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140 G481et 1862

ÉTUDES

SUR LES

RELIGIONS COMPARÉES DE L'ORIENT.

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Extrait de la REVUE D'ALSACE.

INTRODUCTION.

Les evenements dont l'Orient est le théâtre sont propres à amener une communion de plus en plus intime entre cette contrée, berceau de la civilisation, et ses puînés, l'Occident et le Nouveau-Monde. Les regards commencent à se tourner de nouveau vers ce Sphinx antique, qui a prononcé aux diverses époques les grands oracles influant sur la marche progressive de l'humanité, pour y trouver encore la solution des problèmes qui, de nos jours, jettent la confusion dans les esprits.

En effet toutes les révélations, qui ont enfanté les grandes sociétés religieuses, sont sorties de l'Orient. L'Orient est l'immense laboratoire des doctrines ontologiques, théogoniques, cosmogoniques et métaphysiques. Tous les dogmes sur Dieu, sur l'union de Dieu avec l'homme et avec les créatures, ou sur l'union de l'homme et des créatures avec Dieu, sur la destinée ultérieure de l'homme, comme sur son origine et sur celle du monde, sont issus de l'Orient. L'Occident et le Nouveau-Monde n'ont fait que le copier avec plus ou moins d'exactitude et de bonheur. Toutes les théories métaphysiques, dont la hardiesse et la nouveauté nous étonnent aujourd'hui, lorsqu'elles sont revêtues d'une livrée européenne, sont d'origine judaïque, persane, indienne ou chinoise. Si l'on examine les doctrines de la Judée, de l'Arie, de l'Inde et de la Chine, l'on y retrouve, presqu'avec les mêmes formules, non seulement les systèmes des philosophes de la Grèce et de Rome, mais encore ceux des philosophes

modernes, Descartes, Spinosa, Kant, Hegel, Schelling, Feuerbach; et l'on est embarrassé de dire si ces derniers sont des plagiaires ou si l'esprit humain est destiné à décrire, au bout d'un certain temps, le même cercle d'idées. En tout cas, l'Orient a pour lui le mérite de la priorité, de la continuité et même, sous bien des rapports, de la clarté des formules.

C'est pour répondre à ce besoin de curiosité de notre époque, besoin sous lequel se cache un intérêt d'un ordre plus élevé, que nous allons présenter une série d'études comparatives sur les religions de l'Orient. Ce travail est un fragment d'un ouvrage inédit, qui aura pour titre l'Orient, l'Occident et le Nouveau-Monde ou histoire du développement civil, industriel et religieux de l'humanité.

Et qu'on ne croie pas que nous allons ici évoquer les ombres des morts. Nous allons, au contraire, passer en revue des religions vivantes et très-vivaces, malgré leur haute antiquité, des religions qui sont professées avec autant, sinon avec plus, de ferveur que chez nous les religions officielles, et par des millions d'êtres humains, raisonnables comme nous et dont la plupart vivent dans un état de civilisation assez avancé.

Lorsqu'on jette un coup-d'œil attentif sur la situation des croyances religieuses en Orient, depuis l'avortement des synthèses grecque et mahométane, l'on est frappé d'un fait, dont il est impossible de ne pas tenir compte dans l'histoire des développements de l'Eglise universelle. Ce fait, c'est le suivant.

Non seulement la plupart des éléments religieux, que les Eglises grecque et mahométane ont tenté d'absorber dans leur sein ou du moins de rallier à leur unité, se sont maintenus dans leur intégrité, dans leur indépendance, dans la pureté de leur foi et de leur organisation confessionnelle, foi passive, il est vrai, et organisation immobile, ayant perdu le sel qui donne la saveur et n'ayant plus guère d'expansion: telles sont les religions nestorienne, monophysite, monothélite, hébraïque, mazdéenne; mais encore, à côté de ces éléments, se sont maintenus avec énergie et même développés avec une certaine vitalité d'autres éléments religieux, auxquels la synthèse grecque n'a pas même touché, malgré leur importance et leur haute antiquité, et que la synthèse mahométane n'est jamais parvenue à rallier, au plus fort de son expansion et de sa puissance: telles sont les religions brahmanique, boudd'histe et de la Chine. C'est surtout ce dernier

fait, qui jusqu'ici a passé presqu'inaperçu ou bien a été peu observé dans l'histoire de l'Eglise universelle, qui mérite la plus grande attention de la part de l'historien.

A voir la plupart des histoires religieuses de l'Orient, l'on dirait que toute la vie religieuse de ses peuples et de ses races nombreuses s'est concentrée aux bords de la Méditerranée et de la mer Noire et tout au plus du golfe persique; tandis que l'Inde, la Tartarie, la Chine et le Japon, qui contiennent les deux tiers de la population asiatique, qui renferment les civilisations les plus antiques et les plus persistantes, ainsi que les monuments les plus remarquables de la pensée religieuse, ne seraient que des accidents passagers de la vie religieuse et sociale de l'Orient, sans influence sur le reste et destinés à disparaître au premier souffle!

Mais voici, qui trouble tant soit peu le rayon visuel de nos historiens (qui ont pourtant été considérés jusqu'à nos jours comme des historiens classiques). Une communication incessante avec les peuples de l'Orient, amenée à la suite de la civilisation moderne, a révélé au monde une mine de doctrines, jusques-là cachée pour nous et dont la richesse ne le cède pas à celle des doctrines occidentales, si elle ne la surpasse. Elle a, de plus, mis en évidence cet autre fait, qui n'est pas moins important à connaître à savoir l'existence de nombreuses sectes, dont les unes se sont maintenues et ont même conservé une organisation confessionnelle, au milieu des circonstances les plus défavorables, comme les Juifs, les Guêbres ou Parsis, les Chrétiens de St Jean et de St Thomas, les Nestoriens, les Arméniens, les Jacobites, les Cophtes, et dont les autres se sont développées et sont devenues les grandes Eglises générales, aspirant à jouer un rôle prépondérant dans les contrées orientales, comme l'Eglise grécorusse, l'Eglise romaine, les Eglises de la Réforme, l'Eglise mahométane, l'Eglise brahmaniste, l'Eglise boudd'histe, les Eglises chinoises de Koung-tseu et de Laô-tseu et enfin les célèbres sociétés des Trois-Unis et des sectateurs de Taï-ping-weng.

Beaucoup de ces sectes orientales sont plus ou moins exactement les types religieux de certaines races ou de certains agrégats de races ou de nationalités. Toutes les croyances religieuses, en Orient, ont été abritées par l'esprit de nationalité, transmises par lui et défendues comme son héritage. Ce qui a rendu les divers sectaires constants dans leur foi, c'est que les croyances religieuses sont leur patrimoine

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