Page images
PDF
EPUB

Cette instruction à laquelle sont joints tous les modèles des divers modes d'opérations qu'elle prescrit, est un travail bien fait mais d'une trop grande complication, ce qui en rend l'exécution tout à-la fois difficile, longue, minutieuse et cela sans nécessité; telle est du moins l'opinion que m'en ont émise plusieurs inspecteursgénéraux du trésor d'un talent distingué, et assurément, ils sont plus aptes que personne à se constituer juges en pareille matière.

Je ne nie pas que la multiplicité d'écritures qui se contrôlent les unes les autres, n'offre une espèce de garantie de leur bonne tenue et de leur régularité. Mais s'il est possible d'être plus concis dans ce travail, sans qu'il puisse en résulter d'inconvéniens pour la sûreté du trésor ni pour l'exactitude des opérations, (et voilà ce qu'on dit et ce que je crois), pourquoi s'y refuseraiton? C'est surtout le langage tout classique des chiffres qu'il faut défendre de l'envahissement du romantisme des calculs ; et la comptabilité d'une administration de la nature de celle des prisons, doit pouvoir être vérifiée et contrôlée sans qu'il ait été nécessaire d'obtenir un brevet de maître-ès-arts dans la science épineuse et si ardue de la tenue des livres en partie double.

Après tout, quel que soit le modé qu'on juge convénable d'adopter et de faire suivre, l'essentiel est qu'il soit uniforme pour toutes les prisons du royaume.

Qu'il n'en soit pas ainsi dans un pays comme les États-Unis d'Amérique, cela se conçoit : là, chaque

État

se régit lui-même, s'administre suivant qu'il lui convient, et n'a pas, en ce genre du moins, de compte、 général à rendre de sa gestion à un centre commun. Mais en France, où le système de centralisation

fait converger toutes les branches du service public vers un seul et même tronc pour y être élaguées, taillées, contournées ou détachées au besoin, suivant qu'elles absorbent plus ou moins utilement de la sève qui les nourrit; en France, dis-je, tous les services de même nature doivent être établis sur des bases uniformes, et régis par des méthodes semblables.

Or, à l'exception des maisons centrales de détende tion, il n'y a peut-être pas dans tout le royaume comptabilités plus incohérentes que celles des prisons, si ce n'est peut-être celles des hospices : et sans contredit, il n'y a rien de plus facile en administration que d'apporter dans tout cela l'ordre, la régularité et l'harmonie les plus inaltérables.

Mais pour y arriver, il faut marcher hardiment au but, et se débarrasser sans retard des innombrables entraves qui depuis si long-temps embarrassent la route et y font trébucher et cheoir le plus grand nombre de ceux qui tentent de la parcourir.

Le moyen, c'est l'unité de système. Mais elle a ses conditions de succès et de durée desquelles il ne faut pas s'écarter.

Nous venons de la considérer sous un premier rapport: la nécessité et la possibilité de l'établir.

Nous allons passer maintenant à l'un de ses points constitutifs les plus importants, et sur lequel nous devons nous attendre à rencontrer le plus de controverses et d'opposition.

Ici, nous le répéterons, notre opinion est consciencieuse; et c'est à ce seul titre que nous osons ouververtement la manifester. Nous disons le bien tel que nous le concevons d'après nos études et notre longue

expérience; mais avec la plus intime conviction aussi, que nous ne saurions arriver de nous-même à cette infaillibilité de jugement, qu'il n'a peut-être encore jamais été donné à personne d'atteindre complètement.

DEUXIÈME SECTION.

CHAPITRE DEUX.

PREMIERE DIVISION.

DE LA RÉPARTITION DE LA FRANCE EN DIVISIONS ET SUBDIVISIONS PÉNITENTIAIRES.

[ocr errors]

L y a beaucoup de prisons en France, et ce sont gîtes où, bien ou mal, la Justice héberge plus ou moins convenablement 30 à 40 mille condamnés de tout sexe et de tout âge, sur une population de 32,560,934 individus ; ce qui donne environ, de un condamné à un condamné 174 par mille individus. Et le tout, moyennant une dépense de 8 millions et quelques cent mille francs, y compris celle des

1

[ocr errors]

Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1833, p. 115.

« PreviousContinue »