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M. de Marmold, que les affections et les sentiments du devoir passent avant tout chez la Reine.

Cette détermination de la Reine était vraiment le coup de grâce aux inquiétudes que me causait sa résolution; mais il n'y avait pas moyen de la faire changer, et je me résignai. M. de Marmold se rendit près des princes, il les fit monter en voiture à quelques pas de leur nouvelle demeure, et, arrivant à la Malmaison par les chemins les plus détournés, il les remit entre les mains de la plusaffectueuse et de la plus tendre des mères!

X.

Bruits calomnieux au sujet de la Reine. L'envoyé de Fouché. Adieux de Napoléon à ses neveux. inattendue. Cruelles angoisses.

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Leur cachette. Une visite L'officier de lanciers.

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L'avis

important. La Malmaison en danger d'être cernée. Fuite des Misères de la guerre. Tableau de Paris. paysans vers Paris. Insistance de la Reine pour ne pas quitter sa parure. Son retour à Paris. Espoir et désespoir de Napoléon. - Impatience et craintes du gouvernement provisoire. Ingratitude du maréchal DaIndignation de M. de Flahaut. Madame-Mère et Napoléon; douloureuse séparation. Talma. La reine Caroline et sa mère. Paroles remarquables. Haine de M. de Blacas contre

voust.

C

Belle réponse de ma

les Bonaparte. Fable inventée par lui. dame Lætitia. Refus de l'Empereur de partir sur un navire danois. - Curieux stratagème. Les diamants de la Reine. - La duchesse de Vicence et madame Corbineau.

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Mon imagination était toujours portée sur 'la Reine et sur ses enfants; je comptais le temps donné à ces derniers pour leurs adieux à l'Empereur, et je calculais les heures jusqu'à leur retour, lorsque je vis arriver mademoiselle Ribout, aussi agitée que je l'étais

moi-même, car dans ces moments de crise chacun avait, dans ses intérêts ou dans ses affections, de quoi trembler.

Elle s'informa si la Reine n'était point encore revenue de la Malmaison, et ce qu'elle pouvait y faire si longtemps. On était venu avertir Fouché qu'une partie des troupes refusait d'obéir, et se préparait à se rendre auprès de l'Empereur, pour le forcer à se mettre à leur tête, renverser le Gouvernement provisoire, et faire rentrer Paris dans l'ordre; qu'on assurait aussi que la Reine avait les mêmes idées et les mêmes espérances; qu'elle ne restait à la Malmaison que pour décider l'Empereur à faire ce qu'on attendait de lui, et qu'elle montait la tête à tous les officiers qui l'entouraient, pour les pousser à ce coup désespéré. « Vous sentez, ajouta mademoiselle Ribout, combien seraient insensés les gens qui auraient de pareilles idées; ce serait perdre la France, et nuire en même temps aux intérêts de l'Empereur et à ceux de la Reine; tandis qu'en se retirant sagement et prudemment, ils rendront tout plus facile à terminer et leur sort meilleur. Vous connaissez les sentiments que le duc d'Otrante leur porte, il s'inquiète,

surtout pour eux, de tous ces bruits qui se répandent; il n'est occupé qu'à éviter la guerre civile et à obtenir une amnistie des puissances alliées, afin de pouvoir ensuite traiter avec elles dans l'intérêt de Napoléon II, dont il mettra tous ses soins et toutes les ressourcS de son talent à consolider et à conserver les droits reconnus par la nation. »

Je rassurai l'envoyée de Fouché sur les desseins que l'on prêtait à l'Empereur, dont Labédoyère m'avait appris les projets de départ, et j'ajoutai: « J'ignore quel est l'esprit de l'armée; mais quant à la Reine, soyez bien convaincue que pour quelque intérêt que ce soit, on ne la verra jamais fomenter des troubles qui occasionneraient la guerre civile. Elle n'est absolument occupée, en ce moment, qu'à veiller sur la vie de l'Empereur, dont elle se croit responsable tout le temps de son séjour à la Malmaison.

Mademoiselle Ribout me quitta plus tranquille; et moi, tandis que l'heure avancée redoublait mes angoisses pour ces chers enfants, j'allais faire l'imprudence de courir m'informer d'eux chez la marchande de bas du boulevard Montmartre, et par-là, peut-être, faire découvrir leur retraite, lorsque j'appris

enfin leur retour de la Malmaison, où après avoir recu la bénédiction de leur oncle, après l'avoir embrassé pour la dernière fois, ils avaient gagné paisiblement leur cachette.

M. de Marmold retourna bien vite auprès de la Reine; je le priai en grâce de réunir ses instances aux miennes, pour obtenir qu'elle revînt à Paris, où malgré l'animosité des partis, je pensais qu'elle serait plus en sûreté qu'à la Malmaison.

Je ne pus fermer l'oeil de la nuit, et je restais toujours fort inquiète, lorsqu'une visite inattendue vint augmenter mes angoisses : le 28, au matin, on vint me dire qu'un officier des lanciers de la garde impériale demandait à voir la Reine. Comme elle était absente, je le reçus chez moi; c'était un jeune homme fort agréable, officier dans la garde, rempli de talents, et qui venait quelquefois chez la Reine, les jours de réception. Il la croyait de retour à Paris, et s'alarma beaucoup lorsque je lui appris qu'elle était encore à la Malmaison, ainsi que l'Empereur. Il me dit que l'ennemi s'avançait sur Paris, que le pont de Neuilly était barricadé, et qu'il était à craindre que si la Reine ne revenait pas immédiatement, elle ne pût plus rentrer chez elle;

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