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JACQUES LEBRET,

QUATRE-VINGT-QUATRIÈME ÉVÊQUE...

(1645.) Innocent X, qui voulait soutenir les prétentions dé ses prédécesseurs sur l'évêché de Toul, y nomma directement Jacques Lebret, l'un de ses prélats référendaires, en remplacement de Paul de Fiesque. Le nouvel évêque s'étant fait sacrer à Rome, au mois de mai 1645, sans en donner avis au Roi, l'ambassadeur de France reçut ordre de sa cour de témoigner au Prélat qu'il avait gravement manqué à ses devoirs, en agissant ainsi. Jacques Lebret fut tellement affecté de ce blâme, qu'il en contracta dès le lendemain même une maladie dont il mourut au mois de juin suivant.

Cette année le Parlement de Metz, séant à Toul, fit un recensement général de la population de toutes les villes, bourgs et villages dépendant de son ressort, et fixa le contingent de contributions à payer annuellement par chaque communauté. La ville de Toul contenait alors 1284 feux ou ménages, et fut taxée à la somme de 5673 liv., 7 s., 4 d. Les faubourgs de Saint-Evre et de Saint-Mansuy, qui comptaient 180 feux, furent imposés à

88oliv. 5 sous. Il faut observer que les ecclésiasti¬ ques et leurs biens, qui étaient considérables, ne contribuaient pas aux charges publiques. Ainsi, il y a deux cents ans, la ville de Toul, dont la population, en évaluant chaque feu à cinq personnes seulement, et le nombre des ecclésiastiques, religieux et religieuses à 300, était de 7600 ames, à peu près ce qu'elle est en 1840, payait en contributions à l'Etat 6553 liv.

Vers le même tems, en 1646, arriva à Toul une compagnie de cavalerie d'un régiment polonais, dit Kanoski, pour y tenir garnison; ce fut la première que cette ville ait eue. Elle était logée dans le faubourg St.-Evre, et depuis ce tems il y a presque toujours eu un régiment de cavalerie en garnison à Toul,

ANDRÉ DU SAUSSAY,

QUATRE-VINGT-CINQUIÈME ÉVÊQUE,

(1656.) Dans la crainte de se mettre de nouveau en opposition avec la cour de France, les chanoines n'osèrent pas élire un évêque pour succéder à

M. Lebret, et le Pape, par la même raison, hésita long-tems avant de pourvoir à l'évêché de Touì. Les choses traînèrent ainsi en longueur jusqu'en 1649, où la Cour y nomma M. du Saussay, ancien prédicateur de Louis XIII, Le Pape écrivit au Roi pour le prier de se déporter de son brevet, et offrit, pour lui être agréable, de nommer lui-même M. du Saussay. Le Roi ne voulut pas révoquer son choix, ni le Pape le confirmer, de sorte que la vacance du siége dura jusqu'après la mort d'Innocent X, arrivée en 1655. Alexandre VII, son successeur, bien convaincu que la France ne céderait pas devant ce qu'elle prétendait être son droit, accorda à Louis XIV un indult pour nommer aux bénéfices des trois évêchés, et M. du Saussay en profita pour se faire sacrer 1.

Il y avait près de vingt ans que le siége de Toul n'était pas occupé, lorsque M. du Saussay vint en prendre possession le 6 juin 1657 2; les deux der

Nous avons parlé de cet indult dans une note de la page 53 de ce volume.

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Voici, selon Jean du Pasquier, la réception qui fut faite à M. du Saussay: « André du Saussay ayant cy-devant escrit tant à nostre Gouverneur, qu'à Messieurs de la Cathédrale et aux eschevins, qu'il se disposoit pour venir dans nostre ville en qualité d'évesque du diocèse de Toul, et que néanmoins, il ne desiroit pas qu'on lui fist une entrée si solennelle, ces Magistrats ayant appris qu'il étoit arrivé à Bar,

niers évêques n'étaient pas même venus dans leur ville épiscopale. M. du Saussay mit tous ses soins

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M. Huard, 1o eschevin, et Alexis du Pasquier, syndic, suivis d'un sergent de ville, furent députés pour l'aller trouver; et étant partis le 3 juin 1657, et en leur compagnie, jusqu'à 18 ou 20 personnes à cheval, comme M. Caillies, grand-vicaire, M. Caillies, promoteur-général, M. Odam, lieutenant au bailliage, M. Lemoine, procureur fiscal, M. Hussenot, greffier audit bailliage, et plusieurs autres officiers, ils le rencontrèrent le 4 dudit mois à Ligny, et après s'estre acquittés tous de leurs debvoirs, ils retournèrent icy le mardy 5 et dirent qu'il arriveroit en nostre ville le mercredy 6. Aussy-tost on se prépara à lui faire son entrée en la forme suivante: M. le comte de Spars, nostre gouverneur, à la teste de plusieurs personnes de Toul, tous à cheval, alla au devant de luy et l'amena dans cette ville proche de laquelle estant arrivé, tous les canons qui sont sur la grosse tour de devant la Belle-Croix, et aussi ceux qui sont sur la tour de derrière le Gouvernement ayant esté tirés, et ledit seigneur Évesque estant arrivé à la porte de la place de soub la 1" porte, le sieur Pillement, maistre eschevin, accompagné de ses eschevins et des syndic et sergents de la ville, luy fit une harangue par laquelle il lui tesmoigna la resjouissance que le peuple avoit de son agréable arrivée, après tant d'années que nostre évesché avoit été privé de son pasteur et prélat. Ce fait il entra dans la ville qui estoit bordée de bourgeois en armes, depuis ladite porte de la place jusqu'à la muraille qui est au-devant du parvis de l'église Cathédrale. Et lors, on fit signe aux sonneurs de cesser de sonner les cloches, qui toutes carillonnoient dedans les deux tours, et le sieur Janot, chanoine-archidiacre, qui portoit une croix en main, accompa

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à remédier aux désordres qui résultaient d'une si longue vacance; il fit refleurir la piété et la science, et rétablit la discipline et la régularité dans les mœurs du clergé. Plein de douceur, de sagesse et de charité, ce Prélat laissa dans son diocèse de profondes et d'honorables traces de son épiscopat. Il composa plusieurs ouvrages en latin, sur divers sujets, et mourut à Toul, regretté de tous, le 9 septembre 1675.

gné de tous ses confrères, luy fit une harangue au nom du Chapitre, à laquelle il fit une très grande response, après laquelle le sieur Bayon, doyen, luy présenta le livre pour faire le serment accoutumé. Il fut ensuite admis dans l'église et conduit devant le grand autel où il prit possession de son évesché, et delà fut assis, comme il est accoutumé en tel cas, sur une chaise basse de pierre que l'on dit estre celle de St.-Gérard, qui est au costé gauche du grand-autel, et delà reconduit dans la stalle du siége épiscopal qui est au fond du choeur à main droite. Pour lors on chanta le Te Deum. » Mémoires de Jean du Pasquier, fol" 193. v°.

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1 M. du Saussay, dit Chevrier, a mis au jour plus de trente volumes, dans lesquels on trouve beaucoup de crédulité. Il avait une érudition profonde, mais il en abusait souvent, parcequ'il manquait de critique. » Mémoires des hommes illustres de Lorraine, t. 1, p. 194. Dom Calmet, dans sa Bibliothèque lorraine, donne la nomenclature des ouvrages de ce prélat.

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