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ne purent être publiés qu'avec l'autorisation du Pape. Ce fut là le premier synode tenu en Lorraine contre le protestantisme.

La ville de Toul, plus heureuse en ceci que celle de Metz, réussit pour un tems à empêcher l'introduction chez elle des doctrines de Luther. Grace à l'efficacité des édits de son Évêque et de ses magistrats, elle jouit, sous le rapport religieux, pendant la première moitié du seizième siècle, d'une tranquillité si violemment troublée ailleurs, et eut le bonheur de ne se ressentir que faiblement du choc terrible que la réforme imprimait alors à la vicille Allemagne.

Vers ce tems, la guerre ayant éclaté de nouveau entre François Ier et Charles-Quint, le duc de Lorraine voulut garder une complète neutralité, et veiller seulement à la défense de ses frontières. Le premier de ces princes donna l'ordre à celles de ses troupes qui stationnaient en Champagne, de pénétrer sur le territoire des Trois Évêchés, pendant que lui-même marcherait à la conquête de Naples.

Antoine, prévenu de ce mouvement, donna avis aux chanoines qu'un corps de Bourguignons s'avançait pour s'emparer de leur forteresse de Void, et les engagea à la lui livrer au plus tôt, s'ils ne voulaient pas la voir tomber entre leurs mains. Les chanoines s'empressèrent d'ouvrir les portes de Void aux troupes lorraines, et l'évêque Hector

d'Ailly permit également à celles-ci d'occuper sa forteresse de Liverdun.

Quelques années plus tard, la bonne intelligence qui n'avait cessé de régner entre le Chapitre de Toul et le duc Antoine, se refroidit et faillit se convertir en une profonde inimitié. La garnison entretenue par ce corps ecclésiastique dans la forteresse de Vicherey, ravagea les terres du comté de Vaudémont, mit le feu à plusieurs maisons et causa des dégâts pour une valeur de six mille francs. Comme les chanoines refusaient de donner satisfaction à Antoine, celui-ci leur envoya un défi de guerre dans toutes les formes, daté de la ville de Vézelise où ce prince se trouvait alors, et cette menace suffit pour lui faire obtenir promptement la réparation des dommages dont il avait à se plaindre.

Avant cette époque, et dans le cours des années 1528 et 1529, la peste, ou toute autre maladie contagieuse, était venue de nouveau porter le ravage dans la ville de Toul, et une grande partie des habitans s'était enfuie loin de ses murs. Pendant la durée même de cette calamité, l'Empereur faisait lever le landsfridou impôt destiné à subvenir aux frais de la guerre contre les Turcs. L'Évêque et le Chapitre payaient ensemble par mois centvingt florins pour l'entretien des troupes qu'ils devaient fournir, et la ville était taxée à dix cavaliers et à vingt hommes de pied.

L'évêque Hector d'Ailly mourut à Nancy le 1er mars 1532. Son corps, rapporté à Toul, fut enterré dans la chapelle de Sainte-Ursule ou des Onze mille Vierges, qu'il avait fait construire dans ·la Cathédrale 1. Il donna, par testament, le tiers

Cette chapelle est celle à laquelle on monte par une dizaine de marches, et dont la voûte se termine par une cou- pole à jour. Elle se distingue encore par la beauté de son architecture, quoiqu'elle ait été horriblement mutilée pendant la révolution. On y lisait autrefois l'épitaphe suivante sur le tombeau d'Hector d'Ailly. « Icy en ce tombeau repose reverend pere en Dieu Hector de Rochefort d'Ailli, évêque de Toul, de la noble maison d'Ailli en Auvergne, lequel, dès son adolescence, se dédia à l'église, suivant vertu et bonnes mœurs, en sorte qu'avenant le tems de retribution, fut fait évêque de Baïonne, où présula si vertueusement, que jusqu'aujourd'hui il est appellé le bon évêque, et depuis, monsieur le cardinal de Lorraine, nommé Jean, le connaissant digne de plus grande charge, le fit évêque de Toul, où il a depuis regenté toute sa vie, tenant son clergé et son peuple, tant en la cité que dehors, en paix et tranquilité, suivant l'église, souvent faisant le divin office dévotement en icelle, élargissant de ses biens aux pauvres : quoy voiant le prince de Lorraine, nommé Antoine, le fit son chancelier, où il se gouverna toute sa vie en grande réputation, lequel mehu de dévotion, fit construire cette chapelle des xi. milles vierges, qui donnant deux chefs d'icelles, que l'évêque de Cologne, nommé Herman, lui avoit donnés, lesquels il fit poser en une chasse d'argent dorée magnifiquement ouvrée, en laquelle chapelle fonda une messe pour chacun jour, qui s'y dira perpétuellement par les deux

de son bien aux pauvres, l'autre tiers aux officiers de sa maison, et destina le reste à des fondations pieuses.

Après la mort d'Hector d'Ailly, le cardinal Jean de Lorraine, aux termes de son acte de résignation, reprit de droit possession du siége de Toul, et vint faire son entrée solennelle dans cette ville, en 1515, revêtu de sa chappe rouge et monté sur une mule blanche, houssée de veloux cramoisy. Le clergé et le corps municipal allèrent le recevoir à la porte de la ville; le doyen du Chapitre lui fit une harangue, et on le conduisit sous le dais jusque dans la Cathédrale, où il entonna le Te Deum. Ce prince de l'Église administra le diocèse de Toul par des vicaires généraux jusqu'en 1537, époque où il résigna une seconde fois son évêché, aux mêmes conditions que la première, en faveur d'Antoine de Pélegrin dont nous allons parler.

évangélistes de céans, et leur assigna par chacune messe trois gros sur l'office des obits, pour la fondation de laquelle messe et de son obit annuel, donna 4000. frans contans avec sa crosse, sa mitre d'argent, deux beaux grands bassins aussi d'argent, avec draps d'or et d'argent pour faire habits d'église. Et après avoir regi ce beau siege, neuf ans, il mourut à Nancy, où son cœur demeura, et son corps fut en cette chapelle inhumé le 3. jours de Mars 1532.

Dieu lui fasse mercy. Amen. »

ANTOINE DE PÉLEGRIN,

SOIXANTE-QUINZIÈME ÉVÊQUE. ·

(1537.) Ce prélat, qui tirait son origine d'une famille noble du comtat d'Avignon, occupait depuis deux ans le siége de Toul, lorsque le duc Antoine, accompagné de François, marquis de Pont-à-Mousson, de Nicolas, évêque de Metz, et d'Anne de Lorraine, ses enfans, arriva au faubourg de Saint-Mansuy, où il déposa chez les Bénédictins, une côte de saint Étienne, premier martyr, qu'il avait apportée pour en faire présent à la Cathédrale. Le prince passa plusieurs jours dans l'abbaye, et y reçut les hommages de l'Évêque, du clergé et des magistrats. La relique fut portée avec solennité, de l'église du monastère à la Métropole, et le Duc, ainsi que ses enfans, suivirent pieusement cette procession.

L'année suivante, le prince François, fils aîné d'Antoine, ayant épousé Christine de Danemark, vint visiter avec cette princesse la ville de Toul qui les reçut avec la plus grande pompe. Le Chapitre leur fit présent de trois cents écus au soleil, et la municipalité leur en donna deux cents avec dix

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