Page images
PDF
EPUB

à l'évêché de Meaux, siége que venait d'illustrer Bossuet. Le Pape le créa cardinal, et il mourut à Paris en 1737.

« Il ne m'appartient pas, dit Benoît, qui vivait du tems de cet évêque, d'entrer dans les grands démêlés que M. de Bissy a eus avec la cour de Lorraine, au sujet de la juridiction ecclésiastique. Je voudrais seulement qu'il me fût permis de raconter tant de grandes actions dont j'ai été témoin; mais les défenses expresses qu'il a faites de parler d'autres choses dans cette histoire que de sa nomination, de son sacre, de son entrée et de sa sortie, m'imposent silence. Les bulles de l'évêché de Meaux étant expédiées, M. de Bissy fit savoir au Chapitre qu'il pouvait pourvoir au gouvernement du diocèse ; et ne pouvant plus supporter la douleur que le clergé et le peuple de la ville de Toul lui témoignaient de le voir se retirer, il partit un matin sans dire mot 1».

C'est en 1700, sous l'épiscopat de M. Thyard de Bissy, que furent démolis les remparts élevés par l'évêque Roger de Marcey, en 1238, et que furent commencées les nouvelles fortifications sur les plans du maréchal de Vauban, et sous la direction des ingénieurs militaires de Villemont et de Desnonville. La cérémonie de la pose de la première pierre fut solennelle. M. de Saint-Contest,

Hist. de Toul, p. 109.

intendant de la province des Trois Évêchés, vint à Toul pour la présider, et le Roi envoya plusieurs médailles destinées à être placées sous les premières fondations. Le onze du mois d'août, toutes les autorités de la ville et tous les corps religieux se rendirent, dès sept heures du matin, à l'église Cathédrale où l'on célébra en grande pompe une messe du Saint-Esprit, pendant laquelle les médailles furent exposées aux yeux des assistans. Après l'office, le cortège sortit de l'église et se dirigea vers le tracé du bastion de St.-Étienne 1, la première pierre des remparts devant être placée sous son angle saillant.

Un corps de tambours et de musiciens ouvrait la marche; venaient ensuite rangés sur deux lignes, les Bénédictins des abbayes de Saint-Èvre et de Saint-Mansuy, les Jacobins ou frères prêcheurs, les Capucins, les Cordeliers, les chanoines réguliers de St.-Léon, les chanoines de la collégiale de Saint-Gengoult, les chanoines de la Cathédrale, puis l'Evêque et l'intendant de la province, devant lesquels on portait les médailles à découvert, et qui étaient suivis des magistrats municipaux, des membres du Présidial 2, de l'état-major de la place, des officiers de police, et d'une foule immense de peuple.

Le bastion dit de Saint-Étienne est celui qui est à droite de la sortie des eaux du canal de la ville.

Le Présidial fut établi à Toul, en 1685.

Arrivés sur l'emplacement du bastion de SaintÉtienne, où les troupes de la garnison étaient rangées en bataille, l'Évêque bénit solennellement, au bruit des canons, les cinq médailles et la première pierre qui fut posée par l'Intendant. Les médailles qui étaient d'argent et d'un diamètre de près de trois pouces, représentaient les bustes du roi Louis XIV, du Dauphin, son fils, des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry, ses petits fils, et portaient des devises en l'honneur de la famille royale. Elles furent placées dans une boîte de cèdre enfermée elle-même dans une autre boîte de plomb, et recouverte d'une plaque de cuivre d'un pied carré, sur laquelle était gravée l'époque de la fondation 2. La cérémonie terminée, le cor

La garnison était composée alors de quatre compagnies d'infanterie et de deux escadrons de cavalerie.

2 Voici cette inscription: Anno æræ christianæ M. DCC, triennio postquàm fortissima gens Francorum, Germanis, Hispanis, Anglis, Batavis, Allobrogibus per decennium multoties cæsis fusisque, pacem dedit sub felici genio providoque Ludovici magni qui hanc civitatem Leucorum, disjectis veteribus muris ampliavit, novis cinxit novem saxeis, propugnaculis firmavit, aliisque munitionibus obvallavit. »

Et sur le revers de cette plaque :

»Cujus æternæ memoriæ monimenta posuere de S. Contest, supremus provinciæ præfectus, de Desnonville, de Villemont, nobiles architecti militares, magistrique fabro-rum, dedicavere solemniter Henricus de Thiard de Bissy,

tège rentra en ville dans le même ordre, et se rendit de nouveau à la Cathédrale où l'on chanta le Te Deum.

Des anciennes fortifications de Roger de Marcey il n'y eut de conservé que la tour dite de Bourgogne, qui servit de magasin à poudre depuis ce tems jusqu'en 1840. La nouvelle enceinte formée de neuf bastions et de neuf courtines, dont sept de celles-ci devaient être protégées par des demilunes, reçut un développement plus vaste et plus circulaire que l'ancienne. Au lieu de quatre portes, on n'en construisit que trois 2, et on creusa un canal de dérivation des eaux de la Mo

antistes hujus loci, ac cæteri sacerdotes, cum magna religione, tertio Idus Augusti, coram quatuor instructis cohortibus peditum, duabus turmis equitum, omnibusque -civibus Leucorum plaudentibus. »

+ I

Voyez la note de la page 226, du tom. 1, où sont rappelés les noms et les emplacemens des anciennes portes.

2 Au mois de juin de la même année 1700, on plaça sous l'un des jambages de la porte Moselle, l'inscription suivante: «Æternæ memoria Ludovici magni Francorum regis semper invictissimi felicis patris patriæ, quod decennalis belli facibus tandem extinctis in monimentum foederis perpetui, Lotaringiam duci suo Leopoldo restituerit et anno tertio à sancitâ pace pomœrium Tulli-Leucorum ad Mosellam usque amplicari jusserit, nec non in tutelam limitum novem saxeis propugnaculis firmari, quinto-decimo calendas junii anno æræ Christi M. DCC, à fundamento regni M. CCXI. »

selle, pour alimenter les fossés, et pour recevoir celles de l'Ingressin, qui continua à traverser la ville en deux branches comme auparavant 1.

FRANÇOIS BLOUET DE CAMILLY,

QUATRE-VINGT-HUITIEME ÉVÊQUE.

(1704.) M. Blouet de Camilly, né à Rouen en 1664, appartenait à une famille également considérable dans la robe et dans l'épée; il était docteur en Sorbonne et grand-vicaire de Strasbourg, lorsque le Roi le nomma à l'évêché de Toul, en 1704. Ce Prélat fit son entrée dans sa ville épiscopale le 13 décembre de la même année, et commença immédiatement la visite de son diocèse.

Le conflit soulevé entre le dernier évêque et le duc de Lorraine au sujet de la juridiction ecclésiastique, n'étant pas encore terminé, Léopold, dans des vues toutes de conciliation, et pour le bien de la paix, adressa à M. de Camilly, dès les

I

L'escarpe et les terrassemens des nouveaux remparts furent terminés dans l'espace de six ans, et la dépense s'éleva à près de 600,000 francs.

« PreviousContinue »