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cavalerie; il fut suivi du troisième corps, Aussitôt que Ziéthen s'en apperçut, il évacua Gilly, qui est à l'intersection des deux routes, dont l'une se dirige sur Namur, et l'autre sur Sombref, où elle rencontre la route de Namur à Nivelles.

Le Général Pajol prit aussitôt position à Gilly, ayant en face de lui un gros corps ennemi.

Cependant le Général Reille, avec le deuxième corps, avait passé la Sambre à Marchiennes. Il se porta rapidement par la traverse pour couper, vers Gosselies, la route de Bruxelles. Le premier corps devait suivre le mouvement du deuxième le Maréchal Ney arriva en ce moment sur le champ de bataille, près de Napoléon, qui lui donna à l'instant l'ordre de se rendre à Gosselies, et de prendre le commandement de toute la gauche, composée des premier et deuxieme corps, de la division de cavalerie legère de la garde, et d'une brigade de la cavalerie de Pajol. Cette cavalerie devait être remplacée dans la nuit par la grosse cavalerie du Général Kellerman. Napoléon prescrivit au Maréchal Ney de donner tête baissée sur tout ce qu'il rencontrerait sur la route de Bruxelles, et de prendre position avec ce corps de plus de quarante mille hommes, au delà des Quatre-Bras, en

tenant de fortes avant-gardes sur les routes de Bruxelles et de Namur.* L'empereur envoya en même temps un de ses officiers pour faire connaître aux commandans des corps que sa Majesté donnait le commande ment de toute la gauche à ce maréchal.

Lorsque le Maréchal Ney arriva à Gosselies, la brigade Clary, soutenue par le deuxième corps, s'emparait de ce bourg, et en chassait les Prussiens, qui se retirèrent sur Fleurus. Le Général Reille détacha, à la poursuite de l'ennemi, la division d'infanterie Girard, et continua sa marche sur Bruxelles, pour aller prendre position aux Quatre-Bras. Le Prince Bernard de Saxe, commandant une brigade (forte de cinq bataillons, 4000 hommes) de la troisième division belge de l'armée du Duc de Wellington, était cantonné à Gennape: entendant le bruit du canon sur Charleroi, et instruit de la retraite du corps de Ziéthen,

*

L'Empereur, après lui avoir donné ces ordres, ajouta : "Monsieur le Maréchal, vous connaissez bien la position des QuatreBras!" " Oui, Sire, répondit le Maréchal; comment ne la connaitrais-je pas: il y'a vingt ans que j'ai fait la guerre en će pays; cette position est la clef de tout." "Eh bien, lui dit l'Empereur, ralliez y vos deux corps, et, s'il est nécessaire, élevez y quelques redoutes: pressez la marche de d'Erlong, et qu'il rappelle tous les détachemens qu'il aura laissés aux ponts sur la Sambre: tout doit être rallié avant minuit." Ney répartit aussitôt: "Fiez-vous à moi; dans deux heures nous serons aux QuatreBras, à moins que toute l'armée ennemie n'y soit!"

il se porta avec sa brigade à Frasnes, où était un de ses bataillons avec une batterie belge; mais la cavalerie légère française l'ayant bientôt chassé de ce village, le Prince Bernard se retira sur les Quatre-Bras et prit position. Notre cavalerie plaça des postes dans le bois de Bossu qui est à cette hauteur, et le Maréchal Ney, entendant la canonnade entre Fleurus et Gilly; fit arrêter le corps de Reille, entre Gosselies et Frasnes.*

Aussitôt que l'Empereur eût appris que la gauche était maîtresse de Gosselies, et qu'elle se dirigeait sur les Quatre-Bras, il s'était porté sur Fleurus. Les corps de Vandamme et de Grouchi s'étaient réunis à Gilly; mais ces généraux, trompés par de faux rapports, restaient immobiles, croyant toute l'armée prussienne dans les bois

* On se demande pourquoi Ney n'a-t-il pas occupé cette position des Quatre-Bras? Il parait que le souvenir de sa conduite en 1814, et dernièrement en Mars 1815, occasionnait en lui un bouleversement moral, qui se faisait sentir dans toutes ses actions. D'ailleurs, ce maréchal, le premier des braves au feu, prenait souvent le change dans des dispositions de campagne. Instruit par sa cavalerie légère que l'ennemi n'avait que peu de force aux Quatre-Bras, il jugea plus prudent de rester à la hauteur des coups de canon qu'il entendait sur sa droite, et dirigea la division Girard comme une avantgarde sur Fleurus. Voulant cependant paraître avoir exécuté ses ordres, il rendit compte à S. M. qu'il occupait les QuatreBras par une avant-garde, et que ses masses étaient en arrière.

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de Fleurus. L'Empereur ayant été en personne reconnaître l'ennemi, ne vit qu'une partie du corps de Ziéthen, et ordonna de l'attaquer vivement; celui-ci se mit sur-le-champ en retraite. L'Empereur, impatienté de voir ce corps lui échapper, donna ordre à l'aide-de-camp Le Tort de prendre les quatre escadrons d'escorte, et de charger l'arrière-garde. Ils enfoncèrent deux carrés, et détruisirent un régiment; mais l'intrépide Le Tort, officier du plus grand mérite, tomba blessé mortellement. L'ennemi se retira sur Fleurus à travers les bois de Trichenaye et de Lambusart, où les corps de Grouchy et de Vandamme prirent position. L'Empereur, après avoir reçu des nouvelles de sa droite, revint à Charleroi, pour y recevoir tous ses rapports.

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Dans la nuit du 15 au 16, les positions respectives des trois armées furent cellesci: le quartier-général français à Charleroi; celui des Prussiens à Namur; celui des Anglais à Bruxelles.

La gauche de l'armée française, sous les ordres du Maréchal Ney, avait son quartier-général à Gosselies, son avant-garde à Frasnes; le corps du Général Reille entre Gosselies et Frasnes, ayant une division (Girard), à Vagnies, dans la direction de

Fleurus 3 le corps du Général d'Erlong entre Marchiennes et Julmet.

Le centre, formé du corps de Vandamme et des réserves de cavalerie de Grouchi, bordant les bois vis-à-vis Fleurus.

La droite, formée du corps du Général Gérard, ayant passé la Sambre, était en avant du Chatelet.

La garde impériale, échelonnée entre Fleurus et Charleroi.

Le sixième corps,

en avant de cette ville. Le corps des cuis rassiers de Kellerman, avec le grand pare d'artillerie, sur la rive gauche de la Sambre, en arrière de Charleroi.

L'armée prussienne avait son premier corps rallié à Fleurus; les trois autres corps en mouvement pour se réunir à leurs points de concentration, afin de se porter ensuite sur Sombref et Ligni.

L'armée anglaise venait de recevoir l'ordre de se réunir. Pendant tous les mouvemens du '15, le Duc de Wellington était resté tranquille à Bruxelles. Sur les sept ou huit heures du soir il avait reçu un courrier de Blucher, qui lui annonçait que les hostilités étaient commencées; qu'une forte reconnaissance française avait sabré quelques uns de ses avant-postesi; mais le Général Anglais, attendant que le mouvement fut plus prononcé, n'avait

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