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naire, s'y maintint jusqu'à huit heures du soir; de sorte que rien ne resta en arrière, et que j'occupai Dinan.

L'ennemi a perdu des milliers d'hommes à l'attaque de Namur; on s'est battu avec un acharnement rare, et les troupes ont fait leur devoir d'une manière bien digne d'éloge.

Je suis avec respect,

SIRE,

De Votre Majesté,

Le très-fidèle sujet,

Le Maréchal Comte DE GROUCHY.

No. 12.

Lettre du Prince Bernard de Saxe Weimar,

à son Père.

Au Bivouac près Waterloo, le 19 Juin, 1815.

Cher père,

REMERCIEZ Dieu; je suis encore vivant, et suis sorti sain et sauf de deux sanglantes batailles. La première eut lieu le 16, et la seconde hier. Je vous prie, quand vous lirez la présente, de prendre la carte de Ferrary. Depuis quatre semaines j'étais en cantonnement à Gennappes, avec le régiment d'Orange-Nassau, dont je suis colonel. Le 15, je fus nommé brigadier de la deuxième brigade de la division Perponcher: mon prédécesseur avait eu le malheur de se casser la jambe. En outre de mes deux bataillons d'Orange-Nassau, je me trouvai par là avoir sous mon commandement trois bataillons du duché de Nassau: alors ma brigade était de quatre mille hommes; aujourd'hui il ne m'en reste pas douze cents!

Le 15, les Français tombèrent sur l'armée prussienne, et la pressèrent bien vivement. Ma brigade prolongeait l'aile gauche de l'armée hollandaise, dont le quartier

général était à Braine-le-Comte; celui de ma division était à Nivelles.

Un bataillon de Nassau, avec une batterie d'artillerie à cheval hollandaise, étaient à Frasnes. Lorsque les Prussiens se retirèrent sur Fleurus, le poste de Frasnes fut attaqué et enlevé. L'infanterie se jeta dans un bois sur la droite; et l'artillerie se retira, en combattant, aux Quatre-Bras. Je réunis ma brigade à cette importante position, et canonnai l'ennemi, que je parvins à empêcher d'avancer. J'ai conservé cette position pendant toute la nuit. Vers le matin du 16, je fus renforcé par un bataillon de chasseurs hollandais, et un bataillon de milice. Bientôt après, mon général de division et le Prince d'Orange arrivèrent. J'allai aux avant-postes avec le dernier, et j'entrepris, par son ordre, une reconnaissance avec un bataillon et deux canons. Vers midi, l'ennemi fit voir de fortes colonnes, et commença à nous canonner. On dit que dans ce jour il a engagé trois corps de son armée contre nous. Nous avions seulement cinq bataillons à lui opposer, et les débouchés d'un bois à défendre jusqu'à la dernière extrémité.

Le Duc de Wellington était présent au commencement de l'action; quoique je

leurs cœurs soient bien allemands, et firent un terrible feu contre eux. Ils furent

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chassés de leur position, et je les ralliai à un quart de lieue du champ de bataille. Mon général de division, dont la première brigade a été totalement détruite, est à présent avec moi.

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Il me faut finir, parceque je viens de recevoir des ordres de marcher à Nivelles, à la poursuite de l'ennemi. Adieu, cher père: saluez ma mère, ma belle-sœur, mon frère, et tous mes amis; et soyez assurés que je ferai tout pour être digne de vous.

Le Colonel et Brigadier,

BERNARD DE SAXE WEIMAR.

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No. 13.

Déclaration au Peuple Français.

Français,

(Publiée le 22 Juin, 1818.)

EN commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes de toutes les autorités nationales: j'étais fondé à en espérer le succès, et j'avais bravé toutes les déclarations des puissances contre moi.

les volontés, et le concours fondé à en

Les circonstances me paraissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir réellement voulu qu'à ma personne! Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II. Empereur des Français.

Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil du gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les Chambres à organiser sans délai la régence par une loi.

Unissez-vous tous pour le salut public, et pour rester une nation indépendante.

Signé, NAPOLEON.

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