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L'empereur d'Autriche, arrivé à Lintz, a reçu des plaintes de la régence sur la mauvaise conduite des Russes, qui ne se sont pas contentés de piller, mais encore ont assommé à coups de bâton les paysans; ce qui avait rendu déserts un grand nombre de villages. L'Empereur a paru très-affligé de ces excès, et a dit qu'il ne pouvait répondre des troupes russes comme des siennes; qu'il fallait souffrir patiemment; ce qui n'a pas consolé les habitans.

On a trouvé à Lintz beaucoup de magasins, et une grande quantité de draps et de capotes dans les manufactures impériales.

Le général Deroi, à la tête d'un corps de Bavarois, a rencontré à Lovers l'avant-garde d'une colonne de cinq régimens autrichiens venant d'Italie l'a complètement battue, lui a fait 400 prisonniers et pris 3 pièces de canon. Les Bavarois se sont battus avec la plus grande opiniâtreté et avec une extrême bravoure. Le général Deroi lui-même a été blessé d'un coup de pistolet.

Ces petits combats donnent lieu à un grand nombre de traits de courage de la part des officiers particuliers. Le major-général s'occupe d'une relation détaillée où chacun aura la part de gloire qu'aura méritée son courage.

L'Enns peut être considéré comme la dernière ligne qui défend les approches de Vienne. On prétend que l'ennemi veut tenir et se retrancher derrière les hauteurs de Saint- Hipolyte, à dix lieues de Vienne. Notre avant-garde y sera demain.

XIXe BULLETIN.

Lintz, le 15 brumaire an 14 (6 novembre).

LE combat de Lovers a été très-brillant pour les Bavarois. Les Autrichiens occupaient au-delà de Lovers un défilé presque inaccessible, flanqué à droite et à gauche par des montagnes à pic. Le couronnement était couvert de chasseurs tyroliens qui en connaissaient tous les sentiers; trois forts en maçonnerie fermant les montagnes, en rendent l'accès presque impossible. Après une vive résistance, les Bavarois culbutèrent tout, firent 600 prisonniers, prirent 2 pièces de canon et s'emparèrent de tous les forts. Mais à l'attaque du dernier, le lieutenantgénéral Deroi, commandant en chef l'armée bavaroise, fut blessé d'un coup de pistolet. Les Bavarois ont eu 12 officiers tués ou blessés, 50 soldats tués et 250 blessés. La conduite du lieutenant-général Deroi mérite les plus grands éloges : c'est un vieil officier plein d'honneur, extrêmement attaché à l'électeur dont il est l'ami.

Tous les momens ont été tellement occupés, que l'Empereur n'a pu encore passer en revue l'armée bavaroise, ni connaître les braves qui la composent.

Le prince Murat, après la prise d'Enns, poursuivit de nouveau l'ennemi. L'armée russe avait pris position sur les hauteurs d'Amstetten : le prince Murat l'a attaquée avec les grenadiers du général Oudinot; le combat a été assez opiniâtre. Les Russes ont été dépostés de toutes leurs positions, ont laissé 400 morts sur le champ de bataille et 1500 prisonniers. Le prince Murat se loue particulièrement du général Oudinot ; son aide-de-camp Lagrange a été blessé.

Le maréchal Davoust, au passage de l'Enns à Steyer, se loue spécialement de la conduite du général Heudelet, qui commande son avant-garde.

Il a continué sa marche, et s'est porté à Wahidoflen.

Toutes les lettres interceptées portent que les meubles de la Cour sont déjà embarqués sur le Danube, et qu'on s'attend à Vienne à la prochaine arrivée des Français.

X Xe BULLETIN.

Lintz, le 16 brumaire an 14 (7 novembre).

LE combat d'Amstetten a fait beaucoup d'honneur à la cavalerie, et particulièrement aux ge et 10e régimens de hussards, et aux grenadiers de la division du général Oudinot.

Les Russes ont depuis accéléré leur retraite ; ils ont en vain coupé les ponts sur l'Ips, qui ont été promptement rétablis, et le prince Murat est arrivé jusqu'auprès de l'abbaye de Molk.

Une reconnaissance s'est portée sur la Bohême. Nous avons pris des magasins très-considérables, soit à Freystadt, soit à Matthausen.

Le maréchal Mortier, avec un corps d'armée, manœuvre sur la rive gauche du Danube.

Une députation du sénat vient d'arriver à Lintz. L'électeur de Bavière y est attendu dans deux heures.

Lintz, le 17 brumaire an 14 ( 8 novembre).

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L'électeur de Bavière et le prince électoral sont arrivés hier soir à Lintz. Le lieutenant général comte de Giulay, envoyé par l'Empereur d'Autriche, y est arrivé dans la nuit. Il a eu une très longue conférence avec l'Empereur. On ignore l'objet de sa

mission.

On a fait au combat d'Amstetten 1,800 prisonniers, dont 700 Russes.

Le prince Murat a établi son quartier - général à l'abbaye de Molk. Ses avant-postes sont sur SaintPolten (Saint-Hipolyte).

Dans la journée du 17, le général Marmont s'est dirigé sur Léoben. Arrivé à Weyer, il a rencontré le régiment de Giulay, l'a chargé, et lui a fait 400 prisonniers, dont un colonel et plusieurs officiers. Il a poursuivi sa route. Toutes les colonnes de l'armée sont en grande manœuvre.

XXIe BULLETIN.

Molk, le 19 brumaire an 14 (10 novembre).

Le 16 brumaire, le corps d'armée du maréchal Davoust se dirigea de Steyer sur Naydhoffen, Marienzell et Lilienfeld. Par ce mouvement, il débordait entièrement la gauche de l'armée ennemie qu'on supposait devoir tenir sur les hauteurs de SaintHipolyte; et de Lilienfeld il se dirigeait sur Vienne par un grand chemin de roulage qui y conduit di

rectement.

Le 17, l'avant-garde de ce maréchal étant encore à plusieurs lieues de Marienzell, rencontra le corps du général Meerfeldt qui marchait pour se porter sur Neustadt et couvrir Vienne de ce côté. Le général de brigade Heudelet, commandant l'avant-garde du maréchal Davoust, attaqua l'ennemi avec la plus grande vigueur, le mit en déroute, et le poursuivit l'espace de cinq lieues.

Le résultat de ce combat de Marienzell a été la prise de 3 drapeaux, de 16 pièces de canon et de 4 mille prisonniers, parmi lesquels se trouvent les colonels des régimens Joseph de Collorédo et de Deutschmeisler, et 5 majors.

Le 13e régiment d'infanterie légère, et le 108e régiment de ligne, se sont parfaitement comportés.

Le 18 au matin, le prince Murat est arrivé à Saint-Hipolyte. Il a dirigé le général de brigade de dragons Sébastiani sur Vienne. Toute la Cour et les grands sont partis de cette capitale. On avait déjà annoncé aux avant-postes que l'Empereur se préparait à quitter Vienne.

L'armée russe a effectué sa retraite à Krems en repassant le Danube, craignant sans doute de voir ses communications avec la Moravie coupées par le mouvement qu'a fait le maréchal Mortier sur la rive gauche du Danube.

Le général Marmont doit avoir dépassé Léoben. L'abbaye de Molk, où est logé l'Empereur, est une des plus belles de l'Europe. Il n'y a en France ni en Italie aucun couvent ni abbaye qu'on puisse lui comparer. Elle est dans une position forte et domine le Danube. C'était un des principaux postes des Romains, qui s'appelait Maison de Fer, bâtie par l'empereur Commode.

Les caves et les celliers de l'abbaye se sont trouvés remplis de très bon vin de Hongrie; ce qui a été d'un très-grand secours à l'armée, qui depuis longtemps en manquait : mais nous voilà dans le pays du vin; il y en a beaucoup dans les environs de Vienne.

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L'Empereur a ordonné qu'on mît une sauve-garde particulière au château de Lustchloss, petite maison de campagne de l'empereur d'Autriche, qui se trouve sur la rive gauche du Danube.

Les avenues de Vienne de ce côté ne ressemblent pas aux avenues des grandes capitales. De Lintz à Vienne il n'y a qu'une seule chaussée; un grand nombre de rivières, telles que l'Ips, l'Eslaph, la Molk, la Trasen, etc., n'ont que de mauvais ponts en bois. Le pays est couvert de forêts de sapins; à chaque pas des positions inexpugnables où l'ennemi a en vain essayé de tenir. Il a toujours eu à craindre de se voir débordé et tourné par les colonnes qui manœuvraient au-delà de ses flancs.

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