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IIIe BULLETIN.

Zusmershausen, 18 vendém. an 14 (10 octobre).

LE maréchal Soult a poursuivi la division autrichienne qui s'était réfugiée à Aicha, l'a chassée et est entré, le 17 à midi, à Augsbourg, avec les divisions Vandamme, Saint-Hilaire et Legrand.

Le 17 au soir, le maréchal Davoust, qui a passé le Danube à Neubourg, est arrivé à Aicha avec ses trois divisions.

Le général Marmont, avec les divisions Boudet, Grouchy, et la division batave du général Dumonceau, a passé le Danube et pris position entre Aicha et Augsbourg.

Enfin, le corps d'armée du maréchal Bernadotte avec l'armée bavaroise, commandée par les géné raux Deroi et Verden, a pris position à Ingolstadt; la garde impériale, commandée par le maréchal Bessières, s'est rendue à Augsbourg, ainsi que la division de cuirassiers aux ordres du général d'Hautpoult.

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Le prince Murat, avec les divisions de dragons de Klein et de Beaumont, et la division de carabiniers et de cuirassiers du général Nansouty, s'est porté en toute diligence au village de Zusmershausen, pour intercepter la route d'Ulm à Augsbourg.

Le maréchal Lannes, avec la division de grenadiers d'Oudinot, et avec la division Suchet, a pris poste le même jour au village de Zusmershausen.

L'Empereur a passé en revue les dragons au village de Zusmershausen; il s'est fait présenter le nommé Marente, dragon du 4e régiment, un des plus braves soldats de l'armée, qui, au passage du Leck, avait sauvé son capitaine qui, peu de jours auparavant, l'avoit cassé de son grade de sous-officier. Sa Majesté lui a donné l'aigle de la Légion d'honneur. Ce brave soldat a répondu « Je n'ai fait que mon devoir;

mon capitaine m'avait cassé pour quelque faute de discipline; mais il sait que j'ai toujours été un bon soldat. >>

L'Empereur a ensuite témoigné aux dragons sa satisfaction de la conduite qu'ils ont tenue au combat de Wertingen. Il s'est fait présenter par régiment un dragon, auquel il a également donné l'aigle de la Légion d'honneur.

S. M. a témoigné sa satisfaction aux grenadiers de la division Oudinot. Il est impossible de voir une troupe plus belle, plus animée du desir de se mesurer avec l'ennemi, plus remplie d'honneur et de cet enthousiasme militaire qui est le présage des plus grands succès.

Jusqu'à ce que l'on puisse donner une relation détaillée du combat de Wertingen, il est convenable d'en dire quelques mots dans ce bulletin.

Le colonel Arrighi a chargé, avec son régiment de dragons, le régiment de cuirassiers du duc Albert. La mêlée a été très-chaude. Le colonel Arrighi a eu son cheval tué sous lui: son régiment a redoublé d'audace pour le sauver. Le colonel Beaumont 9 du 10e de hussards, animé de cet esprit vraiment français, a saisi, au milieu des rangs ennemis, un capitaine de cuirassiers, qu'il a pris lui-même après avoir sabré un cavalier,,

Le colonel Maupetit, à la tête du ge de dragons, a chargé dans le village de Wertingen; blessé mortellement, son dernier mot a été ; « que l'Empereur soit instruit que le ge de dragons a été digne de sa réputation, et qu'il a chargé et vaincu aux cris de vive l'Empereur ! »

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Cette colonne de grenadiers, l'élite de l'armée ennemie s'étant formée en carré de quatre bataillons, a été enfoncée et sabrée. Le 2e bataillon de dragons a chargé dans le bois.

La division Oudinot frémissait de l'éloignement qui l'empêchait encore de se mesurer avec l'ennemi;

mais à sa vue seule, les Autrichiens accélérèrent leur retraite : une seule brigade a pu donner.

Tous les canons, tous les drapeaux, presque tous les officiers du corps ennemi qui a combattu à Wertingen, ont été pris; un grand nombre a été tué: 2 lieutenans-colonels, 6 majors, 60 officiers, 4000 soldats, sont restés en notre pouvoir; le reste a été éparpillé, et ce qui a pu échapper, a dû son salut à un marais qui a arrêté une colonne qui tournait l'ennemi.

Le chef d'escadron Excelmans, aide-de- camp de S. A. S. le prince Murat, a eu deux chevaux tués. C'est lui qui. a apporté les drapeaux à l'Empereur, qui lui a dit : « Je sais qu'on ne peut être plus brave que vous; je vous fais officier de la Légion

d'honneur. »

Le maréchal Ney, de son côté, avec les divisions Malher, Dupont et Loison, la division de dragons à pied du général Baraguey-d'Hilliers, et la division Gazan, ont remonté le Danube, et aitaqué l'ennemi sur sa position de Grümberg. Il est cinq heures, le canon se fait entendre.

Ti pleut beaucoup, mais cela ne ralentit pas .les marches forcées de la grande-armée. L'Empereur donne l'exemple: à cheval jour et nuit, il est toujours au milieu des troupes, et partout où sa présence est nécessaire. Il a fait hier quatorze lieues à cheval. Il a couché dans un petit village, sans domestiques et sans aucune espèce de bagage. Cependant l'évêque d'Augsbourg avait fait illuminer son palais, et attendu S. M. une partie de la nuit.

IVe BULLETIN.

Augsbourg, 19 vendém. an 14 (11 octobre).

LE combat de Wertingen a été suivi, à vingt. quatre heures de distance, du combat de Günzbourg. Le maréchal Ney a fait marcher son corps d'armée; la division Loison sur Langenau et la division Malher sur Günzbourg. L'ennemi, qui a voulu s'opposer à cette marche, a été culbuté partout. C'est en vain que le prince Ferdinand est accouru en personne pour défendre Günzbourg : le général Malher l'a fait attaquer par le 59e régiment; le combat est devenu opiniâtre, corps à corps. Le colonel Lacuée a été tué à la tête de son régiment, qui, malgré la plus vigoureuse résistance, a emporté le pont de vive force; les pièces de canon qui le défendaient, ont été enlevées, et la belle position de Günzbourg est restée en notre pouvoir. Les trois attaques de l'ennemi sont devenues inutiles; il s'est retiré avec précipitation; la réserve du prince Murat arrivait à Burgau et coupait l'ennemi dans la nuit.

Les détails circonstanciés du combat, qui ne peuvent être donnés que sous quelques jours, feront connaître les officiers qui se sont distingués.

L'Empereur a passé toute la nuit du 17 au 18, et une partie de la journée du 18, entre les corps des maréchaux Ney et Lannes.

L'activité de l'armée française, l'étendue et la complication des combinaisons qui ont entièrement échappé à l'ennemi, le déconcertent au dernier point.

Les conscrits montrent autant de bravoure et de bonne volonté que les vieux söfdats. Quand ils ont une fois été au feu, ils perdent le nom de conscrits; aussi tous aspirent-ils à l'honneur du titre de soldats. Le temps continue à être très-mauvais depuis

plusieurs jours. Il pleut encore beaucoup : l'armée cependant est pleine de santé.

L'ennemi a perdu plus de 2500 hommes au combat de Günzbourg. Nous avons fait 1200 prisonniers et pris six pièces de canon. Nous avons eu 400 hommes tués ou blessés. Le général - major d'Aspre est au nombre des prisonniers.

L'Empereur est arrivé à Augsbourg le 18, à neuf heures du soir. La ville est occupée depuis deux jours.

La communication de l'armée ennemie est coupée à Augsbourg et Landsperg, et va l'être à Fuessen. Le prince Murat, avec les corps des maréchaux Ney et Lannes, se met à sa poursuite. Dix régimens ont été retirés de l'armée autrichienne d'Italie, et viennent en poste depuis le Tyrol. Plusieurs ont déjà été pris. Quelques corps russes, qui voyagent aussi en poste s'avancent vers l'Inn; mais les avantages de notre position sont tels que nous pouvons faire face à tout.

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L'Empereur est logé à Augsbourg chez l'ancien électeur de Trèves, qui a traité avec magnificence la suite de Sa Majesté, pendant le temps que ses équipages ont mis à arriver.

Ve BULLETIN.

Augsbourg, le 20 vendém, an 14 (12 octobre ),

LE maréchal Soult s'est porté avec son corps d'armée à Landsberg, et par-là a coupé une des grandes communications de l'ennemi. Il y est arrivé le 19 à quatre heures après midi, et y a rencontré le régiment de cuirassiers du prince Ferdinand, qui, avec six pièces de canon, se rendait à marches forcées à Ulm. Le maréchal Soult l'a fait charger par le 26e régiment de chasseurs; il s'est trouvé déconcerté à

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