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projet pour rendre la Voire navigable.
rivières qui ont leur source dans le département,
Parmi les
on remarque la Soulaine, dont les eaux sortent
bruyamment d'une espèce de gouffre, entrent dans
un réservoir carré en pierre de taille, et sont assez
abondantes pour faire tourner deux moulins immé-
diatement placés au-dessous.

ROUTES. Le département est traversé
royales et départementales, dont le parcours total est
par 8 routes
évalué à environ 373,770 mètres.

MÉTÉOROLOGIE.

CLIMAT.-La température habituelle du département, est douce, humide et variable, dans les parties de l'ouest; mais l'air est vif, pur et sain, vers le nord. VENTS.-Les vents dominants sont ceux du sud-ouest, de l'ouest et du nord-ouest.

MALADIES. Les fièvres de différentes natures, les affections pulmonaires et catarrhales, les rhiumatismes, l'hydropisie, sont les maladies les plus communes. La carie des dents est fréquente à Troyes et dans les environs.

HISTOIRE NATURELLE.

REGNE ANIMAL. Les forêts renferment beaucoup de sangliers et de chevreuils. On y trouve quelques cerfs. Les lièvres et les lapins y sont communs dans le pays. Le gibier ailé de toute espèce est également abondant; la perdrix, l'alouette, la bécassine, les canards sauvages s'y trouvent dans la saison en grande quantité. Parmi les animaux domestiques, l'espèce des bêtes à laine et celle des chevaux, se sont sensiblement améliorées depuis plusieurs années; il n'en est pas de même des bêtes à cornes, qui sont de petite taille et de qualité médiocre. Les chevaux ne sont pas généralement très grands, mais ils sont vigoureux et bien faits. Le département, il y a une vingtaine d'années, ne possédait que des chevaux de labour; il en produit maintenant qui sont propres au service de l'artillerie et à la remonte de la cavalerie. Les bêtes à laine se sont principalement améliorées par le croisement avec les mérinos et les moutons anglais à longue laine. Quelques communes s'adonnent à l'éducation des abeilles, et le font avec intelligence. les rivières du département, la plupart des poissons On trouve dans d'eau douce. On y pêche quelques truites; la Voire fournit de très belles écrevisses. REGNE VÉGÉTAL. Le chêne, le charme, le hêtre, le tremble et le bouleau, sont les essences dominantes dans les forêts. On a tenté, dans quelques cantons du nord et de l'ouest, de couvrir le sol crayeux par des plantations de pins d'Ecosse (pinus sylvestris); ces plantations ont bien réussi. Le département ne renferme qu'un petit nombre d'arbres fruitiers; mais la culture des légumes secs et de toutes les plantes potagères y est fort étendue et donne des produits de bonne qualité. L'ail et l'échalotte sont cultivés en grand sur le territoire de Saint-André.-Les environs de Montgueux produisent des navets excellents. des vignobles bien exposés, qui fournissent de bons Le pays renferme vins. Les plus renommés sont ceux des Riceys, de Bar, de Bouilly, de Javernant et de Laines-aux-Bois. REGNE MINERAL. Le département ne possède aucune mine métallique en exploitation. On y trouve néanmoins, près de Chennegy, des traces de minerai de fer. Les terres crayeuses renferment aussi une assez grande quantité de pyrites ferrugineuses. vallon de Courtiou, près de Nogent, offre des pétrifiLe cations curieuses et variées. Il existe des carrières de marbre gris et jaune, à Bossencourt; de pierres lithographiques aux Riceys. On exploite des carrières de moellons, de grès brication des creusets, et enfin de craie (1). paver, de terre propre à la fa

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(1) La craie, qui rend sterile une grande partie des terres du département de l'Aube, est l'objet d'une fabrication dont le pro

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814 E.-S.-E. de Paris, distance légale. On paie 19 postes 113. VILLES, BOURGS, CHATEAUX, ETO. TROYES, sur la rive gauche de la Seine, ch.-l. de préf. à 89 1. Pop. 23,749 hab. Cette ville, que les anciens auteurs nommentCivitas Tricassinorum, Augusta Trecarum, Trecassis, Treca, Augusto-Bona, etc., paraît être l'ancienne capitale des Tricasses. Dans la première division des Gaules, par les Romains, elle fut comprise dans la Celtique, plus tard elle fit partie de la cinétait entourée de murs, et défendue par ses propres citoyens, quième Lyonnaise. - Pline, l'Itinéraire d'Antonin, Ptolomée, Solin, en font mention. Sous les enfants de Constantin, elle contre les Barbares qui .ravageaient les Gaules. En 856, les le siége d'Autun, passèrent, en se retirant vers le Rhin, sous les Allemands obligés, par l'approche de l'armée de Julien, de lever répandue la vue de l'armée allemande, et dans l'ignorance où les murs de Troyes. Julien, qui les poursuivait, eut quelque peine à habitants étaient de la marche des Romains. se faire ouvrir les portes de la ville, au milieu de l'alarme qu'avait

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de Troyes vient, suivant les étymologistes de son ancien nom de Le nom moderne Treca, et ce nom de ce que la ville possédait autrefois trois châteaux (tres arces), dont on voyait encore des vestiges au milieu du siècle dernier. cordeliers, et le troisième, ruiné par un incendie en 1524, s'éleLe plus considérable était celui des comtes de Champagne. Le second était situé derrière l'ancien couvent des porte de Paris. Ce fut dans ce dernier château que Louis-le-Bègue vait entre l'église Saint-Nicolas et la porte du Beffroi, aujourd'hui traita, en 878, le pape Jean VIII, après avoir reçu de lui la couronne impériale dans un concile tenu dans l'église cathédrale de Troyes. En 451, Attila, défait par Aétius, traversa Troyes avec son armée. Saint Loup, qui était évêque de la ville, vint à bout d'empêcher le roi des Huns d'y commettre aucune déprédation, Quatre siècles plus tard, en 889, la ville fut moins heureuse, elle fut prise et brûlée par les Normands. Ansegise, qui en avait été chassé par le comte. siècle suivant, elle eut un long siége à soutenir contre l'évêque Dans le était devenue la capitale de la Champagne, et outre les trois châLa ville de tours, avec de larges fossés où coulaient les eaux de la Seine. teaux qui la protégeaient, elle possédait une forte enceinte armée En 1228, le comte Thibault, de Champagne, y fut assiégé par les seigneurs qui voulaient enlever la régence à la reine Blanche.. Saint Louis, vint lui-même à son secours et fit lever le siége. Le jeune roi n'avait alors que quatorze ans ; il fit ses Bourgogne s'empara de Troyes; ce fut dans cette ville que la premières armes dans cette expédition. En 1415, le duc de démence de l'infortuné Charles VI, rendit la France sujette du fatale Isabeau de Bavière célébra les noces de sa fille avec le roi d'Angleterre; noces à l'occasion desquelles un traité arraché à la roi d'Angleterre. Les victoires de Jeanne-d'Arc sauvèrent le perdre. pays, que le traité infâme conclu à Troyes semblait devoir Anglais par Charles VII, assisté de la Pucelle d'Orléans. — En En 1429, cette ville fut assiégée et reprise sur les 1524, Troyes fut en partie détruite par un incendie; c'est à cette époque, ainsi que nous l'avons dit plus haut, que fut ruiné un suivi à Troyes de violences épouvantables, et du massacre des de ses trois châteaux. Le massacre de la Saint-Barthélemy fut protestants renfermés dans les prisons. point stratégique important. Napoléon y transporta trois fois le lieu d'exil du parlement de Paris. En 1787, cette ville fut En 1814, Troyes fut un son quartier général. Thibault IV, qui régna de 1102 à 1152, était un prince véritablede Champagne, fut aussi le séjour habituel de ces princes qui y Troyes, la capitale des états des comtes déployèrent beaucoup de magnificence et de grandeur. appliqua aux arts utiles. Les foires qu'il établit à Troyes attirèrent les marchands de toute l'Europe. Cette ville devint pendant quatre ment noble et libéral. Il affranchit les habitants de Troyes et les siècles l'entrepôt du commerce de l'Occident. Thibault créa des partagés en un grand nombre de ramifications, portèrent les manufactures et pour leur commodité il ouvrit des canaux qui,

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eaux de la rivière dans tous les ateliers où elles étaient néces-
saires; en un mot il créa et fixa à Troyes l'industrie et l'esprit
de commerce qui soutiennent encore cette ville et contribuent à
ce nombre est réduit aujourd'hui à moins de moitié.
sa prospérité. Troyes, de son temps, comptait 50,000 habitants;
1486, une entrée solennelle.
a été visitée par plusieurs rois de France, Charles VIII y fit, en
Cette ville
Louis XII y vint en 1510, Char-
duit, connu et répandu dans toute l'Europe, sous le nom de blano
d'Espagne, serait ce semble bien mieux nommé blane de Troyes.
Le blanc de Troyes se tire principalement de Villeloup et des
environs, de deux à cinq lieues au nord-ouest de Troyes. C'est là
que se trouve la craie la plus douce et la plus fine. On la broie,
on la lave et on la met, à Troyes, en pains d'un à deux kil.

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de l'Armance. On y jouit d'une vue très étendue sur la vallée ou
coule cette rivière, au milieu de verdoyantes prairies.
LAINES-AUX-Bors, à 2 l. 112 S.-O. de Troyes. Popul. environ
760 hab. Ce village est situé au pied d'un coteau couvert de
vignobles estimés, et non loin d'un ancien fort gaulois construit
sur une montagne isolée de toutes parts. Ce fort appelé Mont-Aign
était entouré de trois fossés profonds qui embrassent la cime de
la montague. Il fut détruit par les Anglais dans le xive siècle; les
trois fossés sont encore très faciles à reconnaître. Dans les temps
où les signaux de feu étaient en usage, le Mont-Aigu correspon-
dait avec le château de Mont-Aimé, près de Vertus, à 20 lieues de
distance.

LIREY, à 41. S. de Troyes. Pop. 290 hab. Lirey était dans
le xive et le xve siècle une petite ville assez considérable, son
église avait un chapitre de chanoines et possédait une relique cé-
lèbre, le saimt suaire, qui fait aujourd'hui l'ornement de Turin,
où pour la recevoir on a construit une église magnifique. Cette re-
lique avait été donnée dans le milieu du xive siècle à l'église col-
légiale de Lirey par Geoffroy de Charny, seigneur du lieu, qui
disait l'avoir prise sur les Sarrasins. Elle attira long-temps de
nombreux pèlerins, et contribua à la prospérité de la ville; mais
les guerres acharnées du xv siècle ayant effrayé les chanoines,
ils crurent devoir vers 1418, mettre le saint suaire en dépôt chez
un gentilhomme de Franche-Comté marié à la petite-fille de Geof-
froy de Charny. Ce gentilhomme mourut; et sa veuve, au lieu de
rendre la relique à ses légitimes possesseurs, l'emporta à Chambery
en 1452, et en fit présent à la duchesse Anne de Savoie. - Le
saint suaire resta pendant un siècle dans la chapelle du château de
Chambéry, ensuite il fut transporté à Turin. Son enlèvement
causa la ruine de Lirey, qui vit sa prospérité s'arrêter, puis dépé-
rir, et qui n'est plus aujourd'hui qu'un misérable village.
LUSIGNI, ch.-1. de canton, à 4 1. S.-E. de Troyes. Pop. 1,06s
hab. Ce village assez considérable est situé près de la forêt
qui porte son nom et sur la route de Troyes à Chaumont.
1814, après la reprise de Troyes par l'Empereur, il s'y tint diverses
conférences où il fut question d'arriver par un armistice à une
paix définitive; mais les alliés ne voulaient que gagner du temps,
et ces conférences militaires furent sans résultat.

En

PINEY-LUXEMBOURG, ch.-1. de cant. à 61. N.-E. de Troyes. Pop. 1,564 hab. Ce village situé au milieu d'un pays d'étangs, n'offre rien de remarquable. Le 2 février 1814, après le combat de Rosnay, où le duc de Raguse à la tête d'un petit nombre de braves, culbuta les 25,000 Bavarois commandés par le prince de Wrède et assura la marche de l'armée sur Troyes, Piney reçut le quartier général de Napoléon.

·les IX y séjourna en 1564, et y signa la paix avec Élisabeth, reine d'Angleterre. Louis XIII y demeura quelque temps en 1629. Napoléon visita Troyes en 1805, il signa même dans cette ville un décret pour rendre la Haute-Seine navigable jusqu'à Châtillon, et il donna 200,000 francs sur sa cassette pour commencer les travaux.- Troyes est située au milieu d'une vaste plaine, sur la rive gauche de la Seine. Cette rivière l'entoure en partie et circule dans son intérieur, par un grand nombre de canaux de dérivation qui alimentent un grand nombre d'usines. La ville possède encore sa vieille enceinte de murailles qui sont assez bien conservées, et quelques-unes de ses portes gothiques, parmi lesquelles on remarque la porte Saint-Jacques, située du côté de la rivière, en face du pont. Ses remparts sont entourés de fossés remplis par les eaux de la Seine et de boulevarts plantés d'arbres. Elle compte 6 portes principales et plusieurs faubourgs. Elle est mal bâtie; ses maisons sont généralement construites en bois; cependant plusieurs quartiers neufs offrent des rues spacieuses, propres et assez bien percées. Avant la Révolution, Troyes renfermait 22 paroisses, ce nombre a été beauoup diminué. L'Église cathédrale, dédiée à Saint-Pierre, est un beau monument d'architecture gothique; le portail et la grosse tour qui le domine ont une élégance rare.---Cette église fut commencée en 872; elle fut ruinée par les Normands en 898, et réparée vers la fin du siècle suivant. En 1188, un incendie qui consuma presque toute la ville, la détruisit. En 1208, fut commencée la construction de l'édifice actuel sur les ruines de l'église primitive; le rond-point était déjà élevé en 1225; le chœur et la nef sont des ouvrages du XIIIe, du xive et du xve siècle. La tour et le portail, commencés en 1506, furent terminés vers la fin du xvi siècle. La longueur intérieure du vaisseau est de 351 pieds, et la largeur intérieure de 154 pieds; la largeur de la nef et de la croisée est de 34 pieds, la hauteur des voûtes sous clef est de 90 pieds, et la hauteur de la coupole et des tours de 192. Cinq arcades composent la nef de ce grand édifice; elles forment, avec celles des croisillons et du choeur, un ensemble parfait. La galerie de la nef est richement décorée ; les vitraux du chœur et de la nef sont magnifiques et bien conservés. L'ancienne église collégiale de Saint--Urbain, citée par Millin, comme un des plus beaux morceaux d'architecture gothique, et dont la légèreté égale celle de la Sainte-Chapelle de Paris, est un édifice élevé vers la fin du xtır siècle, par le pape Urbain, fils d'un tailleur de Troyes, et qui ne rougissant pas de son origine, avait fait représenter, sur un des vitraux de l'église, son père dans l'exercice de son métier. Le vaisseau de l'église gothique de Saint-Pantaléon est richement décoré. Elle a de beaux vitraux peints en grisaille. Vingt statues placées sur des consoles, SAINT-MARTIN-ES-VIGNES, sur la rive gauche de la Seine, à à chaque pilier, donnent à cette église l'apparence d'un petit une 112 1. O. de Troyes. Pop. 1,670 hab. Ce joli village très musée de sculptures. L'Eglise de Saint-Jean mérite aussi l'at-peuple est situé auprès d'une des plus belles promenades de la tention des étrangers. Le maître autel est décoré d'un beau tableau ville de Troyes, dont il forme en quelque sorte un des faubourgs. de Mignard, représentant le baptême du Christ. L'Église de Il est traversé par la grande route de Paris à Troyes; on y reSainte-Madeleine possède un beau jubé du commencement du marque un grand nombre de maisons bien bâties et de jardins XVIe siècle. L'architecture gothique n'a rien produit de plus hardi; agréables. Le portail de l'église communale mérite l'attention des il est absolument plat sans aucune apparence d'arc ni de voûtes. curieux. Dans l'église de Saint-Remi, on remarque un grand Christ en bronze, de Girardon, - La façade de l'Hôtel-de-Ville, élevé sur les dessins du célèbre Mansard, est remarquable par sa belle architecture. Huit corps avancés, décorés dans leur partie supérieure de colonnes composites de marbre, annoncent avantageusement ce bâtiment, commencé en 1624, et terminé en 1670. La grande salle est ornée des bustes en marbre des grands hommes nés dans la ville de Troyes, et décorée d'un médaillon de Louis XIV, en marbre blanc, beau morceau de Girardon, L'Hôpital, bâtiment construit vers le milieu du xvIII° siècle, est fermé, du côté de la rue, par une superbe grille de 104 pieds de long, sur 87 pieds de haut. La Bibliothèque publique, formée des débris des bibliothèques des communautés religieuses, et particulièrement de la majeure partie des livres du docteur Hennequin et du président Bouhier, possède 55,000 volumes imprimés, et près de 5,000 manuscrits. La salle qui la renferme a environ 50 mètres de longueur, sur 10 de largeur et 7 de hauteur. Les croisées sont ornées de peintures historiques sur verre, représentant les principaux événements de la vie de Henri IV. Ces peintures ont été exécutées par Linard-Gonthier. On remarque encore à Troyes le portail de l'église Saint-Nicolas, celui de l'église Saint-Martin (extra muros), la préfecture, l'évêché, le séminaire, le beau mail qui entoure la ville, etc.; la halle au vin, l'abattoir public, etc. Tous les auteurs qui ont parlé de Troyes ont fait mention des boucheries de cette ville, où disent-ils les mouches ne pénètrent jamais, singularité qu'on attribue à l'air frais qui y circule et à l'obscurité qui y règne. Les environs de Troyes offrent un grand nombre de maisons de campagne et de jardins agréables. On remarque, à peu de distance de la ville, la belle pépinière de Vouldy, très riche en plantes indigènes et exotiques. ERVY, ch.-1. de canton, à 7 l. 814 S.-O. de Troyes. Pop. 1,821 | hab.-Cette petite ville industrieuse est agréablement située dans une contrée fertile sur un coteau élevé qui domine la rive droite

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ARCIS-SUR-AUBE, ch.-l.' d'arrond., à 7 l. 112 N. de Troyes. Pop. 2,673 hab. Cette petite ville est agréablement située sur la rive gauche de l'Aube, près du point où cette rivière commence à devenir navigable. Elle a beaucoup souffert dans la campagne de 1814. Elle restera célèbre à cause d'une bataille que Napoléon avec un petit nombre de soldats, y livra contre 80,000 hommes de l'armée alliée. Les maisons du faubourg d'Arcis avaient été crénelées, et l'armée française réussit à y arrêter pendant deux jours la marche des troupes étrangères, mais la ville fut presque entièrement incendiée par les obus et les boulets. Napoléon courut personnellement de grands dangers dans le combat. Enveloppé dans les charges de cavalerie, il ne se dégagea qu'en mettant l'épée à la main; à diverses reprises il combattit à la tête de son escorte; découragé par le découragement des chefs qui l'entouraient, prévoyant peut-être l'issue de tous ces combats glorieux mais sans résultat; loin d'éviter les dangers, il semblait au cou. traire les braver. Un boulet tomba à ses pieds, et bientôt il disparut dans un nuage de poussière et de fumée; on le croyait perdu, il se releva, se jeta sur un autre cheval, et courut de nouveau affronter le jeu des batteries ennemies, mais la mort ne voulait pas de lui. La bataille d'Arcis-sur-Aube fut une victoire sans utilité, car si les Français restèrent en possession du champ de bataille, ils ne purent empêcher les Autrichiens de passer la rivière ! — Depuis 1814 Arcis a lentement réparé ses pertes, elle s'est relevée de ses ruines, et son malheur ne lui a pas été tout-à-fait inutile, car ses nouvelles rues sont plus larges et plus droites que les anciennes, et ses nouvelles maisons plus régulières et mieux bâties. — Elle est traversée par la route de Troyes à Reims. On n'y remarque aucun édifice public digne d'attention. Elle possède une petite salle de spectacle. On voit, près d'Arcis-sur-Aube, dans l'église du petit bourg de Dampierre le mausolée du brave général Dampierre, tué devant Condé dans la campagne de 1793. Le bourg de Dampierre qui compte en

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viron 840 habitants, possède sur le ruisseau du Puits un joli pont suspendu de 54 pieds de long sur 4 de large.

La construction de ce pont, sur lequel 40 personnes peuvent passer à la fois sans danger, n'a couté, dit l'Annuaire de l'Aube, que 600 francs. MERY-SUR-SEINE, sur la rive droite de la Seine, ch.-l, de canton, à 5 1. O.-S.-O. d'Arcis-sur-Aube. Pop. 1,362 hab. — Cette ville agréablement située possède un petit port sur la Seine, qui commence à y être navigable. Le 21 février 1814, elle fut le théâtre d'un combat sanglant entre la garde impériale et les Prussiens aux ordres du maréchal Blucher : l'ennemi n'abandonna la ville que lorsqu'elle fut presque entièrement consumée par les flammes. Méry a été rebâtie depuis 1814; une industrie active et un commerce avantageux l'ont aidée à réparer ses pertes, et comme Arcissur-Aube elle s'est beaucoup embellie.

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BAR-SUR-AUBE, ch.-1. d'arrond. à 161. E. de Troyes. Pop. 8,890 hab.- Cette ville fort ancienne est située au pied d'une montagne, dans un beau vallon sur la rive droite de l'Aube. Sous les deux premières races des rois de France, Bar appartenait au domaine de la couronne, au commencement de la troisième race, elle eut des comtes particuliers; elle fut ensuite de nouveau réunie à la couronne avec la province de la Champagne. Philippe-le-Long l'ayant aliénée, les habitants jaloux de conserver le titre et le privilége de ville royale, se rachetèrent, et obtinrent de nouveau la réunion au domaine de la couronne, avec cette condition homologuée à la Chambre des comptes : Que le roi ne la pourrait plus vendre ni aliéner. La ville était alors très considérable; il s'y tenait par an quatre foires franches où affluaient les marchands de tous les pays. La ville renfermait des quartiers séparés pour les follandais, les Allemands, les Lorrains, et même les habitants de la principauté d'Orange. Les Juifs y avaient une synagogue. On voyait encore dans le siècle dernier sur la montagne qui domine Bar-sur-Aube, les restes d'un château autrefois ruiné par les Vandales. Non loin de ce château, et sur un point encore plus escarpé, qu'on nommait le Châtelet, se trouvaient des ruines considérables; la tradition locale prétendait que c'étaient les restes d'une ancienne ville nommée Florence, détruite à la même époque, Le 24 janvier 1814, le maréchal Mortier, duc de Trévise, en position à Bar-sur-Aube, livra un combat acharné à la grande armée alliée conduite par le prince de Schwartzenberg; les Autrichiens furent repoussés et eurent 1,500 hommes tués. Bar est une ville généralement mal bâtie et mal percée, cependant la grande rue qui aboutit à l'Aube est large et bordée d'assez belles maisons. Une promenade publique bien plantée longe le cours de la rivière. -Les environs de la ville offrent des sites pittoresques et de riches coteaux couverts de vignobles qui produisent des vins estimés. ARCONVILLE, à 2 1. 112 S. de Bar-sur-Aube, Pop. environ 340 habit. Ce petit village, situé près de la forêt de Clairvaux, ne mériterait aucune mention s'il ne renfermait une espèce de monceau ou de tumulus moderne, dont la formation et l'existence peuvent servir à expliquer comment quelques-uns des tumulus antiques ont été faits. La tradition rapporte qu'au temps de la guerre de la Ligue, dans le bois de Fontenie, et près du chemin qui le traverse, un malheureux protestant fut tué; le lieu en a conservé jusqu'à nos jours le nom de Huguenot. Depuis lors, une coutume superstitieuse s'est établie dans le pays. Tout homme religieux, ayant occasion de passer par ce chemin, croirait manquer à sa foi, s'il ne jetait une pierre sur la fosse où le malheureux protestant a été enterré. Les pierres ainsi jetées forment aujourd'hui un monceau considérable. On nous écrit d'Arconville même que cette coutume peu charitable et peu chrétienne est encore si bien enracinée dans le pays, qu'on voit certaines personnes, au moment de traverser le bois du Huguenot, se munir d'avance d'un caillou, afin de le lancer en passant sur le tas maudit,

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qui en avaient la direction, était destinée à recevoir 100 élèves du roi et 100 pensionnaires. Elle a existé jusqu'en 1790; on y ensei gnait les humanités, l'histoire, la géographie, les langues anglaise et allemande, le dessin, les mathématiques, la musique, la danse et l'escrime. L'école de Brienne ayant été supprimée en 1790, on en vendit à vil prix les bâtiments, qui servirent d'abord à un atelier pour la construction de chariots et de caissons; mais au commencement du XIXe siècle, l'atelier fut supprimé et les bâtiments furent complétement démolis; il n'en reste plus aujourd'hui que quelques ruines.

CLAIRVAUX, sur la rive gauche de l'Aube, à 4 1. S.-E. de Barsur-Aube. Pop. environ 2,000 hab. - Une abbaye de l'ordre de Citeaux, fondée en 1105 par Hugues, comte de Troyes, et enrichie par les libéralités des comtes de Flandre et de Champagne, fut l'origine de ce bourg. Cette abbaye qui, dans le siècle dernier, renfermait les tombeaux de plusieurs princes et d'autres grands personnages, ainsi qu'une bibliothèque remplie de manuscrits curieux, était surtout célèbre par une cuve ou tonne qui était mise sur la même ligue que le fameux foudre de Heidelberg. La tonne de Clairvaux avait la forme d'un tonneau ordinaire, elle était composée de grosses pièces de bois parfaitement liées ensemble, et supportée par deux poutres énormes qui lui servaient de chantier; une porte avait été pratiquée pour y entrer et la nettoyer quand cela devenait nécessaire; elle était ouverte par en haut et disposée de façon à pouvoir recevoir facilement le vin de quatre grands pressoirs voisins. La tonne de Clairvaux contenait environ 800 tonneaux de vin ou près de 2,400 hectolitres. Comme l'abbaye possédait de grands vignobles, cette tonne n'était pas la seule de grande dimension qui y existât; on en comptait d'autres qui pouvaient contenir de 100 à 400 tonneaux. — Depuis la Révolution, les bâtiments de l'abbaye de Clairvaux ont été convertis en une maison centrale de détention pour les condamnés des départements de l'Ain, des Ardennes, de l'Aube, de la Côte-d'Or, du Jura, de la Marne, de la Haute-Marne, de la Meurthe, de la Meuse, de la Moselle, de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l'Yonne. Cette maison est devenue un superbe établissement industriel, qui renferme de vastes ateliers où les condamnés sont employés, suivant leur capacité, au battage, à l'épluchage, à la filature, au tissage, etc., du coton; les balles qui arrivent à Clairvaux, telles qu'elles sortent des colonies, en sortent converties en tissus de la plus grande beauté. - Afin de ménager aux détenus qui ont des états en entrant dans cette maison les moyens de les cultiver, on y a établi des ateliers de menuisiers, de tailleurs, de cordonniers, de sabotiers, de cordiers, etc. — La laine y est aussi tissée et filée pour l'habillement des détenus. Le chanvre y est filé et tissé pour la fabrication du linge. Tous les objets nécessaires aux détenus se confectionnent dans l'établissement. Le service de la boulangerie, des cuisines et des infirmeries est fait par des détenus qui méritent une certaine confiance, mais sous la surveillance d'employés libres.-Ceux qui joignent quelque éducation à une bonne conduite, sont employés dans les bureaux de l'entreprise générale, ou comme surveillants, ou contre-maîtres dans les ateliers. femmes détenues sont aussi occupées suivant leur capacité, les unes à la confection et au raccommodage des habillements et du linge, les autres au blanchissage, etc. Un atelier de lingères attire l'attention par la beauté des chemises de percale qu'on y confectionne. Il y existe aussi un atelier pour la couture des gants. - Les ouvrages qui s'y exécutent rivalisent avec ceux des fabriques de Grenoble et de Chaumont, C'est à Clairvaux qu'ont été emmaillés les premiers chapeaux de coton qui ont été mis dans le commerce; on y confectionne aussi des chapeaux de paille emmaillés et cousus pour femme, et des chapeaux de paille pour homme. On y fait aussi de très beaux tissus paille et soie et de la sparterie. En résumé, cette maison offre l'aspect d'une manufacture considérable, où plus de 2,000 individus, livrés à diverses occupations utiles, peuvent retrouver la moralité par le travail.

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BRIENNE-LE-CHATEAU, ch.-1. de cant,, à 6 1. N.-O. de Bar-surAube, Pop. 1,980 hab. Cette petite ville, située à peu de distance de la rive droite de l'Aube, est remarquable par un superbe château bâti peu de temps avant la révolution, sur un plateau artificiellement élevé, et d'où l'on domine une plaine immense couverte d'un grand nombre de villages. Cette magnifique habitation, où la beauté des jardins répond à l'élégance des bâtiments, a été construite par le fameux ministre Loménie de Brienne. Brienne fut, le 29 janvier 1814, le théâtre d'un combat opiniâtre, où les Prussiens et les Russes, qui essayèrent de s'y défendre, furent complétement culbutés par l'armée française, aux ordres de Na-lativement peu fertiles), qu'on est obligé, à certaines époques de poléon; l'action la plus vive ent lieu sur les terrasses du château et dans la ville basse, au pied de la montée; ce fut en gravissant la rue du château que fut tué le brave contre-amiral Baste, commandant des marins de la garde. Après la victoire, Napoléon, qui retournait à son quartier général, faillit lui-même succomber dans une échauffourée de cosaques. Le général Gourgaud abattit heureusement d'un coup de pistolet le cosaque qui menaçait la vie de l'Empereur. Brienne n'avait été que momentanément enlevé à l'ennemi. Le 1er février, après le combat sanglant de la Rothière, l'armée française fut obligée de se replier sur Troyes. Brienne possédait autrefois une célèbre école militaire, ou Napoléon a été élevé; cette école, fondée en 1776, dans le collége des Minimes,

VANDOEUVRES, ch.-1. de cant., à 61. O. de Bar-sur-Aube. Pop. 1,669 habit. - Cette ville est située au pied d'un coteau que domine un vieux château environné d'un joli parc; elle est voisine de la source de la Barse, qui s'y grossit des eaux de plusieurs fontaines abondantes. Le pays qui l'entoure est entrecoupé de vallons et de coteaux; il renferme des terres tellement fortes (quoique rel'année, d'atteler 8 et 10 chevaux à chaque charrue.-Vandœuvres est le centre d'un commerce considérable de moutons.- C'est près de Vandoeuvres que se trouve le hameau de Val-Suzenay, où une petite chapelle qui fut pendant long-temps le but de pieux pèlerinages est encore tous les ans, le 8 septembre, le prétexte d'une réunion nombreuse et d'une fête champêtre célèbre dans le dépar tement.-Val-Suzenay est dans une situation très pittoresque, sur la lizière d'un bois ; la pelouse verdoyante y est ombragée de gros arbres et parsemée d'arbustes élégants et de buissons épais. La fête a lieu en plein air; toute la population de Vandœuvres, les paysans des communes voisines, un grand nombre d'habitants de Brienne de Bar-sur-Aube et même de Troyes, s'empressent d'y accourir.

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La grande ville de Bar-sur-Saigne

A fait trembler Troye en Champaigne. Cette ville dut à sa grandeur et à son importance de nombreux désastres. En 1859, durant la guerre des Anglais, « il y eut, dit Froissard, plus de 900 bons hôtels brûlés. » En 1483, elle fut prise et pillée; en 1478 elle fut de nouveau saccagée; cependant alors Bar était défendue (outre ses fortifications particulières) par une forteresse située sur la croupe d'une montagne voisine.-Dans le xvi siècle, les habitants comprirent que tous ces moyens de défense étaient la cause de leurs malheurs : en 1596, ils détruisirent eux-mêmes leur forteresse, et ils eurent le bonheur de faire approuver par Henri IV cette résolution bardie. -Bar avait été érigé en comté sous les rois de la première race; on prétend que le premier comte fut un certain Wiomade, qui aurait fait revenir en France le roi Childeric. Sur la montagne située à l'ouest de Bar et à un quart de lieue de Semur, dans un bois appelé la Garenne des Comtes, se trouve, au pied d'un chêne, une chapelle rustique, contenant une statuette en bois de la Vierge, connue sous le nom de Notre-Dame-de-la-Pitié, et qui est depuis longtemps en grande vénération dans le pays. Cette chapelle domine le coteau d'une manière très pittoresque.-Bar est située au milieu de riches vignobles, sur la rive gauche de la Seine, à l'extrémité d'une vallée resserrée. C'est une ville généralement bien bâtie, propre et bien percée. Son église, de style gothique, est un monument remarquable. Elle possède de jolies promenades au bord de la rivière, que l'on y traverse sur un beau pont en pierres de taille. MUSSY-SUR-SEINE, ch.-1. de cant., à 5 1. 112 S.-E. de Bar-surSeine. Pop. 1,730 bab. Cette petite ville, assez bien bâtie, est traversée par la grande route de Troyes à Dijon. Elle est dans une situation agréable, près de la forêt qui porte son nom, — Autrefois les géographes n'étaient pas d'accord sur la question de savoir si elle faisait partie de la Bourgogne ou de la Champagne; on l'appelait alors Mussy-l'Evéque, parce qu'elle renfermait un très beau château, maison de plaisance de l'évêque de Langres qui était seigneur de Mussy.

RICEYS (LES), sur la Laigne, chef-lieu de cant., à 3 1. 112 S. de Bar-sur-Seine. Pop. 8,564 habit. Les Riceys sont trois bourgs distingués les uns des autres par leur surnom, Ricey-Haut, Ricerhaute-Rive et Ricey-le-Bas. Ces trois bourgs sont contigus l'un à l'autre et ne forment qu'une même commune, qui est chef-lieu de canton; ils sont situés sur la Laigne, au pied d'un coteau couvert de riches vignobles, produisant annuellement de 8 à 10,000 pièces d'excellents vins, recherchés principalement par la Belgique et par les départements du nord de la France. - On remarque aux Riceys un beau château et trois clochers à flèches semblables, qui de loin ont un aspect pittoresque. On attribue la fondation de ce bourg à une colonie suisse.

NOGENT-SUR-SEINE, ch.-lieu d'arr., à 16 l. O.-N.-O. de Troyes. Pop. 3,277 hab. Cette ville, fort ancienne, appartenait dans le 1x siècle aux moines de l'abbaye de Saint-Denis; elle tomba ensuite, par échange ou par acquisition, dans le domaine royal, puis fut comprise dans le douaire d'Isabeau de Bavière; depuis, et rentrée dans le domaine royal, elle fut cédée par échange à la maison de Chavigny et vendue par celle-ci à celle de Noailles, qui l'a possédée jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Ce fut à Nogentsur-Seine qu'en 1814 Napoléon apprit que, contrairement aux propositions qui devaient servir de bases aux négociations de Châtillon, les Alliés, à l'instigation de l'envoyé anglais, exigeaient que la France renonçât à ses limites du Rhin et des Alpes, pour rentrer dans ses frontières de 1792.- Kléber avait répondu à la mauvaise foi britannique par la victoire d'Héliopolis; peu de jours après que les souverains alliés curent retiré ainsi une parole donnée, l'Empereur, manœuvrant sur la Marne, défit l'armée alliée en cinq combats différents. En quittant Nogent pour marcher à l'ennemi, il avait fait mettre la ville à l'abri d'un coup de main; toutes les maisons qui donnaient sur la campagne avaient été crénelées, et des artifices étaient préparés pour faire sauter les ponts. Le général Bourmont fut chargé de la défense de Nogent et s'en acquitta honorablement. Il résista pendant trois jours, les 10, 11 et 12 février, à toute l'armée du prince de Schwartzenberg, et n'abandonna la ville qu'à la dernière extrémité, après avoir fait sauter les ponts et lorsqu'une grande partie des maisons, criblées par les boulets, n'offraient plus qu'un monceau de ruines. L'hôtelde-ville fut alors détruit.-Les ponts de Nogent étaient cités pour la beauté de leur construction et la hardiesse de leurs voûtes. On y admirait surtout une arche de 33 mètres d'ouverture, construite sur les dessins du célèbre Perronnet, Nogent a réparé ses ruines, la ville est aujourd'hui bien bâtie, propre et bien percée; elle possède de jolies promenades sur le bord de la Seine, et un port commode sur cette rivière. On y remarque une salle de spectacle, un abattoir public, des bains, un superbe moulin à farines, et surtout l'église paroissiale, dont la haute tour gothique est digne d'attirer l'attention.

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LE PARACLET.-Dans un petit vallon de la commune de Quincey, à 2 1. E.-S.-E. de Nogent, et sur la rivière d'Ardusson, on remarque les ruines de l'ancienne abbaye du Paraclet, fondée dans le XIIe siècle, par Abeilard. Cet homme célèbre, fuyant les persécutions, était venu se réfugier dans un lieu désert, où il éleva une petite chapelle de joncs et de branches d'arbres, qu'il dédia à la Sainte-Trinité et qu'il décora d'une statue, unique inférieurement et triple dans sa partie supérieure, afin de réfuter par ce signe visible les calomnies qui lui attribuaient sur le mystère de la Trinité des sentiments peu orthodoxes. Bientôt il ajouta à cette chapelle rustique un oratoire dédié au Saint-Esprit, et auquel il donna le nom de Paraclet, c'est-à-dire de consolateur, Ses disciples ne tardèrent pas à l'y rejoindre et avec eux recommencèrent les persécutions de l'envie; Abeilard fut alors obligé d'aller chercher un asile dans un couvent de Bretagne; mais avant de quitter le Paraclet, il l'érigea en abbaye et en fit don à Héloïse, qui en fut la première abbesse. - Abeilard étant mort à Châlon-sur-Saône, son corps y fut d'abord enterré; mais ensuite on le transporta au Paraclet; Héloïse, qui mourut vingt ans après lui, voulut être enterrée dans le tombeau qui avait reçu les cendres de son époux. Ce tombeau portait, en 1789, ces quatre vers à sa louange : Hoc tumulo Abbatissa jacet prudens Heloissa, Paraclitum statuit, cum Paraclito requiescit. Gaudia sanctorum sua sunt super alta polorum, Nos meritis precibusque su's exaltet ab imis. Lorsqu'en 1792 on vendit l'abbaye du Paraclet, les notables de Nogent y allèrent en cortége enlever les corps d'Héloïse et d'Abeilard, et les déposèrent avec recpect dans l'église de Saint-Laurent. Sept ans après, Lenoir, administrateur du Musée des Monuments français, obtint la permission de transférer ces restes précieux à Paris, où ils sont restés dans le Musée jusqu'au moment où on les a transportés au cimetière du Père La Chaise. Le charmant tombeau gothique qui renferme les restes des deux époux n'est pas, comme on le croit communément, celui qui existait au Paraclet; le monument du Paraclet avait été brisé en 1794, ainsi que la triple figure symbolique représentant la Trinité. Le tombeau où le corps d'Abeilard avait été déposé momentanément existait encore à Châlon-sur-Saône, au prieuré de Saint-Marcel; un ami des arts, Boisset, médecin distingué, avait sauvé ce monument de la destruction; il eut la générosité de le donner au Musée des Monuments français. C'est celui que l'on admire aujourd'hui au cimetière du Père La Chaise. - Une agréable maison de campagne élevée par les soins d'un de ces braves militaires qu'ont illustré les guerres de la République et de l'Empire, le général Pajol, a aujourd'hui remplacé l'oratoire fondé par Abeilard.- Reconstruit sur ses anciens fondements et avec les seuls débris de la maison abbatiale, ce Paraclet nouveau offre l'aspect d'un édifice régulier, d'une très belle apparence. Du milieu des décombres on a en quelque sorte exhumé le caveau où les restes d'Héloïse et d'Abeilard reposèrent pendant près de huit siècles, et le sarcophage mutilé, que l'on avait jugé trop lourd pour être transféré à Paris, ainsi que le cercueil où les deux corps étaient renfermés. Ce sarcophage, restauré, a été replacé dans le caveau, remis également à neuf, et pour en désigner l'emplacement, une colonne votive y a été élevée.

PONT-LE-ROI, sur la Seine, à 21. 112 E. de Nogent. Pop. 872 hab.-Cette petite ville est située, dans une charmante position, au milieu de riantes prairies, près de la rive gauche de la Seine, à peu de distance de la grande route de Paris à Troyes. On y voit les ruines d'un château détruit en 1814 par les armées étrangères. Ce magnifique édifice, élevé par Le Muet, un des plus habiles architectes du xvit siècle, se composait de quatre corps de bâtiment, à deux étages parfaitement symétriques, et dont les angles étaient occupés par de gros pavillons carrés. Un large fossé revêtu de pierres de taille l'entourait; il possédait des parterres et des jardins richement décorés; une belle cour d'honneur; plusieurs autres cours secondaires, avec de grandes dépendances. Il avait été construit pour un sieur de Chavigny, surintendant des finances, et était devenu la propriété de madame Lætitia, mère de l'Empereur. Cette dernière circonstance fut sans doute une des causes de sa ruine. Près de la Seine, à l'est de Pont-le-Roi, sont dressées de grosses pierres brutes, dont plusieurs ont plus de 24 pieds de circonférence. Quelques auteurs croient que ce sont d'anciens autels druidiques; d'autres présument que ces monuments grossiers ont été élevés par Attila pour y faire des sacrifices aux dieux des Huns, avant la bataille mémorable où il fut vaincu Aétius. par On a trouvé aux environs de Pont-le-Roi une grande quantité de tombeaux en pierre renfermant quelques ossements et des débris d'armures. Ces tombeaux paraissent être du moyen-âge, quoique les geus du pays les aient décorés du titre de Tombeaux romains.

ROMILLY-SUR-SEINE, sur la rive gauche de la Seine, ch.-1. de cant., à 5 1. E.-N.-O. de Nogent. Pop. 8,117 hab.-Ce bourg considérable est dans une situation pittoresque et s'étend, au milieu de vastes prairies, entre la Seine et la grande route de Troyes.

On y remarque un château environné de belles plantations de

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