chanté à Nancy pour l'avènement du roi de Pologne, au mois de mars 1737; celle de la réception de ce prince à la cathédrale de Toul, au mois d'avril suivant; celle du mariage du roi de Sardaigne, représenté par le prince de Carignan, avec la princesse de Lorraine, la même année; et, dans ces différentes cérémonies, il a prononcé des discours avec la même éloquence vraiment chrétienne, qui se retrouve dans toutes les instructions pastorales et les mandemens qu'il a donnés en grand nombre sur diverses matières. Les monumens de sa charité, les travaux de son zèle, tant d'églises rebâties de son tems et consacrées par ses mains, tant de pieux établissemens faits à ses frais, ou procurés par ses soins, la discipline maintenue dans son clergé, le goût des études ranimé dans son diocèse, et mille autres belles actions, rendront son épiscopat mémorable à jamais dans l'histoire de ce pays.» " Chevrier, autre contemporain de l'évêque Bégon, et écrivain fort peu louangeur, en parle en ces termes: « Scipion Jérome Bégon, pasteur vigilant et prélat sage, toujours dans son diocèse, quoiqu'il ne soit pas éloigné de Paris. Il y a peu d'évêques aussi zélés et aussi attachés aux fonctions saintes de son ministère. Un caractère aimable, une piété fervente, sont les vertus de cet évêque, préférables sans doute à la réputation d'un bel esprit ou d'un savant. » La ville de Toul, durant la période qui s'était écoulée depuis l'épiscopat de M. de Camilly jusqu'à la mort de M. Bégon, reçut de notables améliorations, sous le rapport de sa salubrité et de son embellissement. Resserrée avant 1700 dans une enceinte étroite, elle n'avait dans son intérieur ni promenades, ni places publiques un peu vastes, ni aucune de ses rues alignée. Le développement donné aux nouvelles fortifications laissa des terrains libres sur lesquels on établit, en 1739, la place Dauphine, aujourd'hui d'Orléans, et l'Esplanade, en 1750. Les rues du 29 Juillet et d'Orléans furent ouvertes pour former une communication plus directe entre les portes de France et de Moselle, et dès 1735, on avait construit à la droite et à la gauche de cette dernière porte, sous la direction de l'architecte Chautan, les deux corps de casernes d'infanterie. C'est sous l'épiscopat de M. Bégon, en 1762, que furent rédigés les Usages locaux de la ville de Toul et du pays toulois. Un membre du parlement de Metz, désigné par le Roi, se rendit à Toul pour procéder à cette rédaction, et présida à cet effet, dans une salle de l'Hôtel-de-Ville, l'assemblée des délégués des Trois-États du ressort du bailliage. C'était la première fois, depuis la réunion de cette ville à la France, que les trois ordres politiques reconnus comme tels dans le royaume, se réunissaient dans Toul pour délibérer, et comme, en aucun tems, les Toulois n'avaient admis de distinction entre eux pour être aptes à prendre part à l'administration de la cité, les magistrats municipaux d'alors, dans la crainte d'un précédent qui aurait pu détruire cette antique égalité, firent insérer dans le procès-verbal la réserve suivante: « Il a été remontré par les officiers de l'Hôtel-Commun de ladite ville de Toul, que le clergé et la noblesse n'ayant ny droit, ny possession de se trouver aux assemblées générales ou particulières qui se tiennent audit Hôtel-Commun, ils croyaient, pour prévenir toutes difficultés, devoir demander acte de la protestation qu'ils faisaient, que l'assistance et la comparution de ces deux états à la présente assemblée ne pourra tirer à conséquence, nuire, ni préjudicier aux droits de ladite ville. » Cette déclaration des officiers municipaux vient confirmer ce qu'avançait dans ses mémoires, cent ans auparavant, un de leurs prédécesseurs, que tous les bourgeois de Toul étaient d'une même condition, c'està-dire ingénus, nobles, francs et non serviles 2. 1 Procès-verbal de rédaction des usages locaux de la ville de Toul et du pays toulois. 2 Voyez la note de la page 264 du tome 1er de cette Histoire. |