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>> parvenir quelques lignes. Le porteur de la » présente est la femme de chambre que ma » sœur a prise à Paris, et qui espère y être » avant un mois, bien qu'elle soit contente » de sa place. Vu les circonstances, elle a » craint de ne pouvoir de sitôt revenir dans » son pays, et elle a préféré y retourner >> d'ici : bonne amie, si vous voulez bien la re>> commander quand l'occasion s'en rencon» trera, nous vous en serons très-obligés.

» Tout ce qui se passe nous force de ren» trer en Allemagne : je quitte la belle Italie » sans avoir vu Naples. Nous devions encore >> rester huit jours dans la ville des Césars; >> mais mon frère étant militaire, il était plus » prudent de quitter.

>> Nous avons passé ici huit jours; dans ce >> moment nous partons pour Pise. A Livourne >> nous nous embarquerons pour Gênes, et » après y avoir séjourné trois à quatre jours, » nous reprendrons, s'il est possible, la même » route par Vérone, et nous dirigerons notre » voyage à Venise; les dernières nouvelles » que j'ai de là ainsi que de mes foyers sont >> bonnes.

» Au sujet de Cécile, je ne peux plus rien >> vous dire; une fois loin de son pays, personne » ne peut plus me donner de ses nouvelles.

» J'ai tant de courses à faire, tant à écrire » chez moi des réponses en quantité, que » je vous écris au moment de me mettre en >> route. Quand recevrai-je de vos nouvel» les, ma bien-aimée Louise? Comment va » votre amie (1)? rappelez-moi à son souvenir. » Dites, je vous prie, à l'amie d'Adèle, qu'elle » se porte bien; je la supplie de vouloir bien >> faire part de cela aux siens; Cécile m'en » parle dans sa dernière du 2 mars; on sera >> peut-être longtemps sans avoir de ses nou» velles. Je désire que vous puissiez un jour » parcourir ce pays. Combien Rome vous » plaira! tout y parle à l'imagination. La tem» pérature de ce ciel fait mes délices.

>>

>> Où est mon frère chéri? Mon mari m'a écrit

qu'il allait à Londres; j'espère qu'il a re» noncé à venir me chercher, mon amie lui a » écrit pour l'y engager. Je retourne avec le >> couple, je ne puis m'imaginer que nous res» tions encore longtemps hors de chez nous; » peut-on prévoir les choses ainsi par lextrê. » me désir que j'ai de me retrouver chez moi?

>> Bonne amie, si vous trouvez une occasion » de m'envoyer mes perles d'or, une fois que » je serai chez moi, profitez-en; mais pas avant,

(1) La Reine.

1

» à moins que vous ne soyez sûre que la per»sonne me trouvera positivement.

>> Voici quatre morceaux de sépia, et deux » de bistre. Avez-vous reçu les deux morceaux de sépia par l'Anglais Bonar? Pourquoi vous » ai-je envoyé mon cartel? Comment et quand >> me le renverrez-vous avec ces croquis, ainsi >> que tout le reste? Que font mes compatriotes, » la belle et la mère de famille? J'entends le » mot partons; je vous quitte bien triste de >> ne pouvoir pas vous écrire peut-être de long» temps; portez-vous bien. Voici quelques >> lignes de ma soeur. Aimez-moi toujours de » même. A vous jusqu'au beau temps.

» P. S. Si cela est possible, faites parvenir » ce mot à mon cher Esculape; mettez-y l'a» dresse si vous savez où il se trouve, sinon » gardez la lettre.

» Chère Louise, nous sommes au moment de » partir; je ne puis donc que vous dire un mot » de mon amitié bien sincère. Je suis désolée » de voir mon voyage à Paris renvoyé au ca» lendes grecques, et vous êtes le sujet de mes » plus grands regrets. De grâce, recommandez » la personne qui vous remettra cette lettre. » Les circonstances l'ont forcée à se séparer » de moi: j'ai été fort contente d'elle, etje vous >> demande pour elle votre protection. Au re

» voir, mais quand? Mon mari et Sachon vous >> baisent les mains.

>> ZENAÏDE. >>

Parmi les personnes qui venaient le matin demander des audiences à la Reine, il en était une que j'examinais avec un intérêt tout particulier, c'était la célèbre madame Tallien, dont la beauté avait fait tant de bruit : elle était encore superbe, quoique un peu grasse. Sa belle taille avait conservé toute sa noblesse et l'élégance de ses proportions; ses beaux cheveux n'avaient rien perdu de leur brillant t; son visage, tout espagnol, et son air gracieux ravissaient encore tout le monde. Divorcée depuis longtemps, elle avait épousé le prince de Chimay. J'ignore ce qu'elle désirait des bontés de la Reine, je crois pourtant me rappeler qu'elle voulait marier sa fille, jeune personne charmante, dont l'impératrice Joséphine avait été la marraine, et qu'il s'agissait de demander une place pour le mari.

Dans le même temps je vis aussi son premier mari Tallien, ce célèbre républicain, le seul peut-être qui n'ait pas recueilli quelques avantages du système impérial, car c'étaient bien les républicains qui l'avaient établi, et tous s'y étaient fortement rattachés.

pour

Lorsque je fis cette remarque à la Reine Tallien, qui était resté à l'écart, elle me répondit : « Ce n'est pas à cause de ses opinions que » l'Empereur a été sévère pour Tallien; mais il » ne lui a jamais pardonné d'être parti d'Égypte » sans sa permission; il regardait ce départ >> comme une désertion d'un si fâcheux » exemple, qu'il a toujours été inexorable >> envers lui. Comme Tallien a rendu des ser»vices à ma mère pendant la révolution, »> nous l'avons soutenu mon frère et moi, et » aujourd'hui il s'adresse à moi pour le récon» cilier avec l'Empereur; il sent que toutes les >> nuances d'opinion doivent se réunir, et que » dans des circonstances aussi difficiles, au » succès de l'Empereur tient l'affermissement » du principede la révolution française, qui fait » la gloire et la force de tous. Je demanderai » l'audience qu'il désire. »

La Reine l'obtint, et fit dire à Tallien que l'Empereur le recevrait un matin. J'ai su par la Reine qu'il avait été fort content de la réception qui lui avait été faite.

Un jour, M. de Latour-Maubourg (Florimont) vint me trouver pour me prier de lui donner un conseil; il s'agissait de madame de Vitrolles qui lui était fort recommandée et

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