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gente du royaume d'Espagne; mais il n'en résulta que la publication des invectives trèsamères contre S. A. R., dans une brochure écrite par un partisan des cortès, qui prit le nom de Patriote à toute épreuve.

CHAPITRE VIII.

Retour du roi Joseph à Madrid.

PENDANT le séjour de Sa Majesté à Vitoria,

le cabinet anglais prit un ascendant qu'il n'avait pas encore eu sur l'Espagne. Le système continental ayant été adopté par Charles IV, il avait déclaré la Grande-Bretagne en un état de blocus, conforme au décret français du 17 décembre 1807. Malgré tout cela, et nonobstant la guerre engagée entre les deux nations, après la prise de quatre frégates richement chargées, et venant d'Amérique, l'amiral anglais qui se trouvait en croisière devant Cadix, écrivit le 24 mai à M. le marquis de la Solana et du Socorro, commandant-général de la côte, en lui proposant des secours pour chasser les Français.

Le marquis répondit qu'il était très-étonné de recevoir de pareils offres ; que fidèle à son gouvernement et à sa patrie, il ne devait pas répondre à de semblables propositions, et que s'il devait en faire quelques-unes de la

part

du

gouvernement anglais, il fallait qu'il s'adressât directement au cabinet de Madrid.

Il était bien évident que jamais l'amiral anglais n'aurait fait de semblables propositions; il connaissait que le grand-duc de Berg était à la tête des affaires comme lieutenant-général de l'empereur, cessionnaire de Charles IV, de Ferdinand VII et des autres princes. La populace ayant eu connaissance de la conduite du marquis, et ne sachant estimer ni apprécier sa noblesse, lui imputa le crime de trahison, et après avoir été mise en mouvement par les menées de quelques mauvais sujets, elle le massacra ignominieusement, sans qu'aucune autorité compétente fît la moindre démarche pour découvrir les auteurs d'un crime aussi barbare, quoique tout le monde les connût.

L'intrigue du cabinet anglais trouva d'autres Espagnols disposés à montrer plus d'adhésion que le marquis, pour l'accomplissement de ses vues. Il eut vraisemblablement une grande influence à la formation, ou au moins à l'existence et à l'organisation des assemblées provinciales, appelées juntes provinciales. Il donna des armes et d'autres secours aux provinces maritimes, d'après la lettre du conseil de Castille au gouverneur anglais, commandant la place de Gibraltar, datée du 22 août,

envoyée par le commandant espagnol du camp de Saint-Roch, dans laquelle il demandait (le conseil) 300 mille fusils et 30 mille paires de pistolets (1).

Les empereurs écrit et signé ensemble une lettre à Erfurth, le 12 octobre, au roi d'Angleterre, lui proposant un congrès pour la paix, le ministère anglais répondit par une note diplomatique, datée du 28 du même mois, qu'il n'était pas engagé par aucun traité solennel avec les Espagnols qui prenaient le parti de Ferdinand VII; mais que son intention était de soutenir leur cause. L'empereur de Russie répliqua qu'il n'étaient que des insurgés, perturbateurs de la paix de l'Espagne (2).

de France et de Russie ayant

Les assemblées provinciales voulaient mieux exercer la souveraineté sur leur territoire respectif, que d'obéir au conseil de Castille, dont elles ne reconnaissaient d'autre autorité que celle de prononcer sur les procès, d'après son aveu même plusieurs fois manifesté, lorsqu'il voulait se soustraire à l'accomplissement de quelques ordres donnés par le grand-duc de Berg.

(1) Moniteur du 15 décembre 1810. (2) Idem.

Tout ceci ne faisait qu'augmenter le désordre de la nation, qui, pour se soustraire à l'obéissance du chef reconnu, semblait être composée d'autant de nations qu'il y avait de provinces non soumises au roi Joseph; pendant que rien n'était innové, et où tout suivait l'ancien ordre de choses dans celles soumises puisqu'elles restaient sous l'autorité d'un souverain.

Le cahos était arrivé au plus haut degré, lorsque quelques-uns imaginèrent de créer une assemblée centrale, junte centrale, composée de membres envoyés par toutes les autres assemblées provinciales. Ce projet adopté, trentesix membres furent réunis à Aranjuez pour nommer les personnes qui devaient composer l'assemblée centrale gouvernatrice du royaume. Ils jugèrent qu'au lieu d'élire trois ou cinq membres, y compris le président, il convenaìt mieux de se nommer eux-mêmes tous réciproquement, et de former une grande assemblée de trente-six membres; ils nommèrent le comte de Florida-Blanca président, et fui accordèrent le titre d'altesse sérénissime, et celui d'excellence à tous les autres membres.

Les dispositions du comte étaient si contraires, que, lorsqu'il fut appelé à la présidence, il laissa à la municipalité de la ville de

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