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de la garde n'eût pas été mal-à-propos engagée.

Tout militaire de bonne foi ne mettra pas en doute que ces résultats n'eussent été obtenus; et cela avec une armée où la malveillance et la trahison de quelques individus exerçaient une funeste influence:

On a blamé, avec apparence de raison, les Généraux Blucher et Wellington, de n'avoir pas tenu leurs troupes campées dès le commencement de Juin; de n'avoir pas connu les mouvemens de l'armée française, qui leur a dérobé trois marches; de sorte qu'ils se sont battus isolément, et n'ont jamais eu l'initiative du mouvement: ils ont même couru les risques de ne pas pouvoir se rallier, et d'être battus en détail en sortant de leurs quartiers.

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On reproche à Blucher d'avoir rallié son armée dans la position de son ennemi, L'armée française ayant, le 15 Juin, dès midi, occupé Charleroi, et ayant passé la nuit suivante à une portée de fusil de Fleurus, Blucher, connaissant l'ennemi à qui il avait à faire, ne devait pas prendre, pour se rallier, un point si près de Fleurus, où il s'exposait à être battu partiellement. Il est de fait qu'avec une armée de près de cent cinquante mille hommes, Blucher n'a livrébataille qu'avec quatre-vingt-dix mille.

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On reproche au Duc de Wellington de n'avoir été instruit qu'à une heure du matin, le 16, que toute l'armée française avait passé la Sambre la veille à midi, à Charleroi, et qu'elle bivaquait à dix ou douze lieues de lui. Ainsi, les premiers coups de fusil ayant été tirés en avant de Charleroi, le 15, à cinq heures du matin, il n'en a été instruit, à quatorze lieues de là, que vingt heures après. Tout ce qui est arrivé au Duc de Wellington, aux Quatre-Bras, ne peut lui être reproché; c'est une suite nécessaire de la faute qu'avait commise Blucher, en voulant rallier son armée, à Ligni. Le choix du champ de bataille de Waterloo, en avant d'une forêt et d'une grande ville, lorsque Blucher avait été battu, a été une faute qui pouvait avoir les plus funestes résultats pour l'armée anglaise, et pour toute la coalition. La nature des chemins que Blucher avait à traverser, surtout par le mauvais tems qu'il faisait depuis deux jours, et les grandes pertes éprouvées par l'armée prussienne à Ligni, devaient décider le Duc de Wellington à réunir son armée avec celle de Blucher à une marche en arrière de Waterloo; ce qui était sans inconvénient. Les deux armées auraient pu facilement gagner douze ou quinze heures d'avance, et se

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trouver ralliées sur un même champ de bataille, présentant alors une masse de plus de deux cent mille combattans. On a même pensé, ainsi que nous l'avons déjà dit, que lors même de cette réunion, il était dans l'ordre général de la guerre de gagner dú tems; et d'éviter la bataille, jusqu'à ce que les armées de l'Autriche et de la Russie fussent sur la Meuse.

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La surprise des armées prussienne et anglo-hollandaise, dans leurs cantonnemens, avait donné la preuve de la supériorité du plan de campagne adopté par les Français. Tous les succès que l'on attendait de la réussite complette de ce plan, ne paraissaient plus douteux, lorsque la malheureuse bataille de Waterloo vint, malgré toutes les probabilités, renverser tous les calculs; tant le hazard a d'influence sur les actions humaines !

Jamais les troupes françaises n'ont mieux montré leur pré-éminence sur toutes les troupes de l'Europe que dans cette courtè campagne, où elles ont été si constamment inférieures en nombre. Aussi peut-on dire que dans ces grands désastres, si l'armée française a tout perdu, elle a au moins conservé son honneur.

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Suites de la Bataille.—Pertes éprouvées par l'Armée Française et par les Armées ennemies. Quartier-Général à Laon. Ordres expédiés aux autres Armées.

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INDEPENDAMMENT du pont sur la Dyle, au village de Gennappe, il y en avait plusieurs autres dans les villages voisins: mais au milieu de l'extrême confusion, où était l'armée, tous les fuyards se dirigèrent sur Gennappe, qui en un moment en fut encombré. L'Empereur s'y arrêta, quel ques instans, pour essayer encore de rétablir un peu d'ordre; mais le tumulte, augmenté par l'obscurité de la nuit, rendit de nouveau toutes ses tentatives inutiles. Peut-être, qu'en résultat, ce qu'il y avait de mieux à faire, c'était de n'opposer aucune résistance, et de faire la plus prompte retraite possible. Tous les corps, toutes les armes, étaient confondus: soldats d'infanterie, de cavalerie, d'artillerie; tous se pressaient, s'écrasaient mutuellement. Beaucoup de chariots et de caissons étaient renversés, tant sur le pont que dans les rues. Plu

sieurs étaient fixés entr'eux; ce qui était un nouvel indice de malveillance.

La plus grande partie du matériel de l'artillerie resta sur le champ de bataille, ou fut abandonné à ce défilé.* Quant aux pertes du personnel de l'armée, voici comment on peut les établir: l'armée française, en passant la Sambre, le 15 Juin, était de cent quinze mille hommes. Elle a perdu,

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ce qui fait un total de 36,940 hommes perdus pour cette armée, car les blessés restèrent au pouvoir de l'armée ennemie. Parmi les prisonniers furent les Généraux, Comte de Lobau, Cambronne et Duhesme. Ce dernier fut massacré de sang-froid sur la route, le lendemain du combat! Le Général Devaux, commandant l'artillerie de la garde, officier très-distingué par ses talens et sa bravoure, fut au nombre des morts.

* C'est là que furent pris, les bagages et la voiture que l'Empereur avait coutume de faire rester toujours près du champ de bataille. Ce n'a été que plusieurs jours après son arrivée à Paris, que l'Empereur a appris la perte de cette voiture, dans laquelle il n'était pas monté depuis son départ de Beaumont. On y trouva un chapeau, une épée, des habits, &c.: c'était tous des effets de rechange.

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