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qu'il me serait facile de multiplier, je terminerai par une réponse de. M. Elam Lynds à MM. de Beaumont et de Tocqueville. De M. Elam Lynds qui ne veut pas de solitary confinement, et qui de tous les Directeurs de prison, me semble être celui qui a le mieux compris le caractère des condamnés et la manière de les conduire.

Voici la question:

« D.- Croyez-vous en définitive à la réforme d'un >> grand nombre de détenus?

Voici la réponse;

« R. Il faut nous entendre: Je ne crois pas à la » réforme complète; excepté pour les jeunes délin» quans. Rien de plus rare, que de voir un criminel, » d'un âge-mur devenir un homme religieux et ver>> tueux. Je n'ajoute point de foi à la sainteté de ceux » qui sortent de prison; et je ne crois pas que les >> conseils du chapelain ni les méditations du détenu >> fassent jamais de lui un bon chrétien. Mais mon » opinion est qu'un grand nombre d'anciens condam» nés ne retombent point en récidive, et que même >> ils deviennent des citoyens utiles, ayant appris en » prison un état, et y ayant contracté l'habitude cons» tante du travail. Voilà la seule réforme que j'aie » jamais espéré produire, et je pense que c'est la seule » que la société puisse demander. >>

ET MOI AUSSI.

I

Que dire maintenant de ces milliers de systèmes divers sur le régime pénitentiaire dont, pas un seul n'a été conçu ni exécuté de la même manière? dont pas un seul n'a produit la centième partie des résultats ' Page 339.

qu'il promettait? dont pas un seul enfin, n'a porté là conviction de la possibilité de la réforme morale dans l'esprit de ceux-là mêmes qui la désirent et la recherchent avec le plus de bonne foi?

Et c'est quant, au milieu de ces doutes accablants, l'expérience d'hommes spéciaux vient révéler à la théorie tout ce qu'elle a de vague et de délirant, qu'on persévère à demander à l'Etat des trentaines de millions pour réformer et régénérer notre ancien système des prisons? Est-ce là de la raison ou de l'orgueil? de la conscience ou de l'entêtement? du charlatanisme ou de la vérité? c'est au moins de la folie, et nous devons nous en garantir.

NoN, la réforme des condamnés ne saurait être radicale. Et j'entends par cette expression, avec MM. de Beaumont et de Tocqueville, « ce qui d'un méchant » fait un honnête-homme et donne des vertus à qui » n'a que des vices; » ' mais nous concevons aussi avec M. Ch. Lucas, comment « avec une combinaison >> habile de tous les moyens physiques et moraux pro>> pres à agir sur les différens caractères, et à exercer » la contrainte nécessaire à l'ordre et la distribution » des travaux; avec une administration FORTEMENT » et HIERARCHIQUEMENT organisée pour le maintien de » la discipline et le scrupuleux accomplissement de » toutes les conditions nécessaires à la régénération >> des condamnés, on puisse enfin obtenir que ces étres » sortent des prisons tout autres qu'ils n'y sont en»trés. »a

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Oui, nous concevons tout cela, mais avec infiniment moins de détails dans la combinaison de notre plan de réforme que n'en demande cet honorable écrivain, parce qu'enfin, nous devons le redire encore d'après ses propres aveux; une femme, seule, inspirée de Dieu, sans doute, « pénètre un beau jour dans un de >> ces plus affreux repaires du crime, et là, sans secours » d'architectes, sans changemens de plan, sans res>> sources de mesures disciplinaires, de classification, >> sans concours d'administration, sans moyens cor>> rectifs, sans autorité que celle de sa voix et de sa » vertu, parle brusquement au crime et s'en fait » d'abord écouter, bientôt obéir, et réussit à la fois à » commander, à punir, à régénérer et à convaincre. »,

Qu'il faille désespérer de trouver pour administrer nos nouveaux pénitenciers, des hommes qui vaillent Me Fry, nous ne le contestons point; et c'est un hommage franc et loyal que nous sommes heureux de rendre à cette femme célèbre : mais aussi pour suppléer à tout ce qui peut nous manquer, reclamons-nous une foule d'aides, et de moyens d'action dont elle seule a pu se passer; et grâce à ces secours puissants, nous ne doutons point qu'on en arrive un jour à ce « qu'un » grand nombre d'anciens condamnés ne retombent » point en récidive, SEULE RÉFORME QUE LA SOCIÉTÉ

» PUISSE DEMANDER. >>>

J'ai tracé quelle était, selon moi, la meilleure route à suivre pour atteindre le plus efficacement possible à ce but raisonnable; et je ne demande que la permission de me croire placé sur le bon chemin jusqu'à preuve du contraire.

' Vol. 2, p. 313.

CHAPITRE SEPT.

De l'application de l'Unité de Système, à toutes les catégories de détenus.

Lous avons vu comment depuis Howard jusqu'à

nos jours, tous les écrivains de tous les pays qui se sont occupés de réforme pénitentiaire se sont récriés sur l'absence d'une unité de système. Mais ce qu'il y a de bien étrange dans cette unanimité d'opinions, c'est de voir aussi comment chacun de leurs systèmes est en opposition formelle avec cette même unité dont ils reconnaissent et proclament si hautement l'irrécusable nécessité. Nous allons le démontrer.

Posons nos bases.

Quelle est l'origine de telle ou telle condamnation? Une infraction quelconque à l'ordre social établi, Pourquoi la punit-on? - Pour avertir tous les citoyens de se maintenir dans la voie de l'honneur et de la vertu,. et faire sentir au coupable le danger et la honte de s'en être écarté. Quel est le but de la peine? - Ce ne peut être que l'amendement du condamné ; car autrement, elle serait inutile pour lui, qu'elle ne corrigerait pas, et pour les autres qu'elle ne garantirait

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