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traire, une patrouille que j'envoyai dans la matinée à Sombref, trouva tout tranquille, et les védettes de l'ennemi se retirèrent à l'approche de la patrouille. L'ennemi ne fit non-plus aucune tentative pour inquiéter notre arrière-garde, quoique notre retraite s'opérât en plein jour: il se contenta de faire suivre, par un gros corps de cavalerie, tiré de son aile droite, la cavalerie sous les ordres du comte d'Uxbridge; ce qui fournit l'occasion à Lord Uxbridge de faire une charge à la tête du premier régiment des gardes au moment où l'ennemi débouchait du village de Genape; sa seigneurie se loue de la conduite de ce régiment dans cette occasion.

La position que je pris en avant de Waterloo, coupait les grandes routes de Charleroi et de Nivelles, et était appuyée sur la droite à un ravin près Merke-Braine, qui fut occupé : la gauche s'étendait à une hauteur qui couronne le hameau Ter-laHaye, qui fut également occupé. En tête, la droite de notre centre, et près la route de Nivelles, nous occupions la maison et le jardin de Hougoumont; ce qui de ce côté, couvrait notre flanc; en tête de notre centre, sur la gauche, nous occupions la ferme de la Haye-Sainte. Par notre gauche, nous communiquions par Ohaim avec le

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Maréchal Prince, Blucher, qui se trouvait à Wavres. Ce maréchal m'avait promis, dans le cas où nous serions attaqués, de me soutenir par un ou plusieurs de ses corps, selon que cela serait jugé nécessaire.

Dans la nuit du 17, et dans la matinée d'hier, l'ennemi rassembla toute son armée, à l'exception du troisième corps, qui fut envoyé pour observer le Maréchal Blucher, sur une chaîne de hauteurs qui nous faisaient face, et vers les dix heures il attaqua avec la plus grande vigueur notre poste à Hougoumont. J'avais fait occuper ce poste par un détachement de la brigade des gardes sous les ordres du Général Bing, qui se tint en position en arrière. Ce poste fut pendant quelque tems sous les ordres du Lieutenant-Colonel Macdonald, et ensuite sous ceux du Colonel Home; et il m'est agréable de pouvoir ajouter que,, pendant toute la journée, il fut maintenu avec la plus grande intrépidité par ces braves troupes, nonobstant les efforts répétés de l'ennemi pour s'en emparer,

Cette attaque sur la droite de notre centre fut accompagnée d'une forte canonnade sur toute notre ligne, dont l'objet était de soutenir les charges de cavalerie et d'infanterie faites à plusieurs reprises, tantôt simultanément, tantôt l'une après l'autre,

Dans une de ces charges, l'ennemi enleva la ferme de la Haye-Sainte; le détachement d'infanterie légère, à qui la garde en était confiée, ayant épuisé toutes ses munitions, et ne pouvant en recevoir, parceque l'ennemi occupait la seule communication que nous avions avec ce point..

L'ennemi chargea à plusieurs reprises notre infanterie avec sa cavalerie, mais ce fut sans succès, et il ne fit par là que fournir à notre cavalerie l'occasion de faire. plusieurs charges brillantes, dans lesquelles se sont particulièrement distinguées la brigade de Lord E. Somerset, composée des gardes-du-corps, des gardes-royaux, et du premier régiment de dragons de la garde, et celle du Major-Général Sir N. Ponsonby, qui se sont emparées de plusieurs aigles, et ont fait un grand nombre de prisonniers.

Ces attaques furent répétées jusqu'à environ sept heures du soir, que l'ennemi fit une attaque désespérée avec sa cavalerie et son infanterie, soutenues par le feu de l'artillerie, pour forcer la gauche de notre centre, près de la ferme de la Haie-Sainte. Après un combat obstiné, il fut défait, et ayant remarqué que ses troupes se retiraient dans une grande confusion, et que le corps de Bulow avait commencé à marcher par

Frischemont sur Planchenoit et la BelleAlliance, dès que je pus apercevoir le feu de ses canons, et que le Maréchal Blucher avait joint en personne avec un corps de son armée la gauche de notre ligne par Ohain, je me décidai à attaquer l'ennemi, et fis avancer toute la ligne d'infanterie, soutenue par la cavalerie et l'artillerie.

L'attaque réussit complettement sur tous les points; l'ennemi fut chassé de sa position sur les hauteurs, et se retira dans la plus grande confusion, laissant derrière lui, autant que j'en puis juger, cent-cinquante pièces de canon avec leurs munitions, qui tombèrent entre nos mains. Je continuai à le poursuivre longtems après la chute du jour, et ne cessai qu'à raison de la fatigue de nos troupes, qui combattaient depuis douze heures, et de ce que le Maréchal Blucher, avec qui je me trouvai sur la même route, m'assura qu'il poursuivrait l'ennemi toute la nuit. Il m'a fait savoir ce matin qu'il avait pris soixante pièces de canon de la garde impériale, et plusieurs voitures, bagages, etc., de Napoléon qui se trouvait à Genappe.

Je me propose de marcher ce matin sur Nivelles, et de ne pas discontinuer mes opérations.

Votre seigneurie remarquera qu'une

affaire aussi désespérée, et de tels avantages," ne peuvent avoir eu lieu sans une grande perte, et j'ai la douleur d'ajouter que la nôtre a été immense. S. M. a perdu, dans le Lieutenant-Général Thomas Picton, un officier qui s'était distingué si souvent à son service: il est mort glorieusement en conduisant sa division à une charge à la bayonnette, par laquelle une des plus sérieuses attaques faites par l'ennemi sur notre position a été repoussée.

Le Comte d'Uxbridge, après avoir, toute la journée, combattu avec succès, a reçu une blessure presqu'au dernier coup de canon qui a été tiré, et je crains que S. M. ne soit privée pour quelque tems de ses services.

S. A. R. le Prince d'Orange s'est distingué par sa bravoure jusqu'à ce qu'il ait été blessé à l'épaule, d'une balle de fusil, ce qui l'a obligé à quitter le champ de bataille.

J'ai la satisfaction d'assurer V. S. que l'armée ne s'est mieux conduite dans aucune occasion. La division des gardes du Lieutenant-Général Cooke, qui est grièvement blessé; les Majors-Généraux Maitland et Byng ont donné un exemple qui a été suivi par tous, et il n'y a point d'officier ni

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