COLONNE DE L'ÉVÈNEMENT.

1.-A l'instant qu'ils s'élèveront, ils seront abaissés.

2. Les élus seront rendus à la vie éternelle.

3.- Le moment d'un grand coup sera l'instant d'une fête.
4.-Ils seront entassés et exterminés, au défaut de signes.
5.-La Mère règnera.

6. Les prophètes gouverneront.

7.-L'Etre suprême dirigera tout.

Sur les conclusions du rapporteur Vadier, la Convention nationale confirma l'arrestation des membres de la secte qui y était dénoncée, et décréta leur traduction devant le tribunal révolutionnaire. Mais Robespierre, qui avait le plus grand intérêt à étouffer une affaire dans laquelle son nom pouvait être prononcé d'un moment à l'autre, parvint à retarder la mise en jugement. Cinq semaines après son arrestation, Catherine Théot, qui occupait à la Conciergerie une chambre réservée, tomba malade, et succomba au bout de quelques jours de souffrance. Sur son lit de mort, en proie aux dernières convulsions de l'agonie, elle proclamait encore son immortalité. Elle avait confié à ses gardiens, sous le sceau du secret, qu'elle ressusciterait bientôt, pleine de jeunesse, de santé et de grâce, et que son règne daterait de cet événement miraculeux. Quant à dom Gerle, oublié dans la prison de Port-Libre, il obtint sa liberté quelques semaines après le 9 thermidor, et, malgré ses fâcheux précédents, il fut pourvu d'une place assez importante dans l'Administration. Cette dernière circonstance nous induit à penser qu'il n'était pas aussi fou que pourraient le faire supposer ses accointances avec la Mère de Dieu. Sans doute la portée naturelle de son esprit l'avait jeté d'abord dans la secte de la rue Contrescarpe; mais les intérêts de la politique et l'ambition le maintinrent seuls au milieu de ces risibles jongleries, que Robespierre mettait à profit. Il ne faut pas perdre de vue que ce fut à dater du 27 prairial, jour du rapport de Vadier, que Maximilien cessa de paraître dans les Comités, et qu'il traita ce rapport de farce ridicule

propre à jeter la déconsidération sur les représentants du peuple. Sans prétendre, comme l'ont fait certains écrivains, que le dictateur voulait se servir des prosélytes de Catherine Théot pour fonder en France une religion constitutionnelle, il est évident qu'il protégeait et encourageait dom Gerle et qu'il regardait les prophéties de la Mère de Dieu comme un moyen d'augmenter sa popularité et son influence. Cet épisode de la lutte de Robespierre contre les Comités fut la petite pièce comique qui précéda la grande tragédie du 9 thermidor.