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de St.-Victor, et par la pièce que son frère, Claude Santeul, avait composée pour lui reprocher de chanter les divinités païennes. Quant à la pièce qu'il avait composée lui-même en faveur des Muses, il dit :

« J'avais écrit un chant de jeune homme contre les nouveaux adversaires >> des Fables, mais mon frère, plus sage, m'avertit dans ce chant chrétien et » tout aussi latin, que je m'étais trompé. Il m'invite, après avoir abjuré » Apollon et les Muses, à un genre de composition plus saint; car, comme dit » S. Paulin à Ausonne : Les cœurs qui ont été consacrés au Christ ne sau» raient s'ouvrir à Apollon. (Hymni, p. 248).

Promesses magnifiques, mais que le premier sourire d'une Muse devait emporter comme toutes celles qu'il avait déjà faites, ainsi que nous le verrons bientôt 1.

A. BONNETTY.

1 Quand nous aurons fini la vie de Santeul, nous consacrerons un article aux hymnes du Bréviaire de Vintimille paru en 1736, et à Coffin, leur principal auteur.

Découvertes historiques.

DÉCOUVERTE

D'UNE LETTRE DE MAHOMET

ORDONNANT

AU SOUDAN D'ÉGYPTE DE SE FAIRE MAHOMÉTAN, ET DÉTAILS SUR L'APOSTASIE DES ÉVÊQUES EUTYCHIENS DE CE PAYS.

1. Observations préliminaires.

Tous les jours il se fait de nouvelles découvertes historiques, qui toutes jettent un jour nouveau sur les points les plus obscurs de l'histoire de l'Église. Ce qu'il y a de plus obscur dans cette histoire c'est de comprendre comment a pu s'établir, au 7e siècle, cette grande hérésie qu'on appelle l'Islamisme. Que Mahomet ait fait admettre sa religion par des Arabes païens et ignorants, on le conçoit; mais comment des chrétiens ont-ils pu abandonner la religion de l'Évangile pour admettre le symbole déiste de Mahomet? Cela a toujours formé un problème difficile et obscur. Or, peu à peu la lumière se fait. On voit tous les jours plus clairement que deux auxiliaires puissants, en dehors du sabre, sont venus en aide à Mahomet; ces deux auxiliaires sont :

L'ignorance historique,

L'hérésie séparée de Rome et livrée à son sens particulier.

C'est ce que nos lecteurs vont connaître, avec quelque étonnement, dans les documents que nous allons mettre sous leurs yeux. Le premier est presque de pure curiosité; c'est la découverte d'une lettre autographe du célèbre Mahomet. Les Annales, qui enregistrent dans leurs pages toutes les découvertes historiques, doivent conserver celle-ci. Voici d'abord l'historique de cette découverte, que nous empruntons à une lettre de M. Belin, que nous trouvons dans le Journal asiatique de décembre dernier, et dont voici les principaux extraits :

2. Lettre de Mahomet au vice-roi d'Egypte, avec des détails sur sa

découverte récente.

« M. Etienne Barthélemy, du Caire, jeune orientaliste français,

1 Tome Iv, p. 482 (5o série).

dont la modestie égale le savoir dans l'idiome arabe, s'est livré, depuis quelque tems, à l'étude de la langue ancienne de l'Égypte, et particulièrement à la recherche des manuscrits coptes, de ces précieux vestiges du passé, confiés à la garde des solitaires habitants des monastères de l'Égypte, et qui seraient trop souvent condamnés à un éternel oubli, si de hardis voyageurs ne parvenaient à les faire rentrer dans le domaine de la science.

» Dans l'une de ses courses de l'an dernier, M. Barthélemy, qui avait déjà vu diminuer singulièrement ses ressources pécuniaires pour une très-pauvre récolte, atteignit, près d'Akhmîm, un monastère où il arriva accablé de fatigues. Il acquit, dans ce monastère, un manuscrit arabe, d'assez mesquine apparence, et dont la reliure, qui paraissait avoir été faite, dans l'origine, pour un ouvrage d'une dimension plus considérable, se trouvait endommagée dans les angles, et laissait apercevoir, dans l'intérieur, quelques caractères coptes. Notre voyageur essaya d'enlever cette première feuille, qui probablement recouvrait quelque fragment écrit; et, en effet, après l'avoir décollée avec soin, il trouva une dizaine de feuillets des Évangiles en copte d'une écriture ancienne, et qu'on avait collés ensemble pour former une feuille de carton plus solide. Il paraît, au reste, d'après le dire de M. Barthélemy, que les Coptes procèdent encore de cette façon pour relier leurs livres, et que, dans leur ignorance actuelle de leur idiome, ils emploient à cet office les fragments de leurs anciens livres.

» La reliure de celui qui nous occupe était formée de trois parties: les faces latérales et le dos du livre. Les premières étaient composées d'une feuille de cuir sur laquelle on avait placé, comme je l'ai dit, une dizaine de pages coptes recouvertes d'une vieille feuille de gros papier, le tout collé ensemble. La partie centrale qui réunissait, à l'extérieur, les faces latérales, était formée par un morceau de cuir noir.

>> Veuillez bien me pardonner ces détails, qui bien que trop minutieux peut-être, rétablissent l'état primitif du document en question.

» Or, M. Barthélemy ayant détaché successivement, des deux côtés, les feuilles coptes qui formaient les parois du livre, trouva à

l'intérieur, au centre, et rattachant les deux parties latérales de ce côté, un morceau de parchemin rongé par les vers en deux endroits, et sur lequel il crut distinguer des caractères coufiques. Étonné de sa découverte, M. Barthélemy parvint, sur place, et avec mille peines, à déchiffrer le nom de Mahomet. Dès lors, ne doutant plus de l'intérêt que pouvait avoir ce document, il s'appliqua sans retard à le détacher aussi soigneusement que possible; mais, quelles que fussent ses précautions, il dut mouiller le parchemin, et certains caractères, qui étaient déjà presque effacés en plusieurs endroits, ont totalement disparu dans cette opération.

» Après avoir réussi à séparer ce parchemin des ignobles feuilles de cuir auxquelles il était attaché, M. Barthélemy se mit à l'étudier avec un ardeur infatigable; et voici en quels termes il annonçait à sa famille, au Caire, son heureuse découverte :

« .....

Monfalout, 19 décembre 1850.

J'ai passé deux jours et deux nuits à déchiffrer, autant >> que mes moyens me le permettaient, cette écriture coufique. » Malgré un travail sans relâche, je n'ai pas encore pu en lire la » plus grande partie; tout ce que j'ai pu déchiffrer, c'est, au haut » du parchemin, les mots : « Au nom de Dieu clément et miséri»cordieux, de la part de Mohammed, serviteur de Dieu, à....., le >> chef des Coptes. » Au bas du parchemin, il y a un cachet sur » lequel j'ai pu lire, à force d'étude, le nom de Mohammed, et » celui de Dieu, qui est a peine lisible. Entre ces deux mots, il y >> en a un autre effacé par le tems, et que je crois avoir été le » mot apôtre (raçoul). D'après le cachet et le commencement de » la première ligne, je suis porté à croire que ce parchemin est » un écrit de Mahomet adressé à la nation copte, et que ce cachet » est celui du prophète des musulmans. Je n'ai pu encore déchif» frer, outre cela, que quelques mots isolés. >>

» A la fin de l'année dernière, M. Barthélemy communiqua le résultat de sa découverte à M. Fresnel, consul de France; et plus tard, en février dernier, il envoya à M. Jules Mohl, de l'Institut, et en Angleterre, des fac-simile et une transcription qu'il avait

revue avec l'aide de Riza effendi, employé au ministère des affaires étrangères en Égypte.

» Voici cette transcription; les lettres restituées par M. Barthélemy, et qu'il n'a pas pu distinguer, sont placées entre parenthèses; les mots qu'il lit par conjecture sont soulignés :

(Ici se trouve dans le Journal asiatique la traduction en arabe ordinaire, de la lettre de Mahomet dont le fac-simile en lettres coufiques est en face).

» M. Fresnel, dans sa correspondance, m'avait parlé de la découverte de M. Barthélemy; j'avais prié celui-ci de me montrer ce document; mais ses voyages dans la haute et la basse Égypte l'empêchèrent de satisfaire à ma demande, et ce ne fut que ces jours derniers que je pus enfin recevoir cette communication. Au dire de M. Barthélemy, cette pièce est aujourd'hui en moins bon état qu'à l'époque où elle tomba entre ses mains; la partie centrale s'est crevassée, et quelques parcelles mêmes se sont déjà détachées. Pour préserver ce monument de toute nouvelle détérioration, M. Barthélemy l'a placé entre deux vitres, auxquelles il l'a assujetti: de cette façon, on peut l'étudier facilement et sans craindre de le voir tomber en poussière.

» A la première inspection, je lus la première ligne: c'est la formule ordinaire musulmane; à la seconde ligne, le titre 'azim elqybt me frappa, d'autant plus que je distinguai la terminaison qas, qui précédait cette épithète; je conjecturai, dès lors, que le nom propre devait être celui d'El-Macaucas; et que la lettre, si elle était revêtue du cachet de Mahomet, comme le disait M. Barthélemy, devait être celle que le Prophète adressa au vice-roi de l'Égypte. Rentré chez moi, mes recherches justifièrent pleinement mes suppositions1, et M. Barthélemy, ayant bien voulu me confier l'original et un fac-simile, je pus suivre, pour ainsi dire, mot

1 Cf. Soïouti, Husn el-mouháderah fi akhbari Masr ou el-Qáhira, de mon manuscrit; mention de la lettre du Prophète à El-Macaucas. On trouvera en appendice, à la fin de cette lettre, la traduction de ce chapitre; Sirat alhalebiié, de mon manuscrit: mention des missives envoyées par Mahomet aux différents princes de l'Orient; Ishaqy, Kitab latâïf el-oual fi men teçarraf Masr min eddoual, de mon manuscrit.

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