupé sous le nom de Florimont des biens ou des droits dans les villages de Beurne

1. Le territoire de la commune actuelle de Florimont est plus étendu que le ban de l'ancienne communauté, car il a été formé par la réunion de trois territoires 1o le ban ou finage de Florimont; 2° le ban de Saint-André à l'ouest de Florimont. Saint-André, aujourd'hui simple ferme entre le Bois le Chênois et la Forêt de Florimont, était autrefois une communauté d'habitants, une paroisse, une seigneurie qui appartint pendant des siècles à la famille des nobles de Ferrette. La seigneurie consistait en une église,Saint-André des Esserts, deux hameaux, deux granges, terres, étangs, carpière, pâturage et une forêt, le Bois de Saint-André incorporé aujourd'hui à la Forêt de Florimont (Stoffel, p. 160. Inventaire Scey-Ferrette, p. 162, 1483-1770; p. 184. 1714-1750); 3° le ban de Normanvillars au nord de Florimont. Une chapelle, un cimetière et le nom d'une ferme rappellent le souvenir de ce village situé au milieu des bois et des étangs. Le nom mème de Normanvillars que l'on trouve dès l'an 1105 (Normanno Villario), et mieux encore l'existence de colonges, prouvent son antiquité. Ce fut peut-être au xv° siècle qu'il disparut dans une invasion des Ecorcheurs. Au XVIe siècle « le ban de Normancillars où il y avoit autrefois un village à présent désert et ruiné appartient en haute, moyenne et basse justice au seigneur de Florimont... Il appartient audit seigneur le dixme dans le ban de Normancillars et ses dépendances, à la réserve de xxij journaux dont le dixme revient au prieuré de Froidefontaine » (Procès-verbal de la visite de la seigneurie par les commissaires du roi). Sur Normanvillars v. Stoffel, p. 130; Liblin, p. 217; Inventaire Scey-Ferrette, p. 124.

2. Au xe siècle on cultivait la vigne dans la plus grande partie du territoire qui est aujourd'hui la France, même dans les régions septentrionales, dans le Beauvaisis par exemple. Au xvIIe siècle, les vignes de Florimont étaient, depuis longtemps sans doute, transformées en prés et en champs. 3. Urbaire autrichien (T., III, 32, p. 61).

vésain, Boron, Courcelles, Courtelevant, Faverois, Feschel'Eglise, Grandvillars, Grosne, Joncherey, Pfettrouse, le Puix, Réchésy et Suarce. Les domaines ainsi réunis à Florimont étaient quelquefois des plus restreints. A Fesche un seul manse, séparé de Florimont par le territoire du bailliage de Delle, appartenait à la seigneurie. A Pfettrouse, seigneurie de l'abbaye de Lucelle, les ducs n'avaient qu'un moulin, et peut-être une terre. Beurnevésain, village et château, était une seigneurie de l'évêché de Bâle inféodée à Thiébaud de Neuchâtel. Les dues y étaient propriétaires de plusieurs biens'.

Tous ces droits et tous ces domaines formaient un ensemble assez imposant. Mais la justice était l'élément essentiel de toute seigneurie. Seigneurie et justice étaient synonymes. Il s'ensuit que la seigneurie de Florimont ne se composait, à vrai dire, que des territoires sur lesquels les dues avaient la justice seigneuriale, c'est-à-dire la basse justice. Ces territoires auxquels le nom de seigneurie de Florimont doit être réservé, étaient uniquement ceux de Courtelevant, Courcelles, le Puix, Suarce et le domaine de Fesche. Par conséquent les immeubles et les droits fonciers sis hors de ces territoires n'étaient que des accessoires de la seigneurie. Ainsi entendue, la seigneurie avait pour limites au sud l'Elsgau, terre de l'évêque de Bâle, à l'ouest le bailliage de Delle, au nord les mairies de Bourogne et de Chèvremont, à l'est la

1. P. J., 47 (1469). Pour Courcelles, aj. T., IV, p. 695 (1364) : Marguerite, marquise de Bade, donne à Perrin Recht de Courcelles des biens sis en ce lieu. Pour le Puix, v. P. J., 27 (1431, 29 janv.). Pour Beurnevésain : T., IV, 223 (1386), p. 468; 235 (1387); p. 687 (1362, 15 juin); V, 32 (1402).

2. Ladite terre et seigneurie de Florimont consiste en la haute, moyenne et basse justice, tant audit lieu que villages qui en dépendent, sçavoir premièrement en la totalité audit bourg et ban de Florimont comme aussy en la totalité des villages de Courtelvant, Courcelles, Lepuy, Souhars et Chacenat, en cinq sixièmes au village de Faceret, en cinq sixièmes au village de Faichel'Eglise, en deux sixièmes à Vallecour, en un sixième à Boron, en un sixième à Réchésy (Procès-verbal de la visite des commissaires du roi). P. J.. 63. Ces deux textes sont de l'époque française. Mais je ne connais pas de liste antérieure.

mairie de Seppois que l'urbaire autrichien de 1303 rattachait au bailliage de Delle 1.

La partie la plus importante et la plus productive de la seigneurie, le centre militaire, judiciaire, administratif et commercial du domaine était la forteresse de Florimont, c'est-à-dire le château et la ville.

Un chemin roide et malaisé partait de la ville pour conduire au château. Formé par une ligne de fossés et de murailles flanquées de tours, le « pourpris » du château renfermait les constructions que l'on avait coutume de réunir dans les places fortes de ce genre, afin de prolonger la résistance. Il y avait des granges où l'on serrait, en temps de paix, le produit des redevances en nature, et où l'on accumulait les provisions pour la guerre. Un autre bâtiment, «la maison des chevaliers », servait d'habitation à la garnison. Un puits qui descendait jusqu'au niveau de la vallée donnait de l'eau en toute saison. Le donjon, contigu aux remparts du côté du couchant, joignant les bâtiments au levant, était une grande tour ronde très élevée, dont les murs n'avaient pas moins de neuf pieds d'épaisseur. Deux églises s'élevaient dans l'enceinte, toutes deux fondations des seigneurs de Florimont, qui s'étaient réservé sur elles

1. Offitium Daltenriet (Schulte, Geschichte der Habsburger, p.34). D'après Turbaire de 1303, l'un des éléments de cet office était le grand domaine colonger de Delle. Ce domaine comprenait les censives (urbar) de Courcelles, le quart d'une dime à Courtelevant, les censives de Faverois, Joncherey, Boncourt et Thiancourt la dime de Faverois, la ville de Delle, le village de SaintDizier, un manse à Fesche, le village de Villars-le-Sec, les villages de Croix et de Montbouton et des terres à Lebetain. A la cour colongère de Delle appartenaient le patronage des églises de Delle, Saint-George, Bure, Croix, Montbouton, Sainte-Suzanne et Essert près Belfort (T., III, 32, 1303, pp. 62, 64). · Ampt ou meiertum Sept (p. 61). A la mairie de Seppois l'urbaire de 1303 rattache les tailles à Réchésy, Ueberstrass, Seppois-le-Bas, Bisel, Grentzach, Largitzen et Plent ou Blenne, et la justice sur les habitants de ce dernier village.

--

2. Nerlinger, Etat du château de Thann en Alsace au XV siècle (Strasbourg, 1899), p. 8.

Item

3. Mémoire sur l'ancienneté de Florimont (P. J., 62), II, p. 154, n. I. qu'il appartient audit seigneur le chasteau et son pourpris, lequel chasteau a esté ruiné auparavant la guerre (Procès-verbal de la visite des commissaires du roi).

le droit de patronage. Entre la ville et la partie supérieure du château plusieurs terrasses étaient étagées. De hautes murailles, consolidées par des arcs en ogive, soutenaient la plus large d'entre elles. Elle portait, vers le milieu d'un cimetière, une antique chapelle consacrée à NotreDame, et devenue église paroissiale lorsque le démembrement de la marche fit sentir la nécessité de retirer les habitants de Florimont à l'église de Courtelevant. Assise sur le roc qui perçait en maint endroit de sa nef, elle touchait presque les fossés du château à l'ouest '. Plus haut, une seconde chapelle avait été construite. Fondée probablement à l'époque où la chapelle Notre-Dame fut transformée en église paroissiale, dotée au moyen de rentes constituées par les ducs sur les revenus de leur terre de Delle, enrichie par un legs de Marguerite de Bade, elle était l'oratoire du seigneur et de la garnison. Au XIVe siècle, on l'appelait simplement la chapelle du château. Dans le siècle suivant, elle fut placée sous l'invocation du patron des sociétés de la noblesse allemande. Elle porta désormais le nom de chapelle Saint-Georges-du-Château 2.

La partie inférieure de la forteresse occupait le fond de la vallée. Resserré entre les murs du château et de l'église qui le dominaient au sud-ouest, et la rivière au nord qui souvent l'inondait, ce quartier bas, c'était la ville, la « petite ville ». Elle n'était peut-être guère plus grande que le château, bien

1. Mémoire sur l'ancienneté de Florimont (P. J., 62, II, p. 154, n. 1). Mémoires pour l'église de Florimont. Devis des réparations de l'église, 1733 (Feltin, pp. 54-56).

2. Compte de Jean Bernard d'Asuel, châtelain de la terre de Delle, 1424-1425. Arch. de la Côte-d'Or, B, 1047. Après avoir fait le total des rentes et revenus de cette terre, le rendant compte ajoute: Sur quoy fault rabatre et desduire iiij bichoz viij quartes blé, iiij bichoz viij quartes espiote et iiij bichoz viij quartes auainne baillés et deliurés à ung chappellain qui desert la chappelle de Florimont (Fol. 2, r). — 1366. Item je doins à Florimont pour acheter un anniversaire pour moy à toujours mais x florins per une fois. Item je doins à la chapelle du chatel de Florimont quinze livres pour acheter rentes en accroissance de ladite chapelle. Item je doins a curé de Florimont dou florins per une fois (Schopflin, II, 1127. p. 249). T., IV, p. 703 (1366, 15 septembre). —Après l'incendie de 1577, le vocable de Saint-Georges et la dotation de l'ancienne chapelle du château furent transportés à une chapelle de l'église pa roissiale.

que ses habitants fussent plus nombreux. Aussi, dès le xive siècle, la population débordait dans un faubourg situé à l'occident, que l'on appelait le petit bourg, quoiqu'il fût presque aussi vaste que la ville elle-même 1. La ville et son annexe pouvaient renfermer tout au plus un millier d'habitants. Mais les villes grandes, riches, adonnées au commerce, n'avaient elles-mêmes, aux jours de leur plus grande prospérité, qu'une population très inférieure à celle de nos villes modernes 2.

La ville proprement dite, comme beaucoup d'autres en cette contrée de côtes abruptes et d'étroites vallées, ne se composait guère que d'une grande rue parallèle à la rivière. Quelques ruelles y aboutissaient, dont la principale continuait le chemin du château et de l'église. Les maisons étaient faites de solives recouvertes de lattes et de mortier, selon l'usage du pays. Une maison de pierre était une rareté, en quelque sorte un luxe réservé à la noblesse et à l'Eglise 3. Aussi, cette ville de bois brûlait plusieurs fois en un siècle.

Des fossés et une muraille, la « cloison » entouraient la ville. Le mur se détachait du château à l'angle nord-est, descendait la colline, rencontrait la rivière, faisait un retour

1. Stettlin Blumberg (P.J., 51).— 1344, 4 février. Vernier, fils Besançon, jadis prévôt et châtelain de Florimont, sa femme Romagne et Henemans leur fils déclarent avoir vendu à l'abbaye de Bellelay leur maison située au grand bourg de Florimont, entre les fossés du petit bourg, d'une part, et la maison de bovett de Montignez, de l'autre, avec le curtil et la cloison derrière (T., III, p. 821). 1591. Une maison ou grange au petit bourg dudit Florimont, les murailles de la ville par derrière (Livre de vie de l'église de Courtelevant, fol. 126, r).

2. On a évalué à 50.000 âmes au plus la population de Strasbourg dans la première partie du xive siècle. La ville comptait alors parmi les premières de l'Empire. Au xv siècle Bâle atteignit le chiffre de 25.000 habitants. Schmoller, Strassburgs blüte und die volkswirthschaftliche revolution im XIII jahrhundert (Strasbourg, 1875), p. 23. Heusler, Verfassungsgeschichte der stadt Basel im mittelalter, p. 266.

3. 1296. Richard de Vendelincourt, chevalier, fait don à l'abbaye de Lucelle d'un muids de céréales à prélever annuellement sur sa propriété de Bonfol. Hec omnia dedi dictis religiosis... pro eo quod ipsi dederunt mihi et heredibus meis domum suam lapideam sitam in oppido Florimont, sub castro, iuxta portam qua itur versus Montbliart (T., II, 468).

« PreviousContinue »