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forcé le pont en colonne serrée, il s'est déployé à portée du feu des Autrichiens avec un ordre et un sang-froid qui ont rempli l'ennemi de stupeur et d'admiration.

Un bataillon de la garde impériale est entré aujourd'hui à Augsbourg. Quatre-vingts grenadiers portaient chacun un drapeau. Ce spectacle a produit sur les habitans d'Augsbourg un étonnement que partagent les de paysans toutes ces contrées.

La division de troupes de Wurtemberg vient d'arriver à Geisslingen.

Les bataillons de chasseurs qui avaient suivi l'armée depuis son passage à Stuttgard, sont partis pour conduire en France une nouvelle colonne de 10 mille prisonniers. Les troupes de Bade, fortes de 3 à 4 mille hommes, sont en marche pour se rendre à Augsbourg.

L'Empereur vient de faire présent aux Bavarois de 20,000 fusils autrichiens pour l'armée et les gardes nationales.

Il vient aussi de faire présent à l'électeur de Wurtemberg, de 6 pièces de canon autrichiennes.

Pendant qu'a duré la manœuvre d'Ulm, l'électeur de Wurtemberg a craint un moment pour l'électrice et sa famille, qui se sont rendues alors à Heidelberg; il a disposé ses troupes pour défendre le cœur de ses Etats.

Les Autrichiens sont détestés de toute l'Allemagne, bien convaincue que, sans la France, l'Autriche la traiterait comme ses pays héréditaires.

On ne se fait pas une idée de la misère de l'armée autrichienne; elle est payée en billets qui perdent 40 pour 100 aussi nos soldats appellent-ils plaisamment les Autrichiens des soldats de papier. Ils sont sans aucun crédit : la maison d'Autriche ne trouverait nulle part à emprunter 10,000 francs. Les généraux eux-mêmes n'ont pas vu une pièce d'or depuis plusieurs années. Les Anglais, du moment qu'ils ont su l'invasion de la Bavière, ont fait

à l'empereur d'Autriche un petit présent qui ne l'a pas rendu plus riche; ils se sont engagés à lui faire remise des 48 millions qu'ils lui avaient prêtés pendant la dernière guerre. Si c'est un avantage pour maison d'Autriche, elle l'a déjà payé bien cher.

la

à

XIe BULLETIN.

Munich, 4 brumaire an 14 (26 octobre).

L'EMPEREUR est arrivé à Munich le 2 brumaire, 9 heures du soir. La ville était illuminée avec beaucoup de goût. Un grand nombre de personnes avaient décoré le devant de leurs maisons d'emblêmes qui étaient les expressions de leurs sentimens.

Le 3 au matin, les grands-officiers de l'électeur, les chambellans et gentilshommes de la cour, les ministres, les généraux, les conseillers intimes, le corps diplomatique accrédité près son altesse électorale, les députés des Etats de Bavière, les magistrats de la ville de Munich, ont été présentés à S. M., qui les a entretenus fort long-temps des affaires économiques de leur pays.

Le prince Murat est arrivé à Munich. Il a montré dans son expédition une prodigieuse activité. Il ne cesse de se louer de la belle charge des chasseurs de la garde impériale et des carabiniers.

Un trésor de 200 mille florins est tombé en leur pouvoir; ils ont passé outre sans en rien toucher, et ont continué à poursuivre l'ennemi.

Le prince Ferdinand s'est trouvé au dernier combat, et s'est sauvé sur le cheval d'un lieutenant de cavalerie.

Toute la ville de Nuremberg a été témoin de la bravoure des Français. Un grand nombre de déserteurs et de fuyards des débris de l'armée autrichienne remplissent la province de Franconie, où ils com

mettent beaucoup de désordres. Tous les bagages de l'ennemi ont été pris.

Le soir, l'Empereur s'est rendu au théâtre, où il a été accueilli par les démonstrations les plus sincères de joie et de gratitude.

Aujourd'hui, l'Empereur, après avoir vu défiler les troupes du corps d'armée du maréchal Soult, est allé à la chasse à Numphembourg, maison de plaisance de l'électeur.

Tout est en mouvement; nos armées ont passé l'Iser et se dirigent sur l'Inn, où le maréchal Bernadotte d'un côté, le général Marmont d'un autre, et le maréchal Davoust, seront ce soir.

XIIe BULLETIN.

Munich, 5 brumaire an 14 (27 octobre).

Au cinquième bulletin de l'armée, il faut joindre la capitulation de Memmingen, qui a été oubliée. On travaille dans ce moment, avec la plus grande activité, aux fortifications d'Ingolstat et d'Augsbourg.

Des têtes de pont sont construites à tous les ponts du Leck, et des magasins sont établis sur les derrières.

Sa Majesté a été extrêmement satisfaite du zèle et de l'activité du général de brigade Bertrand, son aide-de-camp, qu'elle a fréquemment employé à des reconnaissances.

Elle a ordonné la démolition des fortifications des villes d'Ulm et de Memmingen.

L'électeur de Bavière est attendu à tout instant. L'Empereur a envoyé son aide-de-camp, le colonel Lebrun, pour le recevoir, et lui offrir sur sa route des escortes d'honneur.

Un Te Deum a été chanté à Augsbourg et à

Munich. La proclamation ci-jointe a été affichée dans toutes les villes de Bavière. Le peuple bavarois est plein de bons sentimens ; il court aux armes, et forme des gardes volontaires pour défendre le pays contre les incursions des Cosaques.

Les généraux Deroi et Wreden montrent la plus grande activité; ce dernier a fait beaucoup de prisonniers autrichiens. Il a servi pendant la guerre passée dans l'armée autrichienne, et il s'y est distingué.

Le général Mack ayant traversé en poste la Baviège pour retourner à Vienne, rencontra le généraļ Wreden aux avant-postes, près l'Inn. Ils eurent une longue conversation sur la manière dont les Français traitaient l'armée bavaroise.

<< Nous sommes mieux qu'avec vous, lui dit le général Wreden; nous n'ayons ni morgue, ni mauvais traitemens à essuyer; et loin d'être exposés les premiers aux coups, nous sommes obligés de demander les postes périlleux, parce que les Français se les réservent de préférence. Chez vous, au contraire, nous étions envoyés par-tout où il y avait de mauvaises affaires à essuyer.»

Un officier d'état-major vient d'arriver de l'armée d'Italie. La campagne a commencé le 26 vendémiaire. Cette armée formera bientôt la droite de la grande armée.

L'Empereur a donné hier un concert à toutes les dames de la cour. Il a fait un accueil très-distingué à madame de Montgelas, femme du premier ministre de l'électeur, et distinguée d'ailleurs par son mérite personnel.

Il a témoigné son contentement à M. de Wintz, maître de musique de l'électeur, sur la bonne composition de ses morceaux, tous pleins de verve et de talent.

Aujourd'hui, dimanche 5 brumaire, l'Empereur a entendu la messe dans la chapelle du palais.

Voici les noms des généraux autrichiens qui ont

été faits prisonniers. Le nombre des officiers est de 1,500 à 2,000. Chaque officier a signé sa parole d'honneur de ne pas servir; on espère qu'ils la tiendront exactement: s'il en était autrement, les lois de la guerre seraient suivies dans toute leur rigueur.

Etat des officiers-généraux autrichiens faits prisonniers aux affaires de Elchingen, Wertingen, Memmingen, Ulm, etc.

MM. le baron Mack, feld-maréchal-lieutenant quartier-maître-général;

Le prince de Hesse-Hombourg, feld-maréchallieutenant;

Le baron de Hipschis, idem;

Le comte de Giulay, idem, quartier-maître-
général de l'armée du prince Ferdinand;
Le baron de Laudon, idem;

Le comte de Klenau, idem;

Le comte de Gottescheim, idem;

Le comte de Riese, idem;

Le comte Baillet, idem;

Le comte de Werneck, idem;

Le prince de Hohenzollern, idem;

Le prince de Lichtenstein, général-major ;
Le baron d'Abel, idem;

Le baron d'Ulm, idem;

Le baron de Weidenfeld, idem;
Le comte d'Awersberg, idem;
Le comte de Gehneddy, idem;
Le comte de Fremel, idem;
Le comte de Stiecker, idem;

Le comte de Hermann, idem, pris à Elchin

gen;

Le comte de Hermann, idem, pris à Ulm;

Le comte de Reichter, idem;

Le comte de Dieuersberg, idem;

Le comte de Mitkiery, général-major;
Le comte de Vogel, idem;

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