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projetée par la Prusse, nous oblige en consé« quence de protester de la manière la plus so« lennelle, en faveur de nos droits sacrés, contre << cette prise de possession. Nous le faisons par << ces présentes munies de notre signature, de<< vant le Congrès de Vienne, et à la face de << toute l'Europe; et nous répétons publiquement « la déclaration que nous avons déja faite anté<«<rieurement vis-à-vis des monarques alliés, que jamais nous ne consentirons à la cession des <«< états que nous avons hérités de nos ancêtres, << ni à recevoir en échange aucun dédommage<«<ment, à quelque condition que ce soit. »

Cette protestation eut l'effet d'amener une lutte d'opinion très-vive, non-seulement entre les partisans de la Prusse et de la Saxe, mais entre les grands cabinets de l'Europe, soit au sujet de la réunion de la Saxe à la Prusse, soit au sujet de celle de la Pologne à la Russie, questions qui, dans la circonstance, se trouvaient intimement liées.

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Conduite de l'Angleterre dans le cours de la révolution française. Son système au Congrès. Note de lord Castlereagh au sujet de la Pologne et de la Saxe. Note du duc régnant

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Pologne et la Saxe.

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· Opinion du cabinet autrichien sur la

Notes du prince de Metternich. Notes des maisons ducales de Saxe et des princes allemands du second rang. - Note du prince d'Hardenberg au sujet de la Saxe, et sur l'application du droit de conquête à ce pays. Moyens justificatifs du roi de Saxe.

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ON N ne saurait nier que le résultat de la persévérance des hommes d'état de l'Angleterre, et des efforts en tout genre de cette puissance, n'ait été de rendre à l'Europe son indépendance compromise, et, c'est avec fondement que la cour de Londres fit frapper pendant le Congrès une médaille représentant la Grande-Bretagne sous l'emblème de Minerve couronnée par la Victoire, et soutenant de son bras l'Europe chancelante, avec cet exergue : se ipsam constantia, Europam exemplo. Ses succès lui ont assuré pour long

tems la prééminence sur les mers: par la possession des stations les plus importantes du globe, par Malte, Corfou, le Cap de Bonne-Espérance, les îles de France, de Ceylan, de la Trinité, Sainte-Lucie et les Bermudes; le peuple anglais enlace, en quelque sorte, le monde entier dans ses bras gigantesques. Ce qui peut adoucir les regrets qu'inspire sa supériorité maritime et coloniale, c'est que, pendant trente ans, l'Angleterre distribua les fruits de son industrie et de son commerce aux états menacés, aux princes dépouillés, aux fugitifs de tous les rangs, et devint la terre hospitalière de toutes les infortunes. De là, cette dette énorme de vingt milliards qui pèse sur elle, et qui n'est point balancée, à beaucoup près, par le revenu et les avantages de ses nouvelles acquisitions. Il serait dès-lors injuste de dire que la nation anglaise ne connaît d'autre instinct que celui de la cupidité; ou bien il faudrait reconnaître qu'une pareille cupidité est la plus noble des passions. L'intérêt et la gloire de l'Angleterre doivent être de continuer à s'élever contre tout état qui se proposerait d'attenter à la liberté générale ; et si elle mêle à cette garantie des droits des peuples quelque orgueil, il faut le tolérer; car cet orgueil est la sauvegarde de l'Europe.

La cour de Londres s'annonça au Congrès

avec une intention prononcée de prévenir de nouveaux envahissemens, par la création de fortes barrières politiques et militaires. Elle dirigea particulièrement son attention sur la conformation du nouveau royaume des Pays-Bas, regardé comme un des meilleurs gages de sa sûreté personnelle, à l'égard de la France. Elle se montra zélée pour l'indépendance helvétique et pour la sûreté de l'Italie, et favorisa les représentations nationales comme tout ce qui pouvait tendre à garantir les droits des peuples.

Par rapport à la Pologne, la première pensée du cabinet anglais s'était dirigée vers le rétablissement du royaume de ce nom, sous un prince particulier; et pour y parvenir, elle consentait que la Prusse fût indemnisée de ses possessions en Pologne, par la Saxe entière. Par une conséquence nécessaire de ce plan, la cour de Londres s'opposait à ce que la Russie érigeât en royaume la partie du duché de Varsovie qui devait lui échoir, pour l'unir à ses vastes domaines; cette érection lui paraissant susceptible de plusieurs inconvéniens, pour l'établissement d'un système général permanent. Le premier plénipotentiaire anglais consigna son opinion à ce sujet, dans une note du i octobre, au prince de Hardenberg. Dans cet écrit qui fit une si grande sensation dans le

Congrès, et même dans l'Europe, lord Castlereagh s'exprimait ainsi :

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« Il n'y a pas de principe, en fait de politique européenne, auquel j'attache plus d'impor<«<tance qu'à la reconstruction substantielle de << la Prusse. Les glorieux services qu'elle a ren<«< dus dans la dernière guerre, lui donnent les « droits les plus éminens à notre reconnaissance; << mais un motif plus puissant encore, se trouve «<< dans la nécessité de considérer la Prusse comme « le seul fondement solide de tout arrangement quelconque à établir pour la sûreté du nord « de l'Allemagne, contre les grands dangers qui pourraient le menacer. Dans une crise pareille, «< c'est à la Prusse que nous devons nous rallier. « C'est à ses forces que nous devons joindre les nôtres; et pour remplir cette tâche, il faut que <«< la monarchie prussienne soit substantielle et « solide, et douée de tous les attributs d'un état indépendant, capable de se faire respecter et d'inspirer la confiance. Quant à la question de «< la Saxe, je vous déclare que si l'incorporation « de la totalité de ce pays dans la monarchie prussienne est nécessaire pour assurer un si grand bien à l'Europe, quelque peine que j'é<< prouve personnellement à l'idée de voir une <<< aussi ancienne maison si profondément affligée, je ne saurais nourrir aucune répugnance mo

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