mitié ne cessa de régner dès lors entre eux et la bourgeoisie, jusqu'à ce qu'ils eurent disparu devant le fléau révolutionnaire 1. ' Un grand nombre de chansons et d'épigrammes furent composés sur le Chapitre anobli et décoré. Charles-François Bicquilley, de Toul, ancien garde-du-corps du Roi, et mathématicien distingué, composa un poème héroï-comique en huit chants, intitulé La Croisade, dans lequel brille beaucoup d'esprit, mais où règne un peu trop de fiel. Le sujet de ce poème est l'histoire de l'anoblissement et de la décoration des chanoines. Nous en citerons deux morceaux: La Vanité, sous la figure d'une déesse, apparaît au doyen du Chapitre, et lui parle en ces termes : Mon cher abbé, car je vous crois un homme Sans vous flatter, je vous dirai bien comme Et l'égaler à la Collégiale, Qui de Saint-Dié fait le plus beau fleuron, Vous savez bien que de l'épiscopat, Messieurs Sabran et de la Galaisière Sont fort jaloux; que le Roi, pour leur faire De Champorcin; mais qu'il n'en peut distraire Et ni sans que le Chapitre y consente; Déjà nous atteignons l'époque de fermentation générale qui précéda les troubles civils de la France. Voici les jours au traité destinés. Vous les menez, comme on sait, par le nez : Le prébendier, tranchant du petit-maître, « Je suis chanoine et vous ne pouvez l'être. » Chant 2o. Début du chant huitième. << Au bon vieux tems, sous l'aigle germanique, Un vieil honneur gouvernait la cité; Le vrai courage et la simplicité Entretenaient dans cette ville antique De citoyen le titre respectable Les notables venaient d'être convoqués à Versailles, et, dans toutes les parties du royaume, on formast Le citadin, au combat redoutable, En soutenant l'honneur du nom Toulois, Malgré cela, faute de meilleur titre, >> Fils et neveux des laquais de vos pères. » Dans une stalle à vos côtés assis ? Il faut avoir ce brillant caractère A vec supports sur son cachet gravé; des assemblées, on rédigeait des mémoires, on discutait les moyens de détruire les abus existans et de parer à la détresse du Trésor; le Tiers-État en particulier, soulevant hautement la tête, faisait surtout entendre sa voix; il parlait d'abolition des priviléges, d'extension de ses droits, et aspirait à faire établir sur une large base les fondemens de la liberté. Toutes les villes, les bourgades même, prirent part à ce mouvement en avant, qui ouvrit la grande époque de 89. Les assemblées provinciales dressèrent leurs cahiers, y exprimèrent leurs vœux, donnèrent leurs avis sur la tenue annoncée des États-Généraux et sur le mode de représentation le plus convenable. La ville de Toul, dans ces circonstances, assembla son antique curie, ses Quarante, et les hautes questions à l'ordre du jour y furent longuement Des parchemins rongés par les souris, Qui prouvent bien, non que par leurs prouesses, Vous êtes noble, il ne faut rien de plus. discutées. Mais avant même qu'il s'agît de nommer les députés aux États, une prétention ou plutôt un droit que cette cité considérait comme à elle propre, souleva dans son sein plus d'un orage. Elle ne voulut admettre dans ses délibérations aucun noble ni aucun ecclésiastique, en tant qu'ils y figureraient comme les représentans de leur ordre. « Nous soutenons, disaient les officiers municipaux, que la distinction des trois ordres dans la cité de Toul, dans sa municipalité ou dans ses comices, serait à la fois une substitution de l'esprit particulier à l'esprit public, de la complication à la simplicité, de la discorde à l'union, des passions à la sagesse, d'un faux système de règle générale aux véritables intérêts du pays. La constitution actuelle de la cité de Toul est une, simple, mue par un seul et unique intérêt qui est celui de tous. Les contestations de vanité furent toujours inconnues dans l'assemblée des Quarante. Ses comices n'offrent pas un seul exemple de dispute sur la préséance. Les questions de rang y sont indifférentes ou étrangères. Le noble, le bourgeois, le magistrat, le militaire, le commerçant, unis par le titre commun de citoyen, s'accordent à justifier l'honorable choix de leur patrie. Supposons que le clergé de Toul soit agrégé à la cité. De ce moment il existerait dans cette cité, ainsi que dans les assemblées comiciales et municipales, deux esprits tout-à-fait différens, deux |