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bution foncière qu'à celle des portes et fenêtres, jusqu'à ce qu'elles aient été comprises dans les rôles généraux.

Leurs cotisations, tant en principal qu'en centimes additionnels, seront égales à celles que supporteront pour l'année en cours les immeubles de même nature et de même importance; mais elles seront multipliées par le nombre d'années écoulées entre celle où les constructions nouvelles, les reconstructions et les additions de construction auront été achevées et celle où elles auront été découvertes, y compris cette dernière année, sans toutefois pouvoir être plus que quintuplées.

Elles viendront en accroissement des contingents des contributions personnelle-mobilière et des portes et fenêtres. Toutefois, le contingent de la contribution personnelle-mobilière ne sera augmenté qu'à partir de l'année où lesdites constructions, reconstructions et additions de construction seront comprises aux rôles généraux, sous réserve, lorsqu'il y aura lieu, des dispositions de l'article 2 de la loi du 4 août 1844. Art. 11.

Le contrôleur des contributions directes, assisté du maire et des répartiteurs, assurera l'exécution des deux articles qui précèdent. Art. 12. - Il continuera d'être perçu, par addition au principal de la contribution foncière des propriétés bâties, un centime par franc, dont le produit sera affecté aux secours généraux et distribué entre les départements dans les cas d'incendie, inondation ou autres événements fortuits.

La seconde innovation qu'il convient de signaler dans la loi de finances pour 1891 est l'incorporation au budget ordinaire du budget extraordinaire de la guerre.

Voici comment le projet du gouvernement justifiait cette réforme, réclamée déjà depuis un certain nombre d'années :

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« Tant qu'on a pu penser que les frais de la reconstitution de nos forces militaires seraient momentanés et que l'effort à faire dans ce but serait passager, il a paru légitime d'affecter à des crédits que l'on croyait extraordinaires des recettes extraordinaires également. Le système des obligations à court terme offrait de sérieux avantages. Il se justifie aisément pour des emprunts spéciaux et tout passagers, tels que ceux qu'avaient paru nécessiter soit nos comptes de liquidation, soit les budgets extraordinaires qui leur ont succédé. Mais, dès qu'on acquiert la certitude de la permanence d'une dépense, ou bien dès qu'on se voit dans l'impossibilité de lui assigner tout au moins un terme précis, le devoir du gouvernement et des chambres est tout tracé à cette dépense, qui apparait clairement comme ordinaire, des recettes ordinaires doivent faire face. Ce n'est pas à l'emprunt, c'est à l'impôt à la couvrir. Nous n'avons fait, d'ailleurs, que nous conformer à cette règle, quand, en 1888, nous avons réintégré dans le budget ordinaire toutes les dépenses réputées jusque-là extraordinaires, autres que celles de la guerre (1). >>

(1) Chambre : doc. 1890, p. 287.

Et devant le Sénat, M. Boulanger, rapporteur général, s'exprimait ainsi : « Ces budgets extraordinaires ont pesé d'un poids très lourd sur les finances depuis 1870. Les budgets de liquidation ont absorbé près de 2 milliards; après eux se sont ouverts tous les budgets extraordinaires des ministères, puis les budgets des travaux publics et enfin les budgets extraordinaires de la guerre, dont nous cherchons à obtenir la clôture. L'effort de la France a été considérable, et elle n'a pas fléchi. Mais il y a dans le budget un endroit où retentissent ces efforts et ces sacrifices: c'est la dette, que M. Thiers appelait si justement le « miroir fidèle de nos charges, des malheurs et des fautes du passé »... Or, la dette de la France s'élève à 30 milliards environ. Elle s'est accrue de 15 milliards depuis 1870, et cela pour trois causes : d'abord les dépenses de guerre proprement dites; puis un milliard résultant des déficits annuels de nos budgets, et enfin sept milliards provenant des budgets extraordinaires.

« Pour obtenir ces ressources considérables, on a fait appel au crédit sous toutes les formes. On a émis des rentes, des bons sexennaires et trentenaires; on a fait des emprunts à la Banque, à la Caisse des dépôts et consignations; on a fait surtout des emprunts aux compagnies de chemins de fer. Depuis 1876, les emprunts de cette nature, qu'on peut appeler les emprunts des travaux publics, se sont élevés à une somme de près de six milliards : c'est à cela que correspondent les déficits annuels de 3 ou 400 millions dont il a été si souvent question dans . vos discussions antérieures.

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« Ce qu'on a fait, messieurs, avec ces grands emprunts, je n'ai pas ici à vous le rappeler; ces ressources ont permis à la France d'accomplir l'œuvre de sa restauration militaire et de la réforme de son outillage national... Le moment est venu de modérer ces appels au crédit, d'arrêter résolument la progression des déficits annuels qui s'ajoutent à la dette. La dette française est la plus forte de toutes les dettes des États européens. L'Angleterre a 17 milliards de dette, et elle l'amortit régulièrement par la transformation de la dette perpétuelle en annuités terminables. L'Italie a 12 milliards de dette et l'Allemagne en a 5 milliards.

« Je sais bien qu'il ne faut pas s'exagérer l'importance de la dette de la France. La France la supporte beaucoup plus facilement que les Etats étrangers ne supportent les leurs. Son crédit se maintient aux plus hauts cours. C'est à lui que les nations font appel pour soutenir le leur, et quand elle le perdent, elles perdent une partie de la confiance publique. L'Italie en a fait récemment l'expérience.

« Mais, si rassurant que soit le présent, il faut penser à l'avenir. Pour cela, il n'y a qu'un moyen, c'est de diminuer et de réduire les budgets extraordinaires... Ce qu'on a fait depuis quelques années pour les autres budgets extraordinaires, on nous demande de le faire aujourd'hui pour le budget extraordinaire de la guerre... C'est cette réforme qui donne au budget de 1891 sa grande physionomie. Nous sortons, avec lui, de ces budgets d'attente, de transition, d'expédients auxquels vous

avez adressé de si justes reproches, pour nous acheminer vers les budgets d'équilibre véritable (1). »

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Par quels procédés cette incorporation du budget extraordinaire de la guerre a-t-elle été réalisée? D'une part on a fait un emprunt de 869 millions, destiné à rembourser pour 700 millions environ d'obligations sexennaires émises ou à émettre, et pour 169 millions de bons de liquidation et d'obligations du trésor, et à les remplacer par une somme équivalente de rentes 3 pour 100 (2). D'autre part, de nouveaux impôts ont été votés: impôt spécial sur les affiches peintes (3); remaniement de taxes en ce qui concerne l'impôt sur les cercles (4); augmentation de 1 pour 100 sur le revenu des valeurs mobilières; ce dernier impôt sera désormais de 4 p. 100 au lieu de 3 p. 100 (5). Enfin, le taux de l'intérêt payé par l'État aux caisses d'épargne a été abaissé de 4 p. 100 à 3,75 p. 100 (6).

L'équilibre étant ainsi obtenu, nous avons à dresser le tableau suivant, représentant l'ensemble des dépenses autorisées pour 1891 par les lois de finances :

Budget ordinaire...

Budget spécial..

Budgets annexes (7).....

Garantie d'intérêt aux Cies de chemins de fer....

3.164.881.349 fr.

447.700.191

100.387.936

38.000.000

3.770.969.676 fr.

(1) L'équilibre n'est pas encore absolu, d'après M. Boulanger lui-même, et l'incorporation du budget extraordinaire de la guerre ne réalise pas encore l'unité budgétaire. En effet, pour alimenter certaines dépenses, on a créé de petits budgets spéciaux qui ne sont gagés par aucune recette correspondante : « C'est le budget des annuités des chemins de fer, pour les travaux antérieurs aux conventions; c'est le grand budget des conventions; c'est le budget des garanties d'intérêts; c'est le budget des écoles et des chemins vicinaux; enfin c'est le budget des avances pour les travaux de navigation. » (Sénat, séance du 18 décembre 1890.)

1

A

27 décembre, p. 6264).
Off. des 2 et 3 janvier).
rapport, doc. 1890 (session

(2) Loi du 24 décembre 1890 (J. Off. des 26 et cette loi se rattache le décret du 2 janvier 1891 (J. Chambre: discussion, 10 décembre 1890. Sénat extraordinaire), p. 315; discussion, 23 décembre. (3) Loi du 8 août 1890, art. 33. (J. Off. du 12 aoùt). Un règlement d'administration publique du 30 décembre (J. Off. du 31 décembre) a déterminé les mesures d'exécution de cet article 33.

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(4) Loi du 26 décembre, art. 5 à 8. — V. Règlement d'administration publique du 18 février 1891 (J. Off. du 21 février). Cet impôt, dont l'initiative revient à M. Després (V. doc. 1889, session extraord., p. 371), a pris la place de celui qui avait été d'abord proposé par le gouvernement et qui devait atteindre les spécialités pharmaceutiques : Chambre, exposé des motifs, doc. 1890 (session extraord.), p. 35.

(5) Loi du 26 décembre 1890, art. 4.

V. proposition de loi de M. Émile Moreau tendant à établir un impôt sur les valeurs mobilières étrangères: Chambre, doc. 1890, p. 1454.

(6) Même loi, art. 55.

(7) La commission du Sénat, considérant que le détachement des budgets

Quant au détail du budget ordinaire en recettes et dépenses, il convient de le présenter ainsi qu'il suit :

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Taxe de 1er avertissement.....

Taxes spéciales assimilées aux contributions directes.

Contributions spéciales et taxes en Algérie....

628.500

29.662.700

9.114 300 468.888.666

TOTAL DES IMPOTS DIRECTS.

§ 2. Impôts et revenus indirects.

Enregistrement...

509.049.048

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annexes présente de sérieux inconvénients, a demandé qu'ils fussent incorporés, eux aussi, au budget ordinaire. Ce n'est d'ailleurs qu'une question de comptabilité et de bonne gestion financière. Rapport, doc. 1890 (session extraordinaire), p. 301.

(1) V. suprà, p. 26 à 30.

(2) V. suprà, p. 32, note 5.

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173.372.524

Ministère de la marine..

Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts:

1re section. Service de l'instruction publique (1)............. 2o section. Service des beaux-arts......

Ministère du commerce, de l'industrie et des colonies:

1re section. Service du commerce et de l'industrie...

2o section. Service des postes et télégraphes....

3o section. Service des colonies..

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4 partie Frais de régie, perception et exploitation des impôts et revenus publics.....

5 partie: Remboursements et restitutions, nonvaleurs et primes...

8.106.455

19.725.286

1.921.700

53.550.553

20.791.030

115.736.007

51.724.473

1.520.879.297

337.516.427

21.688.500

3.164.881.549

Il nous reste maintenant à relater les projets et propositions de loi dont les Chambres se sont occupées, et tout d'abord à mentionner les

(1) Dans ce chiffre est comprise une somme de 108.300.840 francs pour dépenses de l'instruction primaire (au lieu des 80.063.000 francs du budget de l'exercice 1890).

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