En ce qui concerne l'Etablissement du Système,

2o Mes vues sur les moyens d'exécution sous le rapport administratif ;

En ce qui concerne le Trésor,

3o Ce que je pense de ces mêmes moyens d'exécution sous le rapport financier.

Car en fait d'institution de cette nature, les trois choses les plus indispensables sont aussi bien que pour faire la guerre,

1° De l'argent; 2° de l'argent; 3° de l'argent.

CHAPITRE PREMIER.

De l'Unité de Système.

D

ANS les divers modes pénitentiaires que j'ai étudiés, c'est, sans contredit, l'absence totale d'unité de système qui m'a le plus frappé. Et cependant, il est très remarquable qu'il ne se rencontre pas un seul écrivain philantrope qui ne l'ait réclamée comme la base indispensable au succès de la réforme. D'où vient donc qu'elle n'existe nulle part? Est-ce du défaut de s'entendre ou de l'impossibilité d'y arriver? Dans mon opinion, comme on l'a déjà vu, cela tient évidemment à l'impossibilité : en ce que pour atteindre d'une manière précise et nettement déterminée pour tous les peuples, au but qu'on se propose ; il faudrait qu'ils en fussent arrivés au même degré de civilisation; qu'ils eussent adopté la même forme de gouvernement; les mêmes mœurs, et qui plus est, qu'ils vécussent sous un climat semblable. Or, cela ne pourra jamais être sous aucune espèce de rapport; j'en ai donc conclu que l'unité d'un système pénitentiaire UNIVERSEL, n'est rien de moins qu'une folle utopie, dont l'idée seule

12

a jeté plus d'entraves que de lumières sur la route qu'on voulait s'ouvrir.

Et cependant, que n'a-t-on pas dit et redit sur ce point? Il n'y a, je crois, qu'Howard qui ait échappé à cette pensée folle; du moins n'ai-je vu dans aucun de ses écrits, qu'il en eut fait l'objet d'une proposition formelle.

M. H. Lagarmitte se demande «<- s'il existe aujour» d'hui en Europe un système des prisons? » Et il croit voir que « l'état dans lequel se trouvent aujour» d'hui les prisons européennes serait un mélange de quatre principes, représentés par les formules

>> suivantes :

v 1° Privation de liberté avec des accessoires des» tinés à aggraver la position des détenus et à effrayer ceux qui seraient tentés de les imiter.

» 2° Privation de liberté sans accessoires aggra» vans, mais aussi sans amélioration positive du physique ou du moral des détenus.

» 3° Privation de liberté avec amélioration positive » du physique des détenus.

» 4° Privation de liberté avec amélioration positive » du moral des détenus. »

On sent en effet, combien il serait difficile de trouver une unité de système dans des principes aussi évidemment contraires.

Aussi voyons-nous qu'en Angleterre, la plus grande partie des prisons y « sont soumises aux juridictions les plus hétérogènes. » 3

'Leçons sur les Prisons. Préface, par M. Julius, p. XIX.

2 Id.

3 Id.

p. XXII, XXIII.

vol. 1, p. 181.

En Suisse, on connait l'immense intervalle qui sépare l'administration des prisons d'Uri et des rhodes extérieures d'Appenzell, d'avec l'administration des prisons de Genève et du Canton de Vaud : il n'y a pas dans ce pays, sous ce rapport, deux seules prisons qui se ressemblent.

Il en est de même en Prusse, en Danemarck, en Norwège et en Suède : et nous savons que pour ce dernier pays le gouvernement institua, en 1824, «un >> comité chargé d'exercer sur toutes les prisons une » surveillance supérieure, et de mettre leur admi» nistration et leur discipline intérieure SUR UN pied

>> UNIFORME. >>

Y sera-t-on parvenu? Je l'ignore.

En est-il autrement en Allemagne? Non suivant le même Monsieur H. Lagarmitte; car dit-il, « partout » divers obstacles luttent encore aujourd'hui contre >> les tentatives d'amélioration. Le premier et le plus >> grave consiste dans les difficultés qu'éprouve la » concentration de toutes les prisons sous une même » autorité supérieure, dans les pays où des villes et des » seigneurs patrimoniaux partagent encore avec le » monarque le droit de rendre la justice. »

3

« C'est surtout en Suisse que cet intervalle existe et qu'il fait de la plupart de ses Cantons autant d'États si différens par leur langage, par leurs habitudes, par leurs lumières, par leurs mœurs, par leurs lois, qu'il est impossible d'y concevoir une réforme quelconque, adoptée aux degrés si divers de l'échelle de la civilisation. »

Ch. Lucas, ouvrage cité, vol. 2, p. 346.

- Id. vol. 1, p. 201, 206, 211.

3 État des Prisons en Allemagne. Julius, vol. 2, p, 361.