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mission de M. de Lascours.-Refus de M. Destut de Tracy fils, d'être gouverneur du prince.

Projets sur M. Manuel.

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Mademoiselle

Ribou et le duc d'Otrante. - Secrètes intelligences de ce dernier
avec Metternich.
Mots remarquables de l'Empereur. - Son dé-
Madame Hess et le comte de Nicolaï.

part pour l'armée.

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La

noce lugubre et le bon ménage. Visite au château de Bercy. M. de La Roche-Aymon. La mort du général Quenel; horrible calomnie.-M. de Metternich et le langage des fleurs.

lations avec une belle dame.

- Le bracelet de la Reine.

bourg-Shwerin.

Ses re

Son alphabet en pierres précieuses.

La gageure du prince de Mecklem

Le prince Léopold de Cobourg dévoué à la

Reine. M. de Metternich aux genoux de Napoléon.

Un matin je trouvai la Reine préoccupée de la pensée la plus importante pour elle, ses enfants, leur avenir, leur éducation surtout. « Napoléon a dix ans, me dit - elle, il faut absolument lui donner un gouverneur. C'est à sept ans ordinairement que l'éducation des

princes est retirée aux femmes, et je m'étonne que l'Empereur n'ait pas insisté davantage pour que cela soit fait depuis longtemps.

- » Il prouve par là toute l'estime qu'il vous porte, madame; il sait d'ailleurs combien vous vous occupez de vos enfants; et les soins des personnes auxquelles ils ont été confiés jusqu'à présent lui sont garants que le choix d'un gouverneur, qu'il vous abandonne, sera aussi bon que posssible.

-

» J'y ai déjà pensé souvent; mais c'est un choix si difficile, si délicat, qu'il me semble presque impossible de trouver toutes les qualités que je voudrais voir réunies dans celui auquel je confierais mon fils.

- » Il sera difficile, en effet, de trouver quelqu'un qui comprenne aussi bien vos intentions pour former le coeur et le caractère du Prince, que leur digne précepteur l'abbé Bertrand; à côté de lui les leçons des maîtres savants ne leur manqueront pas, et il me semble impossible de trouver des enfants de leur âge qui soient plus avancés pour l'instruction et pour l'intelligence.

Malgré cela, reprit la Reine, il faut un

gouverneur. >>

Nous passâmes en revue tous ceux qui lui

avaient été proposés jusqu'alors. Aucun ne réunissait tout ce qu'elle aurait désiré rencontrer dans un même homme. Après en avoir nommé plusieurs qui, dans l'opinion publique, passaient pour fort distingués, « J'en remarque un, dit la Reine, qui, d'après ce qu'on m'en dit, réunit tout ce que je souhaite trouver dans l'homme auquel je remettrai pour quelques années mes droits sur mes enfants, c'est monsieur Destut de Tracy le fils: monsieur de Lascours m'en parle souvent, et d'après tout ce qu'il m'en dit, je serais très-heureuse qu'il acceptât la place que je veux lui offrir. Ses principes, son caractère, ses talents, son instruction, sa réputation, sont précisément tout ce que je désire rencontrer.

- » Je le crois comme vous, madame; M. de Lascours m'en fait un éloge que répètent tous les gens qui le connaissent.

>> Eh bien! charge-toi d'en parler à M. de Lascours; s'il pense que son ami puisse accepter mes offres, autorise-le à le sonder là-dessus de ma part; et d'après sa réponse, j'en parlerai à l'Empereur. »

Je fis prier M. de Lascours de passer chez moi, et je lui contai ma conversation avec la Reine. Il accepta avec joie la proposition de

(

servir d'intermédiaire, persuadé qu'il était que M. de Tracy serait charmé de remplir une mission aussi honorable que celle d'élever un prince français.

Le lendemain il vint me dire combien M. de Tracy avait été reconnaissant et flatté de la marque d'estime que la Reine lui donnait en le choisissant pour un emploi brigue par tant de monde. Il avait demandé quelques jours pour réfléchir aux obligations qu'il s'imposait. Au bout de ce temps, M. de Lascours vint me dire qu'après avoir bien considéré les devoirs prescrits par des fonctions si importantes, il ne se sentait pas toute la patience qu'il faut avec des élèves, qu'il avait une vivacité de caractère qui cadrait mal avec la tenue nécessaire pour faire une bonne éducation.

Les choses en restèrent là; la réputation de M. de Tracy, sa carrière honorable, ont pleinement justifié le jugement que la Reine portait sur lui. Peu de temps après, en voyant le noble caractère que M. Manuel déployait à la tribune, elle pensa à lui confier ses fils; mais les événements furent tels, que ce désir encore ne put être satisfait.

Depuis la fuite du duc d'Otrante par le jar

din de la Reine, mes relations avec mademoiselle Ribou étaient devenues plus fréquentes et plus intimes; elle venait me voir souvent, et toujours pour me parler du duc et de son profond dévouement à la Reine. Elle ne tarissait pas sur l'admiration que lui inspirait leduc. C'était à ses yeux un grand citoyen, en même temps que le meilleur père, l'ami le plus parfait et l'homme le plus aimable dans son intérieur. Comme ministre, possédant une grande habileté, elle le croyait le plus utile à la cause à laquelle il semblait entièrement dévoué; et pourtant, malgré toutes ces belles protestations, j'appris indirectement qu'il était en relation avec l'Autriche et qu'il recevait de monsieur de Metternich des messages qu'il tenait secrets. Ce ministre de la cour de Vienne témoignait au nom de son maître les dispositions les plus pacifiques, les plus bienveillantes pour la France; mais toujours en refusant de traiter avec l'empereur Napoléon, dont il demandait l'expulsion comme première condition du maintien de la paix. C'est sous ce prétexte que les puissances alliées cachaient leur dessein de frapper sur la France pour la punir de s'être donné un souverain de son choix.

Le dimanche II juin, l'Empereur reçut dans

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