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» sans Jésus-Christ et sa parole divine, il est impos»sible de travailler avec succès à l'éducation de toute >> jeunesse quelconque, à plus forte raison des enfans » de la misère. Mais avec Jésus-Christ et sa parole, » il faut que la prison la plus hideuse, fût-elle un >> second Newgate, se transforme en une demeure » chrétienne. » 'Nous pensons comme Zeller, et notre conviction, M. Julius la partage.,

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Si l'on ne peut nier, dit-il, que cette espèce » de civilisation qui ne cherche que la science, quel» que soit le fondement sur lequel elle repose, est >> incapable de produire la diminution du nombre des >> crimes, on ne saurait disconvenir qu'elle n'ait exercé >> une influence très-heureuse sur leur nature, qui a » éprouvé des changemens remarquables. Le nombre >> des actes de sang et de violences, encore aujour>> d'hui si considérables en Espagne et dans le midi de » la France, a diminué d'une manière sensible dans les » pays qui ont éprouvé l'action de la civilisation nou>> velle; mais en revanche les mêmes pays, c'est-à-dire » l'Angleterre, le nord de la France, les États-Unis, » présentent des progrès encore plus marqués dans » les raffinemens du crime, de la fraude et de l'amour >> des jouissances sensuelles, au point que les grandes » villes, et SURTOUT la jeune génération qui s'élève » dans leur sein, sont arrivés à un degré de corrup>>tion dont jusqu'à nous les États chrétiens n'avaient >> pas donné d'exemples. »

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Conséquemment, la science sans la Religion n'a

Leçons de Julius, vol. 1, p. 161. 2 Ut suprà, vol. 1, p. 157.

d'effet salutaire que sur la nature des crimes qu'elle peut rendre moins sanguinaires; mais elle en augmente les raffinemens dans toutes leurs modifications. D'où il est naturel de conclure que le plus haut degré de perfection où le philosophisme isolé puisse conduire, c'est à l'accomplissement de toutes les jouissances du crime, moins celle du sang!...... et que la jeune génération des peuples les plus civilisés, et conséquemment les plus libres de la terre, est celle qui s'avance avec le plus d'enivrement dans cette épouvantable voie de perdition! Je ne sais si je me trompe, mais si elle ne s'arrête bientôt dans sa course, il se pourrait bien que toute philosophique que la science l'ait faite, elle ne rencontrât plus au bout du voyage que des abîmes de sang pour s'y précipiter!

Cette différence dans la nature des crimes se fait apercevoir d'une manière bien remarquable dans les prisonniers, suivant les premières impressions de leur jeune âge. Les enfans des misérables, élevés sans aucun principe religieux et jetés malingres et déguenillés sur la place publique dès qu'ils peuvent y aller quêter leur pain, arrivent d'ordinaire en prison par suite de crimes, pour ainsi dire empreints d'une sorte de barbarie et de sauvageté. Les meurtres, les vols à main armée, les tentatives d'incendie et autres de cette nature en sont généralement le type le plus ordinaire. Cette classe de détenus est tout-à-fait étrangère aux sentimens religieux, et cependant la plus facile à ramener; conséquemment la plus apte au repentir : il semble que ces grands coupables n'aient failli qu'à défaut de l'idée de Dieu, et qu'il suffise de la reproduire au fond de leurs âmes pour leur en faire sentir toute la grandeur et toute la nécessité.

Mais il n'en est pas de même à l'égard de cette foule de condamnés appartenant à des familles moins avilies par leur position dans le monde. Ceux-là ont reçu de bonne heure une sorte d'éducation religieuse; on leur a fait dire leurs prières soir et matin; le plus grand nombre ont même été poussés jusqu'à leur première communion, sorte de limite où leurs parens se sont crus obligés de les conduire par un reste de respect humain, sauf à les abandonner ensuite à la carrière de telle ou telle industrie, sans s'apercevoir que ne les préchant plus d'exemple, les malheureux se sont persuadés qu'ils avaient parcouru ici-bas le cercle de leurs devoirs envers Dieu, quitte à s'en ressouvenir plus tard, quand la vieillesse ou toute autre cause viendrait leur rappeler qu'il est l'heure de mourir !

Les condamnés de cette catégorie ne commettent en général que des délits correctionnels; ils ont le sang en horreur, et font partie « — de cette civili»sation qui ne cherche que la science quel que soit le » fondement sur lequel elle repose! » - Mais ils sont pour la plupart incorrigibles et d'une épouvantable immoralité. D'où l'on pourrait établir sans crainte de s'écarter beaucoup de la vérité, que l'irréligion produit les grands crimes, et la fausse science les grands vices; puis conclure qu'il n'y a point, et ne peut y avoir de vertus solides et durables, que celles qui naissent chez l'homme de l'alliance invincible et sainte du savoir et de la VÉRITABLE piété.

S'il en est ainsi, combien l'ordre social ne doit-il donc pas être effrayé de l'irréligion qui partout envahit les générations qui s'élèvent! combien doit-il concevoir d'inquiétudes sur le succès qu'il attend de l'éta

blissement du régime pénitentiaire! Ah! je l'ai cent fois dit peut-être, et cent fois je le répéterai de nouveau: le meilleur moyen d'arriver au but qu'on se propose dans la réforme des prisons, c'est l'éducation religieuse et pratique du peuple.

Ainsi l'honorable M. Livington a raison d'avancer, que « — - c'est un avantage pour la société d'entretenir >> pendant quelques années un enfant à l'école, d'em» pêcher qu'il ne devienne criminel pour le reste de » sa vie, et de prévenir ainsi les dépenses qu'entraî>> neraient sa future condamnation et son emprison

>>>nement. >>>

Nous dirons donc avec M. Charles Lucas. « · La >> régénération des jeunes malfaiteurs est un point dis>> tinct dans le grand œuvre de la réforme des prisons, >> elle doit ainsi se concevoir et se produire distinc>>tement dans tous les pays que cette réforme préo» cupe, parce que ici les moyens d'application et » d'efficacité ne sont plus essentiellement les mêmes » que ceux qui appartiennent à l'action du système >> pénitentiaire en général. »

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Je n'ai rien à ajouter à ces paroles. Elles expriment toute ma pensée, toutes mes convictions, toute mon expérience; et je demeure convaincu de l'urgence d'isoler les jeunes prisonniers des autres condamnés, et de faire de cet isolement une des bases de l'édifice pénitentiaire dont je viens développer les principes.

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Introduction au Code de Réforme, voyez Ch. Lucas, vol. 1, p. 117.
Id. vol. 3, p. XCI.

DES IDIOTS ET DES FOUS.

ISOLER totalement et dans une prison spéciale les idots, les imbéciles et les fous condamnés, n'est pas seulement une nécessité; c'est un devoir de conscience et d'humanité devant lequel il est impossible de reculer.

Il ne s'agit pas de savoir comment il arrive que de tels individus soient condamnés ; la vérité est que plus d'une fois j'en ai vus descendre de la charette dans un état complet d'idiotisme, et rester idiots jusqu'à l'expiration, non-seulement de leur ban, mais pour le reste de leur vie.

J'ai dit quelle sorte d'entraves leur présence apportait, dans nos maisons centrales, à l'amendement des autres prisonniers; et je ne pense pas qu'on ait jamais eu l'idée de les soumettre aux épreuves régénératrices du régime pénitentiaire,

Quant à l'espèce d'aliénation mentale qui constitue la véritable folie, je ne sache pas qu'il y ait beaucoup d'exemples d'arrêts de condamnation qui l'aient atteinte dans la personne d'un prévenu. Du moins n'ai-je jamais vu d'individus complétement fous sortir des mains de la justice pour passer immédiatement en prison. Personne n'ignore au surplus, que dès qu'un détenu donne des marques non-équivoques de folie, l'administration supérieure s'empresse de le faire extraire aussitôt de prison, pour être conduit dans un hospice d'aliénés jusqu'à sa guérison.

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