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» sont dissimulé à eux-mêmes que le demembre» ment du Diocèse allait opérer la ruine du pays,

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el, peu jaloux de montrer du patriotisme, ils n'ont » eu en vue que leurs intérêts personnels. Ils ont » sollicité des graces; ils ont obtenu des réunions, › des bénéfices, des pensions et des priviléges; en, fin des croix pectorales et la noblesse vont être le prix du tort irréparable qu'ils feront à tous » les citoyens.

» Désormais l'entrée du chapitre de la Cathé» drale sera interdite aux habitans de la ville et » du pays. On sait qu'il n'y a point de noblesse dans » le Toulois, et cependant aujourd'hui on exigera, » sur les sollicitations de quelques membres du

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Chapitre, trois générations de noblesse pour y › être admis.

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Que deviendront vos enfans, si on les chasse » honteusement d'une maison où ils ont plus de » droit que les étrangers, par la longue possession » de leurs parens d'y avoir toujours été adoptés, › et d'en avoir été le soutien et la gloire.

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› Telle est cependant la récompense que le Chapitre prépare aux citoyens dont les pères, dans » le neuvième siècle, sous l'épiscopat de Ludelme, › firent le sacrifice de leurs meubles les plus précieux, pour rétablir et orner l'église cathédrale, qui avait été incendiée par les Normands.

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Tel est le prix des fondations faites dans cette

église par les anciennes familles de Toul, et des

» aumônes abondantes que le peuple toulois n'a » cessé de faire aux chanoines jusqu'en 1587. Telle » est la reconnaissance du Chapitre, qui, de tout » tems a sollicité la protection de la ville, qui lui » a été accordée par lettre du 2 juillet 1373.

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» C'est donc ici le lieu de faire éclater de la part

de chaque citoyen son zèle pour la ville; c'est » ici le moment d'accomplir le serment que nous >> avons tous fait de la défendre. Formons oppo>sition à l'enregistrement du brevet, et ayons con> fiance dans le Parlement de Metz, qui connaît si » bien le mérite et les droits du patriotisme.

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Après ce discours, les notables entrèrent en délibération, et décidèrent à l'unanimité que la ville devait se pourvoir sans délai près le Parlement de Metz, pour s'opposer à l'enregistrement des lettres d'anoblissement du Chapitre, et que trois avocats attachés à ce siége seraient chargés de sa défense. Ils décidèrent aussi qu'une députation prise parmi les officiers municipaux se rendrait immédiatement auprès de M. l'Évêque, pour lui faire connaître le résultat de leur délibération.

En conséquence de cette décision, les sieurs Ulriot, lieutenant de maire, Lacapelle et Girardeau, échevins, furent désignés pour se transporter chez le Prélat, et voici le procès-verbal qu'ils dressèrent de leur visite:

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Cejourd'hui 8 novembre 1776, Messieurs Ulriot, lieutenant de maire, Girardeau et Lacapelle,

échevins, assistés de François Lingée et de JeanPierre Barbier, tous deux sergens de cet HôtelCommun, s'étant rendus le jour d'hier, entre quatre et cinq heures de relevée, au palais épiscopal, pour rendre compte à M. l'Évêque des résultats de l'assemblée faite le jour d'hier en l'Hôtel-Commun; à peine furent-ils annoncés, que M. l'Évêque sortit de sa chambre, et avant d'entendre le motif de la députation, leur dit avec feu:

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Qui êtes-vous? Pourquoi venez-vous ici? Que › demandez-vous? - Ce sont Messieurs les députés » de l'Hôtel-de-Ville, qui viennent vous présenter, Monseigneur, leurs très humbles hommages et » ceux des citoyens de Toul, et pour rendre compte » à votre grandeur, des motifs qui ont déterminé › la ville à réclamer ses droits contre le système de . Messieurs du Chapitre. Nous croyons, Monsei

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gneur que votre grandeur n'y a point de part, » et que.... - Point du tout (dit Mgr.), vous vous » trompez, c'est moi qui ai sollicité ce brevet, et je

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ferai tout au monde pour sa réussite; je frapperai » à toutes les portes pour cela. Aujourd'hui la ville » a sonné le tocsin, elle me déplaît, il y a long

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'Lorsqu'on sonna dans les paroisses pour l'élection des 40 notables, le doyen du Chapitre fit croire à l'Évêque, nouveau venu dans la ville, qu'on sonnait le tocsin pour émouvoir le peuple contre lui. L'Évêque présenta ce fait sous cette face aux ministres et à l'Intendant, qui le crurent sur

» tems, et je ferai tout ce qui dépendra de moi pour » l'en faire repentir.» Pendant cela, M. Ulriot ne s'est point du tout oublié, et a expliqué à M. l'Évêque tout ce qui s'était passé à l'assemblée; mais comme M. l'Évêque parlait plus haut, toujours en gesticulant, et en menaçant la ville de l'en faire repentir, M. Ulriot ne fut sans doute pas bien entendu. Celuici ayant enfin représenté qu'il était surpris que sa démarche déplût; que n'étant que depuis peu à l'Hôtel-de-Ville, il était désagréable que les égards qu'il avait en particulier, et au nom de la ville, pour Sa Grandeur fussent ainsi accueillis, « Je sais cela, » répondit M. l'Évêque, et il est malheureux pour » vous de vous trouver en si mauvaise compagnie. Sur quoi M. Lacapelle dit : « Monseigneur, vous nous faites bien de la grace.» Là dessus, M. l'Evêque se retira, fermant sa porte avec vivacité, et l'on se quitta ainsi. De tout quoi les sieurs Ulriot, Girardeau et Lacapelle ont dressé le présent procès-verbal pour valoir ce que de raison, et l'ont signé, ainsi que lesdits Lingée et Barbier. » (Contrôlé à Toul, le 8 novembre 1776).

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parole, et qui condamnèrent les magistrats sans demander à les entendre. La vérité a percé depuis ; mais les coups étaient portés, et la Cour est restée muette sur toutes les représentations postérieures qui lui ont été faites. » Mémoires concernant le démembrement du diocèse, et l'anoblissement du Chapitre de Toul, par MM. Thou venin, Bicquilley et Henry.

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Get acte, par suite d'une délibération spéciale des officiers municipaux, fut inséré dans les registres de l'Hôtel-de-Ville; mais, à la sollicitation de M. de Champorcin, et sur la réquisition de l'intendant de Calonne, il en fut biffé, en vertu d'un arrêt du Conseil, du 17 janvier suivant. Quoiqu'il en soit, ce procès-verbal n'étant pas attaqué au fond, les faits restent constans, et c'est un document historique qui dévoile les mauvaises dispositions du Prélat à l'égard de la ville de Toul, et qui proclame l'inconvenance de sa conduite.

De nombreux mémoires, rédigés par les avocats les plus distingués, furent présentés au Parlement de Metz, au nom du Bailliage et de la municipalité de Toul, pour faire rejeter l'enregistrement du brevet d'anoblissement du Chapitre; mais ils restèrent sans effet; la Cour, qui était sous l'influence de M. de Calonne, et qui d'ailleurs avait reçu des lettres en commandement d'enregistrement, sacrifia les intérêts de la ville, et remplit cette formalité le 17 février 1777.

A peine la nouvelle en arriva-t-elle à Toul, que ce fut un éclat général de rumeurs et d'invectives contre l'Évêque et les chanoines. On les chansonna, on les insulta publiquement, et une profonde ini

Pendant long-tems, lorsque M. de Champorcin traversait la ville dans sa voiture, le peuple affectait de crier: ViceDrouas.

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