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FRANCE PITTORESQUE.

tuée en amphithéâtre sur un coteau; la partie basse de la ville est traversée par la petite rivière de l'Ourcq qui serpente ensuite dans de riantes campagnes.

au

SAINT-QUENTIN, sur la rive droite de la Somme, et à la tête du canal de ce nom, à 12 l. 112 N.-O. de Laon. Pop. 17,686 hab. -L'antique cité gauloise Samarobrive, fut nommée par Auguste, Saint Quentin, qui y souffrit le martyr Augusta Viroman duorum. en 803, Ini donna son nom actuel qu'elle ne prit toutefois qu'en 884.-Trois voies militaires y aboutissaient; il en existe encore de beaux débris, seules antiquités romaines qu'offrent la ville et ses environs. Cette ville a été saccagée par les Vandales en 407, par les Huns d'Attila en 451; par les Normands au vir et IXe siècle. Charlemagne l'aida à réparer ses ruines, et enrichit son église.-La ville devint le chef-lieu du comté de Vermandois, créé par Louis-le-Débonnaire, en faveur de Pepin, fils de BerElle eut à souffrir de fréquents nard roi d'Italie, son neveu. désastres. Elle fut prise et pillée plusieurs fois. Plusieurs fois Sous Louis XI, En aussi elle se défendit avec succès et avec gloire. elle appartint tour à tour au roi et au duc de Bourgogne. 1557, l'armée espagnole mit le siége devant Saint Quentin, et après avoir battu l'armée française, prit cette ville et la dévasta de fond en comble. Un vœu fait par Philippe II, pendant la bataille, fut cause de l'érection, en Espagne, du fameux monas. Rendu à la France, en 1559, Saint-Quentin tère de l'Escurial. se repeupla peu à peu.-A la mort de Henri III, quand les autres villes de la province se révoltaient toutes, elle reconnut Henri IV, lui donna toute l'assistance qu'il lui fut possible, et lui demeura fidèle dans les circonstances les plus critiques. Saint-Quentin cessa d'être une ville de guerre sous Louis XIV, quand Vauban eut couvert nos frontières du nord de places fortes. Cette ville couvre une éminence isolée d'un côté par une profonde vallée, de l'autre par la Somme. Elle est baignée vers l'est par le canal auquel elle donne son nom, et qui lui forme comme une demi-ceinture plantée de beaux arbres. Des démolitions successives font disparaître ses anciens remparts que remplacent de nouveaux quartiers et des promenades. La ville a trois faubourgs; elle est généralement bien bâtie ses rues principales sont propres et larges; de jolis édifices, la plupart modernes, les décorent. La Grande Place, située presque au centre de laville, est spacieuse et régulière; elle forme un carré long que bordent de belles façades; au centre d'un des côtés est lH'ótel-de-Ville, monument gothique érigé en 1509. Il est composé d'un étage que portent huit colonnes de grès formant arcades et galeries, et surmonté de trois frontons et d'une lanune horloge et un carillon. terne circulaire et à jour, avec L'Eglise de Saint-Quentin est située sur le sommet de la colline et domine la ville. Elle est vaste, haute, et d'une construction singulièrement hardie; son ensemble est régulier et imposant; ses détails sont d'une belle architecture gothique; elle possède un clocher carré que surmontait autrefois une flèche très élevée. Le buffet d'orgues est magnifique. Cette église est fort ancienne. La Bibliothèque publique se compose de 14,000 volumes; la Salle de spectacle et celle de concert sont propres et jolies; le Palais de justice et la plupart des autres édifices publics sont de beaux édifices. SOISSONS, sur l'Aisne, ch.-1, d'arrond, à 10 l. S.-O. de Laon. A l'époque de la conquête romaine Soissons Pop. 8,149 hab. portait le nom de Noviodunum; elle reçut alors le nom de Augusta Suessonium, Défendue par des fortifications considérables elle résista long-temps aux Barbares, et fut la dernière place forte Après la vicque les Romains conservèrent dans les Gaules. toire de Clovis sur Siagrius, en 486, Soissons devint la capitale des Francs, jusqu'au moment où le roi transporta le siége du gouvernement à Paris. Un nouveau royaume, dont Soissons était la capitale, fut, plus tard, créé pour Clotaire, fils de Clovis. Dans un siècle de barbarie la ville éprouva fréquemment les malheurs de la guerre. En 928 Charles-le-Simple fut battu sous En 1811 Soissons s'affranchit ses murs par Robert, son vassal. En 1413 les troupes du roi et se gouverna en Charles VI et du dauphin prirent la place, qui tenait pour les Bourguignons, et y commirent d'horribles excès; presque tous les habitants furent massacrés reprise par les Bourguignons, puis par les Armagnacs, elle éprouva de nouveaux désastres.- En 1567 Un les Huguenots la saccagèrent puis s'y établirent; le duc de Mayenne la leur reprit et la fit entourer de fortifications. congrès y fut tenu en 1728.- En 1814 Soissons fut de nouveau en proie à tous les maux de la guerre et fut prise et reprise quatre fois par les étrangers et par les Français. Le dernier siége dura un mois les troupes alliées bombardèrent la ville et la forcèrent à capituler. Soissons est située dans un vallon agréable et fertile, sur la rive gauche de la rivière: ses fortifications consistent en une enceinte bastionnée. La ville est généralement propre, bien bâtie et bien percée ; ses édifices les plus remarquables sont l'ancien Chateau, construit sur l'emplacement de celui des rois de la première race; il est flanqué de grosses tours rondes et massives; l'Eglise cathédrale, fondée au xie siècle, basilique curieuse et bien conservée : en 752 Pepin s'y fit couronner roi de France; l'Abbaye de Saint-Jean-des-Vignes, fondée vers le milieu du xre

commune.

AISNE.

cet établissement que la façade de son église, formée de deux
siècle, sur une éminence au bord de la ville; il ne reste plus de
flèches d'inégale hauteur et de trois porches surmontés d'une:
Le College, l'Hôtel-Dieu, la Maison.
comme monument d'art.
arcade, beau débris d'architecture gothique qu'on a conservé:
théâtre et une bibliothèque publique riche de 19,000 volumes.
de correction, sont des édifices convenables. La ville possède un
célèbre Abbaye de Saint-Médard fondée en 545, et qui devint la:
Près de Soissons se trouvent les ruines de l'antique et long-temps
prison de Louis-le-Débonnaire, détrôné par ses enfants: on y
montre encore le cachot où fut enfermé ce fils dégénéré de
Charlemagne.

VILLERS-COTTERETS, ch.-1. de cant., à 7 1. 112 de Soissons.
Ce ne fut d'abord qu'un château royal qu'a-
voisinait un hameau; les Anglais le détruisirent lors des guerres
Pop. 2,688 hab.
Elle est
des Bourguignons et des Armagnacs. Le château fut reconstruit
par François Ier; une petite ville se forma à l'entour.
située au milieu de la forêt de Retz, sur la grande route de Paris
à Soissons. - L'ancien château est devenu le dépôt de mendi-
cité du département de la Seine.

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VERVINS, sur le ruisseau du Vilpion; ch.-1. d'arrond., à 10 1. N.-N-E. de Laon. Pop 2,565 hab. - Ville fort ancienne, jadis. Verbinum. Elle fut plusieurs fois prise et reprise par les Orléanais et les Armagnacs; en 1552 les Autrichiens l'incendièrent. A peine reconstruite elle fut de nouveau brûlée par les Espagnols en 1557. Elle a été plusieurs fois ravagée depuis dans les guerres civiles et religieuses. Vervins s'élève en amphithéâtre sur une riante colline. On y voit plusieurs belles constructions, et un hospice, fondé en 1570 par Jean et Jacques de Coucy, seigneurs de Ver-, vins. Dans la chapelle de cet hospice se trouve un fort beau tales pestiférés de Milan; un autre beau tableau du même maître bleau de Jouvenet, représentant saint Charles Borromée secourant décore l'église paroissiale.

GUISE, sur l'Oise; ch.-1. de cant., à 5 1. E.-S.-E. de Vervins. Dévastée en 1177 par les Pop. 8,072 hab. C'était anciennement une ville très forte; sou comtes de Flandre et de Hainaut, elle fut réédifiée et fortifiée histoire certaine remonte à 1050. par un château considérable. En 1339 les Anglais s'emparèrent succès le château contre le comte de Soissons, son père, ligué En 1520 le comté de Guise fut donné de la ville; mais l'intrépide Jeanne de Hainaut défendit avec, alors avec les Anglais. Claude de Lorraine, tige de la célèbre maison de Guise, en faveur Guise fut prise et duquel le comté fut érigé en duché-pairie. reprise par les partis contraires, pendant la guerre de la Ligue, En 1594 Henri IV attaqua ses faubourgs, les emporta après Guise une action sanglante, et les brûla. En 1815 les troupes alliées investirent le château, qui se rendit par capitulation. est dans une belle situation, sur la rive gauche de l'Oise, et traversée par un canal de dérivation de cette rivière. Ses fortifications se réduisent aujourd'hui à un simple mur d'enceinte; le château, de forme triangulaire, a été construit par Claude do est dominé par une tour fort élevée, qui, avec sa masse, offre un Lorraine, en 1549. Il s'élève à 50 mètres au-dessus de la ville, et aspect très pittoresque.

VIEILLES MŒURS, ANCIENS USAGES.

Un ancien magistrat a publié sur les changements que les Mœurs, les Opinions et les Usages ont éprouvés depuis plusieurs siècles dans la ville de Saint-Quentin, un livre où parmi un grand nombre Nous lui ferons quelques des détails curieux et intéressants. d'observations chagrines et de réflexions déclamatoires, on trouve emprunts.

VIIE SIÈCLE. Il n'y avait alors que les femmes qui rasassent. Le premier jour de ses noces, et d'après une stipulation du contrat de mariage, la femme devait faire la barbe à son mari. — Les issues et les tripes des animaux étaient considérés comme des alien permettait l'usage les samedis entre la ments maigres; l'Église fête de Noël et celle de la Purification. Cette qualification subsiste. est question encore en Espagne. Les Duelos y Quebrantos dont saient l'ordinaire du Chevalier de la triste figure, ne sont autre dans le Ier chapitre de Don Quichotte, et qui, le samedi, compochose que des fressures d'agneaux ou de moutons. Le commerce ne se faisait guère alors que par XIIE SIÈCLE. Voici les échanges; l'argent était rare et avait une grande valeur; une aune détails d'un past, ou festin que les échevins de Saint-Quentin rede toile coûtait 15 deniers et une paire de souliers 18. cevaient chaque année du châtelain de la vicomté : la table, dresséc dans une salle tendue de tapisseries, était recouverte d'un tapis sur lequel étaient posées trois nappes. Les bancs étaient garnis de par deux clercs de la ville (le procureur et le greffier), portant paillots (coussins rembourrés de paille). Les échevins étaient servis premier service se composait de potages, de poulets bouillis aux serviette sur l'épaule et une couronne de fleurs sur la tête. Le deux échevins, auxquels le châtelain était tenu de fournir du bon pois et de pâtés de poulets; on servait en outre un oison pour pain et du bon vin; venait ensuite de la carpe et du brochet coupés

par quartiers et servis sur des tranches de pain avec du verteille (verjus d'oseille); on apportait ensuite du bœuf salé et de la moutarde. Chaque couple d'échevin avait son plat; puis arrivait le rôti, qui pouvait être varié, étant au choix du châtelain; on levait alors la première nappe et l'on servait à chaque échevin une tarte et des cerises, de la crême, des fromages vieux et nouveaux, de grosses noix et des gâteaux secs; on ôtait ensuite la seconde nappe, et chacun des échevins recevait un grand verre d'hypocras accompagné d'oublies; ils pouvaient envoyer les oublies à leurs femmes, à leurs filles ou à leurs parents. Quand le repas était fini, on disait les grâces, puis on retirait la dernière nappe, et la table restait couverte de son tapis. Alors chaque échevin prenant un bouquet et se couronnant de fleurs, écoutait gravement la lecture du statut qui réglait le festin, et s'assurait que le châtelain avait strictement rempli ses obligations; dans le cas contraire, on l'obligeait à donner un nouveau repas. L'usage de ce festin dura jusqu'en 1557. - Il fallait, le 1er jour de mai, porter sur soi une branche de verdure, sans quoi on était exposé à recevoir un seau d'eau sur la tête. Celui qui le jetait disait en même temps: Je vous prends sans vert. L'ablution fut dans la suite remplacée par d'autres peines moins fortes. Cette vieille coutume a donné naissance au dicton Prendre quelqu'un sans vert, pour dire le prendre au dépourvu. XIIIE SIÈCLE. Ce siècle parait avoir été celui des fortuues particulières et des richesses générales; il est marqué par un grand nombre de lois somptuaires. En 1238 les magistrats défendirent de réunir plus de trente personnes à une noce, d'y aller sans y avoir été invité, de consacrer aux ménétriers plus de douze deniers, et enfin qu'un mari donnât plus d'un anneau à sa femme. - Chaque confesseur devait demander à ses malades une aumône pour l'église de Saint-Quentin, et tout malade donner un repas à son confesseur. On ne mangeait, dans les familles bourgeoises riches, que deux sortes de viandes à chaque repas. Le diner avait lieu à 10 heures, le souper à 5. Les mêmes familles se disputaient l'honneur de brûler le plus de cierges aux fêtes solennelles, pendant la célébration des matines, qui se chantaient à minuit. Les chanoines du grand chapitre étaient rétribués par chaque office, en denrées, en argent, même en vin, qui se payait alors une livre le muid. C'était leur usage de faire dans l'église la recette de leurs chapons de redevances. -- Les chanoines étaient traités par un Ils ne pouvaient paraître au chœur que vêtus de pourpre et d'hermine; ils devaient y entrer par une porte particulière, et ne parler personne durant l'office. - Il leur était défendu de prendre aucunes femmes à leur service, quelques vieilles qu'elles fussent; de jamais se servir de dés, soit pour jouer, soit pour compter; de faire aucune chose vile ou sale contre les murs extérieurs de leur église; enfin de paraître dans la ville autrement qu'avec un capuchon et un mantean, et de sortir audehors sans être environnés de valets et accompagnés de chapelains. XIV SIÈCLE. Ce siècle est misérable et grossier; les mœurs sont brutales, les hommes ignorants. Des constructions en bois et en torchis, contenant deux ou trois pièces, avec un trou pour laisser échapper la fumée, sont les habitations des classes pauvres. Des lignès de maisons séparées par des fossés et distribuées au hasard forment une rue. — Aucune rue n'était pavée. On chauffait les chambres où l'on ne faisait pas de feu, avec des terrines remplies d'eau bouillante. - II existait déja des guinguettes. Remicourt, près de Saint-Quentin, était dès l'année 1319 la couture où toutes les bonnes gens repairaient chaque jour pour prendre leur esbattement. »- Aux fêtes du patron de la ville, les rues se remplissaient de baladins qui, pendant plusieurs jours, et moyennant un denier par familles, y représentaient des mystères. -On se servait encore, en 1393, pour consigner les actes à la postérité, de feuilles de parchemin, que l'on amassait en rouleaux - Il y avait an-dessus de chaque cheminée un tableau qui tenait lieu de registre et sur lequel on inscrivait les dépenses de la maison. Il était d'usage de se décarémer en mangeant des œufs ronges. Le mardi de Påques, la foire aux œufs avait lieu dans la ville. - Les femmes des conditions les plus relevées s'occupaient à filer, et portaient habituellement à leur côté une quenouille chargée de chanvre.

chanoine-medecin.

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ou en donnant un fétu ou brin de paille, ce qui s'appelait infesta cation, et le dessaisissement (exfestucation) en rompant quelque brin de paille. En 1405, le chapitre de Saint-Quentin défendait aux chirurgiens de la ville de faire le poil les dimanches et fêtes. Vers le milieu du xve siècle, 8 pintes de vin, 6 setiers d'avoine, 1 chapon et demi valaient ensemble 8 sols. La journée d'une femme de peine se payait 9 deniers; celle d'un ouvrier 80; celle d'un maçon 3 sols; celle d'un charretier avec sa charrette et 5 chevaux, 16 sols; un chapeau coûtait 12 sols, un muid de chaux 15, un setier de ciment 8, un mois de loyer d'une maison 3, un voyage de dix lieues 10; une livre de chandelles se payait 16 deniers; une toise de pavé en coûtait, livraison et façon, 80.- Une femme devait marcher en tête du cortége dont le convoi de son mari était entouré; celle qui se serait affranchie de ce devoir religieux, aurait appelé sur elle la malédiction populaire.

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XVI SIÈCLE. Ce fut en 1562 que commencèrent les prédi cations des ministres de la religion réformée; mais n'osant précher ni enseigner publiquement leurs dogmes, ces ministres tenaient dans les campagnes des écoles secrètes qu'on nomma buissonnières, comme si elles eussent été cachées derrière les buissons. Le parlement rendit un arrêt portant défense de tenir des écoles buissonnières et d'enseigner sans la permission du chantre de Paris. - Cette époque vit aussi l'établissement des confréries qui se multiplièrent outre mesure par la suite, et qui ont duré jusqu'à nos jours. Il y en avait d'hommes et de femmes. Chaque confrérie d'hommes avait son mayeur, chaque confrérie de femme sa mairéssé renouvelés tous les ans. On rapporte aussi au xvre siècle l'établissement du jen du tir à l'oiseau, par les deux compagnies bourgeoises d'arquebusiers et d'archers; ce tir se faisait avec une pompe et une solennité qui avait le caractère d'une fête plublique; celui qui abattait l'oiseau recevait pour prix une belle pièce d'argenterie et était proclamé roi; si trois jours s'écoulaient sans que l'oiseau fût abttu, on devait appeler, pour l'abattre, la compagnie d'une des villes voisines; c'était une grande cérémonie qu'un prix général offert par les chevaliers de l'arquebuse aux compagnies des autres villes du pays; les convocations étaient faites long-temps à l'avance, et les compagnies, en se rendant à Saint-Quentin, trouvaient sur les routes, aux lieux fixés pour les haltes, de vastes tentes où des viandes froides, des fruits et des rafraichissements de toute espèce leur étaient gratuitement offerts. Ils arrivaient dans la ville. Leurs logements y étaient préparés à l'avance, et on exerçait envers eux une hospitalité pleine de grâce, d'attention. XVIIE SIÈCLE. Les fêtes populaires étaient encore signalées par des feux de joie, qu'on allumait avec pompe en présence des autorités; dans cette circonstance on lançait au peuple du pain, des cervelas et d'autres comestibles; toutes les cloches étaient en branle, l'artillerie des remparts faisait entendre des salves multipliées, et les violons improvisaient des orchestres dans toutes les rues. Le peuple était joyeux et recherchait toutes les occasions de fêtes et de plaisirs. Lors d'un mariage, le ménétrier chargé de rubans, à moitié ivre quelquefois, parcourait les rues de la ville en raclant son violon; la noce qui avait bien diné le suivait, les femmes en riant, les hommes en houppant (poussant de joyeuses exclamations).-A la naissance d'un enfant, on tirait des coups de fusil à la porte de l'église pendant le baptême, à la porte de l'accouchée et sous ses fenêtres après la rentrée de l'enfant; le parrain et la marraine se rendaient à l'église et en revenaient à pied, suivis et entourés d'une troupe d'enfants et d'ouvriers, au milieu desquels ils jetaient, à diverses reprises, des poignées de pièces de monnaie qui souvent devenaient la cause de burlesques débats. La promotion ou la nomination d'un fonctionnaire public causait uu mouvement universel parmi les particuliers et les corporations qui s'empressaient à l'envi d'aller complimenter l'élu; les brillants blasons attachés à sa porte, les détonations d'armes à feu dans son quartier, le carillon des eloches de sa paroisse caressaient să petite vanité, tandis que les chansons malignes, pleines de verve et de gaieté, amusaient à ses dépens les salons, et faisaient même les délices des ateliers et des marchés. Tout alors était matière à joie et à festins, le retour d'un parent, le couronnement d'un enfant dans un collége, la guérison d'un malade, le gain d'un procès, le commencement d'un établissement, la construction d'une maison et son inauguration qu'on appelait pendre la èrémailfère, etc. Les repas étaient sans étiquette, les convives nombreux, les mets abondants; on y mangeait beaucoup, on y buvait davantage, et tout finissait par des chansons joyeuses, gaillardes ou satiriques. La charité se mêlait aux plaisirs on faisait des quêtes pour les pauvres, et dans toutes les auberges il existait des trones pour l'établissement du bureau de charité.

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XV SIÈCLE. Les habitudes commencent a changer; on se lève et on se couche plus tard. Lever à cinq heures du matin, diner à onze, souper à sept, concher à neuf. Un bourgeois qui avait donné a un clerc sept deniers pour réciter sept fois les sept psaumes de la pénitence sur la sépulture de sa mère, lui intenté un procès pour les avoir dit au coin de son feu La nuit de la veille des Morts, les églises et les cimetières restaient ouverts, pour qu'on pût aller prier sur le tombeau de ses proches ; afin de donner plus d'éclat à sa douleur, on louait des enfants et d'autres personnes pour réciter sur les tombes des psaumes et des litanies. Quand on avait un procès à entamer, une résolution à prendre (réconciliations, combats, mariages, voyages, etc.), on cherchait des conseils dans l'Ecriture sainte ou dans quelque autre livre pieux. Après avoir invoqué Dieu, on ouvrait le livre au hasard, et l'on supposait que la première phrase qui s'offrait contenait alors l'o-avait point alors de cafés; il n'est aujourd'hui si mince village où racle de la sagesse divine. — A cette époque la prise de possession l'on n'en trouve.-Les dames portaient toutes de la poudre et les des terres se faisait par la délivrance d'une petite branche d'auine, cheveux crépés; néanmoins elles se coiffaient elles-mêmes; celles

XVIIIE SIÈCLE. Les vieilles mœurs se conservèrent encore long-temps. Jusqu'au milieu de ce siècle les artisans allaient au cabaret, les bourgeois se réunissaient chez les cuisiniers marchands de vin où ils faisaient d'assez bons repas, jouaient aux cartes à un prix modéré et lisaient la Gazette de France ou de Hollonde.-Il n'y

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