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> rassés seront réduits à l'admirer et à la res

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Le Conseil-général de la commune de la ville » de Toul, en permanence. »

La campagne de Hollande, l'année suivante, fut pour Thouvenot un nouveau théâtre de gloire; mais la défection de Dumouriez priva bientôt la France de ce courageux serviteur. Il suivit dans l'exil son général en chef, dont il avait toujours été le fidèle compagnon, et ne revit plus sa patrie. Son jeune frère, Pierre Thouvenot, qu'il avait dressé près de lui au métier des armes, poursuivit sa carrière militaire en France, fit toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire, et devint lui-même lieutenant-général.

Les deux frères Thouvenot n'étaient pas les seuls de nos concitoyens qui s'illustrassent sur la grande scène de la guerre, dans les années 1792 et 1793. Louis-Jean-Baptiste Gouvion, cousin germain des deux Gouvion dont nous avons parlé plus haut, avait déjà un commandement dans l'armée du Nord, en qualité de général de brigade, et c'est sous lui que, quelque tems après, Napoléon fit ses premières armes en Italie. Le Premier Consul lui écrivit à ce sujet, en 1800, après la bataille de Kastricum, où Gouvion se distingua de la manière la plus brillante: « Je suis impatient de revoir et de nommer mon premier lieutenant, celui sous le

quel j'ai fait mes premières armes.

Louis-JeanBaptiste Gouvion devint bientôt général de division, et en 1805 il fut nommé sénateur. Un autre Gouvion, car ce nom est tout rayonnant de gloire parmi nous, ouvrait alors son illustre carrière ; c'est Gouvion-Saint-Cyr, dont nous parlerons ailleurs avec plus d'étendue, et qui, enrôlé le premier septembre 1792, dans un bataillon de chasseurs de Paris, fut nommé capitaine par ses camarades, et se trouvait, le premier novembre suivant, à l'armée du Rhin avec son bataillon. Celui-là devint maréchal d'empire, et plus tard ministre secrétaire-d'état de la guerre. Les généraux toulois Valory jeune, Gengoult, Goffard, Dedon, Bicquilley, Pinteville, Lépineau, travaillaient aussi dans le même tems à devenir ce qu'ils ont été depuis, l'honneur et l'orgueil de leur ville natale.

Le régime épouvantable de la terreur pesait alors sur toute la France, et la vraie liberté s'était réfugiée dans nos armées. La ville de Toul fut cependant assez heureuse pour ne fournir qu'une victime au tribunal révolutionnaire, ce fut Thouvenin, officier de gendarmerie, homme de mœurs douces et honnêtes, que quelques propos indiscrets firent arrêter et conduisirent à l'échafaud. D'autres arrestations eurent lieu dans notre ville, et c'était dans le couvent des Dames du Saint-Sacrement, qu'on enfermait les prisonniers politiques; mais la plupart ne subirent que quelques.

mois de détention, et, comme nous l'avons dit, un seul fut immolé.

par

Les paroisses de St-Étienne et de St-Gengould restèrent ouvertes jusqu'à la fin de l'année 1793, et le culte catholique continuait à y être exercé le clergé constitutionnel; mais au commencement de l'année 1794, le fanatisme anti-religieux devint tek, que les prêtres qui desservaient ces églises prirent le parti de les abandonner d'eux-mêmes, et de se retirer dans leurs familles, renonçant à faire aucun acte extérieur de religion. A peine cet éloignement eut-il eu lieu, qu'un grand nombre d'exaltés qui jusqu'alors avaient été retenus par F'exercice public du culte, se précipitèrent avec furie dans les églises, brisèrent tout ce qui se trouva sous leurs mains, autels, tableaux, stalles, confessionnaux, enfoncèrent les portes des sacristies, mirent en pièces les surplis, les ornemens et tous les objets à l'usage du culte, à l'exception des vases sacrés, que l'autorité parvint à soustraire, et qu'elle envoya au Trésor à Paris.

Le lendemain même de cette dévastation, les officiers municipaux, cédant aux passions d'une multitude égarée, firent charger sur des voitures tout ce qui restait dans les églises de confessionnaux et d'ornemens, ainsi que tous les livres de chant et les archives des deux chapitres, et allèrent former du tout un immense bûcher sur la place de la Fédération. Tous ces objets, dont plu

sieurs étaient d'un grand prix, ne furent bientôt plus qu'un monceau de cendres. Au retour de cette expédition, une foule de Vandales vint seruer contre les statues du portail de la Cathédrale, et, sans que les municipaux pussent l'arrêter, se munit d'échelles, s'arma de marteaux, et se livra avec une fureur inouie à la dévastation de cette admirable façade. Pendant trois jours, on abattit, on brisa des pièces de la plus grande beauté, on mutila tout l'intérieur de l'église, on dévasta cette belle chapelle de Sainte-Ursule, dont l'architecture était si délicieuse, et, pour comble d'égarement, on mit en morceaux la statue de Jeanne d'Arc! Ainsi quelques instans suffirent pour dépouiller de ses plus beaux embellissemens ce magnifique édifice, dont la construction avait demandé tant d'années et coûté tant de peines! Triste effet du déchaînement des passions populaires, qui brisent aveuglément devant elles tout ce qu'il y a de vénéré parmi les hommes, et les temples dédiés à Dieu, et les monumens des arts!

Une année s'était écoulée depuis que l'infortuné Louis XVI, le premier roi libéral des rois de sa race, avait porté sa tête sur l'échafaud, lorsque trois officiers municipaux de Toul allèrent publier dans les différens quartiers de la ville, la proclamation suivante :

. Conformément à la loi du 21 nivose, on célébrera demain 21 janvier ou 2 pluviose, à deux

› heures de l'après-midi, dans le temple de l'Éter› nel qui créa et qui protège les hommes libres,

l'anniversaire de la juste punition du dernier ty› ran des Français. Ce jour de fête est à jamais › consacré à la détestation des tyrans, et doit réunir » les vrais républicains, pour qu'ils mêlent, au mi⚫ lieu des chants d'allégresse et des concerts des > instrumens, les cris répétés de Vive la Républi» que! Périssent à jamais les tyrans. »

D

Peu de tems après, la Cathédrale reçut le nom de temple de la Raison, et à chaque fête décadaire, on y faisait aux citoyens la lecture du texte des lois, et on les tenait au courant des événemens politiques. Un comité formé de trente-deux citoyens était chargé d'y prononcer à tour de rôle des discours patriotiques, et d'y prêcher la morale et la vertu.

Le 18 floréal, le fameux décret relatif à l'existence de l'Être - Suprême ayant été rendu, le conseil de la commune envoya une adresse à la Convention, pour la féliciter d'abord sur le bonheur national qui avait sauvé Robespierre et Collot d'Herbois du fer des assassins, et ensuite pour la remercier du décret sublime qui reconnaissait l'ÊtreSuprême et l'immortalité de l'ame.

La fête de l'Étre-Suprême fut fixée au 20 prairial, et le Conseil municipal adressa, à cette occasion, aux habitans, une proclamation que nous allons transcrire, parce qu'elle donne une idée du désordre des esprits, dans ces tems de vertige et d'égarement:

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