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premiers tems de son épiscopat, un cahier contcnant plusieurs articles destinés à satisfaire les prétentions des deux parties. Ces articles ayant été adoptés par l'évêque de Toul, Léopold s'empressa de supprimer de son code ceux que la cour de Rome avait condamnés.

Cependant, quoique ces difficultés fussent aplanies, le duc de Lorraine, soit la crainte de leur retour, soit le désir si ancien chez les princes de sa famille de secouer le joug d'un évêque étranger, sollicita le Pape de lui octroyer l'érection d'un évêché dans ses états, ou à Nancy, ou à Saint-Dié. Le Souverain Pontife, après avoir fait prendre les informations nécessaires, par son nonce en Suisse, consentit à l'établissement d'un évêché à Saint-Dié, et n'attendait pour enyoyer ses bulles que l'approbation de la France. Léopold s'adressa au Régent, le duc d'Orléans son beau-frère, et celui-ci, voulant concilier à la fois les devoirs de la parenté avec ceux de la politique, répondit que lorsqu'il ne serait plus régent du royaume, il ferait adopter la mesure sollicitée, mais qu'auparavant des raisons particulières lui faisaient une loi de s'y opposer 1.

▪ Voici la lettre adressée par le Roi au Chapitre de l'Église Cathédrale de Toul, pour s'opposer à l'érection d'un évêché à Saint-Dié.

DE PAR LE ROY.

Très-chers et bien-amez, les Rois nos prédécesseurs ayant

En 1721, M. de Camilly, probablement encore à la sollicitation du duc Léopold, fut nommé ar

toûjours eû en singuliere recommandation, la conservation des droits de vôtre Église et de ses prérogatives, Nous croyons ne pouvoir, à leur exemple, donner une attention assez particuliere à prévenir, et même à empêcher autant qu'il peut dépendre de Nous, toutes les entreprises et les innovations, qui pourroient lui faire préjudice, et être, en quelque façon, contraires à son ancienne institution. Dans cet esprit, comme Nous avons été informés de la tentative que l'on a faite depuis quelque tems en Cour de Rome, pour y obtenir l'érection d'un Évêché à S. Dié; que même la requête qui a été présentée à cette fin, a été admise, et que Nous regardons l'accomplissement d'un pareil dessein, comme une chose qui intéresse d'autant plus l'Église de Toul, qu'elle ne tend qu'à en diminuer considerablement les limites, l'autorité et l'étendue de sa jurîdiction, Nous avons estimé à propos, de l'avis de Nôtre tres-cher et tresamé Oncle le Duc d'Orleans Regent de nôtre Roïaume, de vous faire part d'un projet si important; afin que vous concouriez à en arrêter l'exécution; et que vous vous portiez avec zele, à faire en cette occasion, ce qui est de votre devoir pour la deffense des droits de vôtre Eglise en general, et des interêts particuliers de vôtre Chapitre. Nous conformant toutes-fois en cela, à ce que le Sieur de Harlay de Cely, Intendant à Metz, vous fera sçavoir de nos intentions. Sur quoi désirant que vous ajoûtiez foy entière à ce qu'il vous dira de nôtre part, Nous ne vous ferons la présente plus longue ni plus expresse. Donné à Paris le vingt-deux avril 1717. Signė, LOUIS. Et plus bas, PHELY PEAUX, avec le cachet secret du Roy. Et au dos est écrit: A Nos tres-chers

chevêque de Tours, et mourut deux ans après sa translation.

Ce Prélat eut le bonheur d'être constamment secondé dans son administration épiscopale par Claudẹ de Laigle, official et vicaire-général du diocèse, homme d'un mérite rare, qui vécut sous quatre évêques consécutifs, dont il acquit l'entière confiance 1, et qui consacra ses talens à la gloire de la religion et en particulier à la prospérité de l'Église de Toul qu'il affectionnait comme sa tendre mère. C'est lui qui fut l'auteur de l'ancien rituel de Toul, et du gros catéchisme du diocèse, et qui rédigea la plupart des écrits publiés alors par la cour épiscopale, dans les discussions de cette dernière avec la Lorraine, au sujet des juridictions. M. de Laigle mourut âgé de 80 ans, en 1733, et voulut, par humilité, être enterré dans le cloître de la Cathédrale, au pied de l'escalier qui touche à la Chapelle des Morts 2.

et bien-amez les Doyen, Chanoines et Chapitre de l'Église

de Toul.

En conséquence de cette lettre, M. de Camilly et le Chapitre de l'Eglise Catedrale formèrent leur opposition à l'érection d'un Evêché à S. Dié, le 30 octobre 1717.

MM. de Fieux, Thyard de Bissy, de Camilly et Bégon. 2 Sa tombe en marbre noir porte l'épitaphe suivante :

Hic humiliter jacere voluit, avito genere nobilis,
DOMINUS CAROLUS CLAUDIUS

DE LAIGLE,

M. de Laigle fut précédé dans la tombe par le père Benoît, gardien des Capucins de cette ville, duquel nous avons parlé dans notre introduction, et que nous avons si souvent cité dans ce livre. Ce savant modeste, qui était de Toul, et qui nous a frayé en grande partie la route que nous parcourons, mourut d'une attaque d'apoplexie, dans le mois de janvier 1720, âgé de 57 ans, et reçut la sépulture dans le cimetière de son couvent, sans que la moindre pierre tumulaire ou la plus simple inscription, nous fasse découvrir aujourd'hui l'endroit où il repose. Heureusement il a laissé après lui, au milieu de nous, beaucoup mieux qu'une fastueuse et vaine épitaphe, c'est le long souvenir des nombreux services qu'il a rendus à l'histoire de son pays.

Presbyter Barrensis, Miravallis Commendatarius Abbas, Hu-. jus Ecclesiæ Canonicus, Archidiaconus major, Officialis et Vicarius generalis, vir integer, suâ sorte meliorem meruisse contentus; Parcus sibi, largus in pauperes, ut Pater in suos; Cleri cultor, Ecclesiæ decus, jurium vindex, qui labore indefesso hanc Diœcesim sub quatuor R.R.D.D. Præsulibus sapienter rexit, docuit verbis, scriptis collustravit, tandem moriens Christo illuxit major. Obiit octogenarius die xxv. Februarii anno Domini 1733, omni laude superior.

Requiescat in pace.

La chapelle des morts est placée sous celle dite de St. Ursule ou d'Hector d'Ailly, et prend son entrée dans le cloître, au bas du grand escalier qui monte à l'Eglise.

Reportons un instant nos regards sur le siècle que nous venons de parcourir, et voyons quelle était alors la situation de la ville de Toul sous le rapport de son administration et de ses revenus. L'édit de Louis XIII du 4 janvier 1641, qui établissait un bailliage, avait, comme nous l'avons dit, détruit l'ancienne forme de la justice dans notre ville, et remplacé les dix justiciers par trois échevins chargés de la police urbaine, conjointement avec le Maître-Échevin. Depuis ce tems cette municipalité ainsi constituée reçut de fréquens changemens. Des édits royaux, en grand nombre, créèrent ce qu'on appela des charges de finances, et autorisèrent la vente et l'achat des fonctions municipales. Les titres de Maire, de Lieutenant de Maire et d'Assesseur furent substitués à ceux de Maître-Echevin et d'Echevin, quoique les attributions de ces nouveaux officiers fussent à peu de chose près les mêmes. On créa un lieutenantgénéral de police en 1799, et le Procureur du Roi près le Bailliage, fut autorisé à assister aux délibérations du corps de ville. Le droit d'élire les magistrats municipaux, en vigueur dans Toul depuis les tems les plus reculés, reçut sous Louis XIV et Louis XV de notables atteintes, par la nécessité où ces Princes prétendaient se trouver de vendre à prix d'argent les fonctions publiques. Cependant, par ses lettres patentes du mois de mars 1664, Louis XIV avait consacré l'ancien ordre établi pour

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