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156 EXAMEN CRITIQUE DE L'ASSERTION D'UN ANTIQUAaire. avec l'architecture qui lui sert d'abri, et nous sommes de l'avis de M. Gilbert quant à ce qui concerne la chapelle de la sainte Vierge, qui, comme il le dit si exactement, page 540 de sa notice, est venue interrompre l'unité si parfaite de l'ancienne disposition des chapelles absidales. Il est bien regrettable qu'elle ait été si mal conçue, lorsqu'il était si simple, si facile de la construire dans le même style que le reste du monument, et d'y placer la statue de la sainte Vierge enlevée à l'église Saint-Denis, pour la reléguer, d'abord dans la sacristie, puis dans un coin de l'église, où, du reste, la piété et la vénération des fidèles semble si bien la venger du mépris d'un architecte tout imbu de ses études classiques et de la préférence donnée à la statue d'un sculpteur qui, quoique doué d'un certain talent, ne comprenait rien à l'art religieux d'un autre âge.

Si M. Battard peut profiter des travaux dont il est chargé à SaintGermain-des-Prés pour débarrasser l'église de l'ignoble chaire qui défigure si malheureusement la nef de l'église, après en avoir ruiné la fabrique, et lui en substituer une dans le style de ses belles clôtures, à la chapelle des douze Apôtres, où des stalles du chœur, dues à M. Lassus, l'Eglise Saint-Germain-des-Prés n'aura plus à regretter que la décoration de son porche du 13° siècle et ses deux clochers si lestement rasés par M. Godde. Quant à l'avant-porche, que le 17° siècle est venu coller si mal à propos sur celui du moyen âge, nous ignorons si l'on peut se risquer à le faire disparaître sans quelques inconvénients pour rendre à l'antique église sa physionomie du 11° siècle, en faisant reparaître les constructions latérales ensevelies depuis si longtems sous les constructions du presbytère et celles du bâtiment claustral que les moines ont eu la malheureuse idée d'élever sur le porche de leur église, dont ils ne comprenaient plus, surtout depuis deux siècles, l'importance monumentale.

L. J. GUÉNEBAult.

Membre de la Société de spheagistique de Paris.

ITALIE.

Nouvelles et Mélanges.

- ROME.

-

Allocution de S. S. Pie IX, adressée le 1er décembre aux cardinaux, fixant le jour où devait être proclamé le dogme de l'Immaculée Conception. En réunissant les diverses pièces relatives à cet acte pontifical, nous avons parlé sous le n° 6 (voir notre t. x, p. 471), d'une réunion des cardinaux présidée par le S. Pontife; mais nous n'avions pas l'allocution qui y avait été prononcée. Cette pièce ayant été publiée plus tard, nous croyons devoir la joindre ici à cause de l'importance de la décision qu'exprime le souverain Pontife.

VÉNÉRABLES Frères,

Parmi les graves et nombreuses angoisses et douleurs dont nous sommes affligés, le Père très-clément des miséricordes, le Dieu de toute consolation Nous prépare et à l'Église entière une joie assurément très-grande. Car il semble être proche, Vénérables Frères, ce jour tout à la fois si désiré et si heureux où la Conception Immaculée de la Vierge Marie Mère de Dieu doit être décrétée par Notre Suprême autorité. Il ne pouvait y avoir pour nous en cette vie de plus grand sujet de joie, puisqu'un décret de cette nature est très-propre à augmenter et à faire fleurir de plus en plus sur cette terre l'honneur, le culte et la vénération envers la Vierge très-glorieuse qui, élevée au-dessus de tous les chœurs des Anges, de tous les rangs des Saints, et toute puissante auprès de Celui qu'elle a enfanté intercède au ciel par une prière assidue pour le peuple chrétien tout entier.

Vous savez parfaitement combien la piété et le culte envers l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu se sont manifestés de plus en plus chaque jour dans l'univers catholique, avec quel zèle l'Église et nos prédécesseurs se sont glorifiés de défendre, de nourrir, de développer cette piété, cette doctrine, et par combien de prières instantes et répétées non-seulement les Pontifes catholiques, mais encore les princes souverains ont demandé que l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu fût définie comme dogme de foi par le Siége Apostolique.

Ces demandes ayant été présentées à Grégoire XVI, notre prédécesseur d'heureusc mémoire, et à Nous-même, dès le commencement de Notre Pontificat, Nous avons appliqué avec le plus grand zèle à cet objet nos soins et nos pensées; mais voulant, dans une affaire de cette importance, employer toute la maturité possible, Nous avons institué, comme vous le savez parfaitement, une Congrégation particulière composée de plusieurs membres de votre Ordre

illustre et avons choisi dans le Clergé tant séculier que régulier des hommes parfaitement instruits dans les sciences théologiques, avec ordre de soumettre cette question à un examen très-attentif et de Nous en exposer leurs sentiments. Ensuite nous avons aussi envoyé une Lettre Encyclique, datée de Gaëte, le 2 février 1849, à tous les évêques de l'univers catholique, afin qu'ils nous fissent connaître par écrit quelle était la piété de leur clergé et de leurs fidèles envers l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu, et surtout ce qu'ils pensaient eux-mêmes ou désiraient touchant cet objet.

par

Après avoir appris avec une consolation singulière de Notre âme, soit les suffrages de la Congrégation particulière mentionnée, soit par les réponses de presque tous les Evêques, soit par les vœux desdits théologiens, que cette définition nous était ardemment demandée, Nous avons ordonné de composer et de vous communiquer un exemplaire de Lettres Apostoliques. C'est pourquoi, après toutes ces mesures prises, Nous demandons aujourd'hui volontiers, conformément à l'usage de Nos prédécesseurs, votre avis sur ce très-grave sujet, tandis que nous implorons très-humblement le secours de la lumière divine. En conséquence, vous plaît-il que nous portions un décret dogmatique touchant l'Immaculée Conception de la très-heureuse Vierge Marie?

AVANT PRIS TOUS les suffrageS, LE PONTIFE A AJOUTÉ ĈE QUÍ suir : Vénérables Frères, c'est avec le sentiment d'une vive joie que Nous voyons que vos suffrages répondent à Nos vœux. C'est pourquoi, dès ce moment Nous désignons le 8e jour du mois de décembre, où l'Église célèbre la fête de la Conception de la très-glorieuse Vierge, pour porter et promulguer ce décret, et Nous le ferons avec pompe et solennité dans Notre Basilique patriarcale du Vatican. Cependant, ne cessez de demander à Dieu, par d'instantes prières, qu'avec sa faveur et sous son inspiration Nous puissions achever cette œuvre si grande pour la gloire de son divin nom, pour l'honneur et l'ornement de la bienheureuse Vierge, pour l'exaltation de la foi catholique et le progrès de la Religion chrétienne.

Allocution de Notre Saint Père le Pape Pie IX au Sacré Collège, dans le Consistoire secret du 22 janvier 1855, sur les affaires du Piémont.

VENERABLES FRÈRES,

Vous vous rappelez assurément avec quelle douleur Nous avons souvent déploré avec vous, en ce lieu même, les dommages si graves par lesquels, depuis plusieurs années, l'Église catholique est affligée et misérablement ruinée dans le royaume subalpin. Nous n'avons rien omis de ce que pouvaient suggérer la sollicitude, le zèle, la longanimité, pour remédier, selon Notre pouvoir et le devoir de Notre ministère apostolique, à de si grands inaux, le cœur toujours rempli du désir de vous annoncer enfin quelque

chose qui fût du moins un adoucissement à Notre affliction commune. Mais tous Nos efforts ont été vains: ni les plaintes réitérées que nous avons fait entendre par l'organe du Cardinal Notre secrétaire d'Etat, ni les soins que s'est donné un autre Cardinal agissant comme Notre plénipotentiaire, ni les lettres que Nous avons Nous-même adressées à Notre cher fils en JésusChrist l'illustre roi de Sardaigne, n'ont obtenu aucun résultat. Tout le monde connaît les faits nombreux et les décrets par lesquels ce gouvernement, soulevant l'indignation de tous les gens de bien et remplissant les cœurs d'amertume, a foulé aux pieds les conventions solennelles contractées avec ce Siége apostolique, et n'a pas craint de persécuter chaque jour de plus en plus, et les ministres sacrés, et les Evêques, et les familles religieuses, de léser et de violer l'immunité de l'Église, sa liberté, ses droits vénérables; d'usurper ses biens, d'afficher le mépris de cette même Église et de Notre autorité suprême, de l'autorité de ce Saint-Siége, et de diriger contre l'une et l'autre les plus graves injures. En dernier lieu, comme vous le savez, a été proposée une loi tout à fait contraire au droit naturel même, au droit divin, au droit social, opposée au plus haut point au bien de la société humaine, et favorisant de toutes manières les pernicieuses et funestes erreurs du socialisme et du communisme. Par cette loi on propose entre autres choses de détruire entièrement presque toutes les familles monastiques et religieuses de l'un et de l'autre sexe, les églises collégiales et les bénéfices simples, même ceux qui tiennent au droit de patronage, et de livrer leurs biens et leurs revenus à l'administration et à l'arbitraire de la puissance civile. Le même projet de loi attribue au pouvoir laïque l'autorité de prescrire les conditions que devront subir celles des familles religieuses qu'il ne détruit pas.

Les paroles Nous manquent pour exprimer la douleur dont Nous sommes pénétré en voyant combien d'actes à peine croyables et tout à fait criminels ont été commis et sont encore commis chaque jour contre l'Église, contre ses droits vénérables, contre la suprême et l'inviolable autorité de ce SaintSiége, dans ce royaume où se trouvent en si grand nombre de fervens catholiques, et où, dans les rois surtout, la piété, la religion, le respect pour cette chaire du bienheureux Pierre et pour ses successeurs régnaient et fleurissaient pour l'exemple du monde. Mais les choses en étant venues à ce point, qu'il ne suffit pas de déplorer le mal fait à l'Eglise et que Nous devons employer tous Nos soins et tous Nos efforts pour les faire cesser, selon le devoir de Notre charge, Nous élevons de nouveau la voix, avec une liberté apostolique, dans cette assemblée solennelle, et Nous réprouvons et condamnons nonseulement tous les décrets déjà rendus par ce gouvernement au détriment des droits et de l'autorité de la religion, de l'Eglise et de ce Saint-Siége, et chacun de ses décrets en particulier, mais encore la loi récemment proposée, et

Nous déclarons ces actes entièrement nuls et sans valeur. De plus, Nous avertissons de la manière la plus sérieuse, soit tous ceux au nom, par l'ordre ou par les soins desquels ces mêmes décrets ont été rendus, soit ceux qui ne craindraient pas de sanctionner, d'approuver ou de favoriser, de quelque manière que ce puisse être, la loi récemment proposée, de considérer dans leur cœur quelles peines et quelles censures les constitutions apostoliques et les canons des saints Conciles, spécialement les canons du saint Concile de Trente, ont établies contre les déprédateurs et les profanateurs des choses sacrées, contre les violateurs de la liberté de l'Eglise et du Saint-Siége, contre les usurpateurs de leurs droits. Plût à Dieu que les auteurs de si grands maux, émus et touchés de Nos paroles et de Nos avertissements, se déterminassent enfin à cesser leurs audacieuses attaques contre l'immunité et la liberté ecclésiastiques, pour s'empresser de réparer les maux sans nombre faits à l'Eglise, et que de la sorte fùt éloignée de Notre cœur paternel la cruelle nécessité de tourner contre eux les armes qui ont été divinement confiées à Notre saint ministère !

» Afin que le monde catholique sache ce que Nous avons fait pour protéger dans le royaume subalpin la cause de l'Eglise et pour qu'il connaisse également quelle a été la conduite de ce gouvernement, Nous avons fait imprimer un exposé spécial de cette affaire, et Nous avons ordonné qu'un exemplaire en fût remis à chacun de vous.

» Avant de terminer, Nous ne pouvons Nous empêcher, Vénérables Frères, d'exalter par Nos louanges, comme ils le méritent, Nos Vénérables Frères les Archevêques et les Evêques du royaume subalpin, qui, se souvenant de la grandeur et de la dignité de leur charge, et répondant pleinement à Nos vœux, n'ont jamais cessé de s'opposer comme un már pour la maison d'Israël, de la défendre tantôt par leurs paroles, tantôt par leurs écrits, avec un grand courage et une admirable constance, et de soutenir énergiquement la cause de Dieu et de sa sainte Eglise. Et Nous voulons aussi féliciter du fond du cœur tous ces laïques distingués qui, dans le royaume, admirablement animés de sentimens tout catholiques et fermement attachés à Nous et à ce Saint-Siége, se sont fait gloire de défendre ouvertement et publiquement, par leurs paroles et par leurs écrits, les droits sacrés de l'Eglise.

» Pour vous, Vénérables Frères, qui avez été appelés au partage de Nos sollicitudes, Nous vous demandons de vous unir à Nous pour adresser à Dieu des prières assidues et ferventes, afin que, soutenu par la protection toute-puissante de l'immaculée Vierge Marie, Nous obtenions qu'il daigne revêtir nos soins et Nos efforts de son secours céleste, et par sa vertu toute-puissante protéger la cause de sa sainte Eglise et ramener les errants dans la voie de la vérité et de la justice. >>

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